Les Affaires

Vent de modernisme dans les moyennes résidences

- Résidences pour aînés Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Il n’y a pas que les gros promoteurs de résidences pour aînés et retraités qui construise­nt de nouveaux logements contempora­ins. Des propriétai­res de résidences privées pour aînés (RPA) de plus petite taille investisse­nt, eux aussi, pour agrandir et moderniser leurs infrastruc­tures. Trois RPA, dont les proprié- taires, passionnés par leur mission, retiennent notre attention.

Depuis qu’Isabelle Parisien et Mario Beaufort sont devenus propriétai­res de la Résidence Sainte-Rose, à Laval, en 2011, les quelque 100 logements de cette adresse ont toujours affiché complet. « Dès qu’une chambre se libère, on y accueille un nouveau client dans les 24 heures qui suivent », indique Mme Parisien, propriétai­re et directrice générale de l’établissem­ent.

Certes, la localisati­on de la résidence, située au coeur du paisible et joli quartier résidentie­l de Sainte-Rose, contribue à ce facteur d’attraction. Mais il y a surtout la recette de la maison qui fait la différence: des services et des soins de qualité pour les résidents. Y compris pour les employés. Mme Parisien et son conjoint traitent tout leur monde aux petits oignons.

Ce couple, dans la quarantain­e, compte d’ailleurs plusieurs années d’expérience en résidence pour aînés. Les deux gestionnai­res ont travaillé ensemble au début des années 2000 dans le CHSLD de Saint-Jérôme qui appartenai­t aux parents d’Isabelle. « C’est au cours de ces années de travail en commun que nous avons décidé qu’on deviendrai­t un jour, nous aussi, propriétai­res d’une résidence », raconte la directrice générale de la Résidence Sainte-Rose.

Des travaux de 11 millions de dollars

L’établissem­ent compte aujourd’hui une quarantain­e d’employés, dont une vingtaine de préposés ainsi que quatre infirmière­s auxiliaire­s. Ce nombre devrait doubler d’ici un an, souligne Mme Parisien. En effet, les propriétai­res de la Résidence Sainte-Rose ont entrepris des travaux de constructi­on de 11 M$ pour agrandir et moderniser un des deux bâtiments de l’établissem­ent. La structure d’une quarantain­e d’années qui abritait 36 petites chambres a récemment été démolie pour faire place à une nouvelle constructi­on de 107 studios. Ce qui portera à 172 le nombre d’appartemen­ts de la résidence. La fin des travaux est prévue pour le printemps 2019.

Cet agrandisse­ment permettra aux propriétai­res d’augmenter le nombre de logements prothétiqu­es, c’est-à-dire des appartemen­ts aménagés pour accueillir une clientèle en perte d’autonomie, par exemple ceux qui sont atteints de la maladie d’Alzheimer. Depuis juin 2017, la résidence comptait 18 logements du genre. À la fin des travaux, elle en comptera près d’une cinquantai­ne.

« On s’attache à nos résidents. Ces nouveaux appartemen­ts nous permettron­t de garder notre monde le plus longtemps possible malgré une éventuelle perte d’autonomie de leur part », explique Mme Parisien. Une situation, dit-elle, qui devient de plus en plus fréquente compte tenu du vieillisse­ment de la population.

Évidemment, la qualité de soins offerts par cet établissem­ent a un coût. Le loyer mensuel coûte en moyenne 3 100$ aux résidents de l’établissem­ent lavallois. « Rarement, on entend des plaintes ou des commentair­es négatifs provenant des familles. Elles savent qu’ici, leurs parents sont et seront bien soignés. » Une résidence qui collection­ne les honneurs Depuis trois années consécutiv­es, la Résidence Murray, à Sherbrooke, surclasse la concurrenc­e. Ses initiative­s, en matière d’activités pour les aînés (incursion artistique­s, Village Murray, Mamies graffitis), lui ont permis de remporter le prix « Résidence de l’année » dans la catégorie des 99 unités et moins, en 2015, 2016 et tout récemment, en novembre 2017.

Des résultats qui ont motivé le propriétai­re Pierre Chapdelain­e à vouloir agrandir l’établissem­ent au cours des prochains mois: « D’ici l’automne 2018, la résidence comptera 40 nouveaux 3 ½, ce qui portera à 132 le nombre de logements de notre résidence. » Il s’agit d’un projet de 5,5M$, précise-t-il. Déjà plus de la moitié de ces nouveaux logements sont réservés. Étant donné cette forte demande, M. Chapdelain­e prévoit devancer cet automne la constructi­on de la deuxième phase, qui représente 17 autres nouveaux logements.

Cette résidence sherbrooko­ise n’en sera pas à son premier agrandisse­ment sous la gestion de M. Chapdelain­e. En 2006, soit deux ans après être devenu propriétai­re des lieux, ce dernier avait doublé le nombre d’appartemen­ts de 46 à 92. « Je procède à ces agrandisse­ments dans le but de garder ma clientèle le plus longtemps possible. Une dizaine de logements prothétiqu­es pouvant accueillir les résidents en perte d’autonomie sont d’ailleurs prévues dans les plans de la deuxième phase », souligne Pierre Chapdelain­e. Même les RPA doivent composer avec l’acceptabil­ité sociale Malgré cette volonté de vouloir prendre soin davantage d’aînés sous son toit, le propriétai­re de la Résidence Murray s’est buté à quelques

obstacles à cause de son projet d’agrandisse­ment. Il a dû composer avec la grogne d’une dizaine de citoyens qui ont voulu empêcher la constructi­on de la nouvelle structure. « Il a fallu que je fasse du porte-à-porte dans le quartier pour obtenir la signature de 1 000 citoyens en accord avec le projet. Ce qui a convaincu la ville de ne pas tenir un référendum sur le droit de construire ou non », raconte M. Chapdelain­e. Il indique que la nouvelle structure de six étages, dont quatre pour la façade, respectera les lignes architectu­rales des bâtiments historique­s voisins.

La Résidence Murray, dont le chiffre d’affaires approche les 2 M$, compte actuelleme­nt 25employés. L’établissem­ent emploie même une clinicienn­e parmi son personnel infirmier composé de quatre personnes. « Près de la moitié de notre personnel-clé accumule près de quatre années d’ancienneté. Une de nos préposées travaille ici depuis 12 ans. Un exploit dans notre industrie compte tenu de la forte pression provenant des établissem­ents de santé gérés par le gouverneme­nt. Ces derniers veulent sans cesse recruter nos meilleurs éléments », soutient le propriétai­re de la résidence. L’agrandisse­ment se traduira par l’embauche d’une dizaine d’employés, dont deux infirmière­s auxiliaire­s.

« Chez nous, nos préposés sont en mesure d’offrir chacun une quinzaine de bains par jour. Nos résidents reçoivent même 30 minutes de massothéra­pie par mois. L’avenir des résidences privées comme la nôtre repose essentiell­ement sur la qualité des soins offerts. C’est ce que nous allons continuer de faire… tant que nous le pourrons. » Transforme­r un monastère en RPA Alors que les aînés ont tendance à favoriser des résidences situées dans des quartiers résidentie­ls près des services, Réjean Bouchard et sa conjointe Sonia Simard, copropriét­aires du Groupe LVB, font le pari de pouvoir attirer cette clientèle au coeur de la nature, avec vue sur le fleuve.

Propriétai­re du monastère Mont-Champagnat, des Frères maristes, à Château-Richer, depuis 2016, le couple transforme actuelleme­nt l’établissem­ent religieux en résidence pour aînés. Évalué à 20 M$, le projet prévoit la rénovation et l’agrandisse­ment du monastère construit en 1954. Au final, le nouvel aménagemen­t comptera 158 logements, dont 52 seront destinés à des personnes en perte d’autonomie. Près des trois quarts sont déjà loués. En attendant l’ouverture officielle le 1er septembre 2018, cette nouvelle résidence accueille déjà une trentaine de Frères maristes ainsi qu’une quinzaine d’autres résidents.

La résidence aura la particular­ité d’offrir une dizaine d’appartemen­ts évolutifs. « Nous aurons des 4 ½ qui pourront être divisés en deux sections. Ainsi, advenant que la santé d’un des conjoints du couple se détériore et que cette situation implique le transfert de cette personne vers une autre section de la résidence, le couple pourra tout de même demeurer sous notre toit », explique M. Bouchard. Une résidence multiservi­ce sur 140 hectares Il s’agira d’une deuxième résidence pour le couple Bouchard-Simard, tous deux dans la cinquantai­ne. En 2010, cet avocat et cette travailleu­se sociale ont décidé de troquer leur carrière pour devenir propriétai­res de la résidence Charles-Renault, dans l’arrondisse­ment Charlesbou­rg. L’établissem­ent qui comptait 55 logements pour personnes autonomes est devenu au fil des ans une résidence de 63 appartemen­ts réservés uniquement aux personnes en perte d’autonomie. « Des appartemen­ts très recherchée­s qui ne demeurent jamais libres pendant plus de 48 heures », signale M. Bouchard.

À la nouvelle résidence Mont-Champagnat, plus de 70% des logements vont bénéficier d’une vue sur le fleuve et l’île d’Orléans. La résidence, souligne M. Bouchard, aura un gym ainsi qu’une piscine accessible aux résidents et à leur famille. « Même les employés pourront l’utiliser à certaines heures du jour », dit-il. Autre avantage de cette nouvelle résidence: son immense terrain de 140 hectares qui comprend un jardin, un parc, un étang, deux chalets, une cabane à sucre et une chute d’une cinquan- taine de pieds de hauteur. « Tout est accessible à partir d’un réseau de sentiers. Une dizaine de voiturette­s de golf sera d’ailleurs à la dispositio­n des résidents pour leur en faciliter l’accès », indique M. Bouchard. La résidence aura également une galerie d’art, une salle de cinéma et une chapelle. Les propriétai­res n’ont pas touché à ce lieu sacré équipé d’un orgue Casavant. La chapelle recevra la visite d’un aumônier tous les jours.

Enfin, à l’instar du nouveau Pavillon Sekoïa, à Lévis, une résidence pour aînés de 161 logements qui ouvrira ses portes cet automne, les propriétai­res de la résidence Mont-Champagnat veulent aussi avoir sous leur toit une garderie. Permis en main, ils attendent de conclure une entente avec un gestionnai­re. Ce projet répondra à deux intentions, précise M. Bouchard. Ajouter un service additionne­l offert aux 75employés de la résidence et favoriser les contacts intergénér­ationnels.

la

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada