D’autres fermetures de résidences privées pour aînés sont à venir
Pour s’y retrouver
Les résidences privées pour aînés (RPA) qui offrent des soins, déjà visées par l’installation obligatoire de gicleurs d’ici 2020, voient leur fardeau s’alourdir à cause de la nouvelle certification des résidences privées pour aînés, entrée en vigueur le 5 avril dernier.
Le seuil de surveillance de ces résidences a été revu à la hausse. Selon leur nombre de logements, les résidences avec soins – celles qui se retrouvent maintenant dans la catégorie 4 (voir encadré) – doivent désormais embaucher un deuxième, un troisième, voire un quatrième préposé de nuit. Un employé de maintenance ou un surveillant ne suffit plus. « Ces nouveaux seuils de surveillance représentent des augmentations de coûts qui varient de 55 000 $ à 150 000 $ par année pour ces résidences de plus de 50 logements », explique Yves Desjardins, président et directeur général du Regroupement des résidences pour aînés (RQRA). « Pour ces entreprises, dont le chiffre d’affaires annuel se situe entre 1,5 et 3 millions de dollars, absorber une telle augmentation correspond à une nouvelle dépense de 4 % à 7 % de la totalité de leurs revenus. C’est énorme », dit-il.
Bien que le RQRA salue la plupart des modifications apportées à la nouvelle réglementation, cette décision reste difficile à avaler. « Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, avait lui-même mentionné en novembre 2016 que ces ajouts représentaient un coût qui n’était pas absorbable, ni par les propriétaires, ni par la clientèle », poursuit M. Desjardins.
La RQRA déplore déjà 350 fermetures de résidences depuis l’incendie de l’Isle-Verte en 2014. « Ces hausses vont entraîner d’autres fermetures d’ici les deux prochaines années. Possiblement 300 autres résidences devront fermer
leurs portes », affirme M. Desjardins. Des fermetures supplémentaires qui auront de grandes conséquences sur le bien-être des aînés, en particulier ceux qui vivent en région. Ces derniers seront contraints de déménager, voire d’être déracinés de la collectivité à laquelle ils appartiennent, tient-il à préciser.
« Déjà qu’on peine à atteindre un seuil de rentabilité acceptable avec 90 logements, ces nouvelles règles vont porter un coup dur sur la majorité des résidences en région qui en comptent moins de 99 », soutient Pierre Chapdelaine, propriétaire de la résidence Murray, à Sherbrooke. C’est justement pour assurer une meilleure rentabilité à son entreprise que ce propriétaire fait construire 40 nouveaux logements. Sa résidence en comptera 132 d’ici le 1er septembre prochain.
« Ce nouveau seuil de surveillance, poursuit-il, aura de sévères répercussions sur le coût du loyer des résidents, que l’on devra ajuster en conséquence. Le gouvernement n’a pas, non plus, ajusté les crédits d’impôts pour aînés lors du budget déposé en mars dernier », signale M. Chapde- laine. À la Résidence Murray, l’augmentation mensuelle sera d’au moins 84$ à compter du 1er janvier 2019. Cette somme représentera une hausse de loyer mensuel de 3,5% à 5,5% des prix actuels (1400$-2300$).
Néanmoins, ce ne sont pas toutes les résidences pour aînés offrant des soins qui sont touchées par le nouveau seuil de surveillance. C’est le cas, notamment, de la Résidence Sainte-Rose, à Laval, qui avait déjà le nombre requis d’employés de nuit. Cette résidence emploie déjà deux préposés ainsi qu’une personne responsable de la maintenance pour veiller sur les résidents de sa soixantaine de logements la nuit venue. Un autre préposé et une infirmière auxiliaire s’ajouteront à ce personnel de nuit lorsque la résidence comptera 172 unités au printemps 2019.
« Nous avons d’ailleurs trouvé des astuces pour optimiser la présence de ces employés la nuit. En plus de leurs tournées sur les étages, ils veillent à diverses tâches dont la buanderie, la préparation des médicaments et la mise en place des couverts à la cafétéria », indique Isabelle Parisien, propriétaire de la Résidence Sainte-Rose.
Enfin, soulignons que la nouvelle réglementation permettra aux résidences de catégorie 1, celles qui offrent des services de base, de faire appel à des bénévoles et à des résidents pour assurer la surveillance de nuit. Un assouplissement que recommandait justement le RQRA.
Facebook vend nos données personnelles aux annonceurs, ce que nous savions depuis longtemps. À présent, on découvre qu’elle les vend également aux politiciens en campagne électorale. Autrement dit, à quiconque entend influencer nos décisions.
En apprenant ça, je me suis dit: « OK, c’est pas beau, tout ça. Mais est-ce que ça marche vraiment? Quelqu’un, quelque part, est-il réellement capable de me faire acheter un cellulaire au lieu d’un autre, ou encore de me faire voter pour un candidat au lieu d’un autre? »
Alors j’ai creusé. Et ce que j’ai découvert m’a terrifié...
On n’imagine pas l’ampleur des données détenues sur nous. Facebook reconnaît en avoir 98 (âge, sexe, revenu, patrimoine immobilier, nombre d’emprunts, etc.). Acxiom, l’un des plus importants courtiers en données du monde, quelque 1500. Quant à son concurrent Cambridge Analytica, qui est au coeur du scandale Facebook, il en revendique entre 4000et 5000pour chaque électeur américain.
D’où proviennent-elles? De là où on ne l’imagine même pas: cartes de fidélité de magasins, contrats de garantie, bulletins de salaire, listes électorales, immatriculations d’entreprises, etc. C’est en les recoupant toutes que l’on parvient à dresser un portrait numérique de nous d’une précision ahurissante. « L’objectif est de cibler nos cordes sensibles, plus précisément notre “point de douleur”, celui sur lequel il suffit d’appuyer pour nous faire réagir sur commande dans un sens ou dans l’autre », explique la mathématicienne américaine Cathy O’Neil dans son livre Weapons of Math Destruction.
Alexander Nix, l’ex-DG de Cambridge Analytica, dévoile dans une vidéo comment il y parvient. Il se sert de toutes les données recueillies pour effectuer à notre place le test de personnalité Ocean et obtient notre « profil psychographique ». Ce dernier correspond à un modèle prédictif de nos traits de personnalité, qui permet de découvrir ce à quoi nous sommes sensibles et, ce faisant, les arguments qui nous feront voter pour un candidat plutôt que pour un autre.
Bref, on ne parle plus de « propagande » – ça fait tellement 20e siècle... – mais d’« approche comportementaliste de la communication persuasive avec résultats quantifiables », selon les termes de M. Nix; et donc, de « marketing politique » ! Concrètement, ça donne le « projet Alamo »... En juin 2016, Donald Trump est dési- gné candidat du Parti républicain. Son gendre Jared Kushner prend aussitôt en main la campagne électorale: « Nous nous sommes demandé dans quels États on obtiendrait le meilleur rendement de l’investissement en matière de votes, et comment faire passer le message de Trump au consommateur (sic) visé pour un coût minimal », a-t-il confié à Forbes.
Avec l’aide de Cambridge Analytica, il cerne 13,5 millions d’électeurs susceptibles d’être influencés dans les États clés. Puis, il effectue un coup de maître en recrutant Brad Parscale, un type obscur qui avait créé auparavant quelques sites web pour les Trump. Celui-ci se livre alors à des assauts de séduction d’une rare efficacité auprès des cibles choisies; le « projet Alamo » est né.
Un exemple frappant... L’équipe de Kushner a mis la main sur la vidéo d’une bourde de la candidate démocrate Hillary Clinton (elle avait déclaré en 1996 que certains Noirs étaient des « super prédateurs »). Brad Parscale l’a alors diffusée sur Facebook auprès d’un échantillon d’électeurs démocrates noirs en passant par des dark posts, des messages personnalisés qui ne peuvent être vus que par le destinataire. De quoi les faire voter républicain!
« Notre société est composée de deux sortes de gogos. Les “gogos informationnels”, qui se font manipuler par de l’information tendancieuse, voire fausse, et les “gogos psychologiques”, qui se laissent prendre par des arguments émotionnels. De nos jours, les entreprises et les politiciens qui n’exploitent pas notre crédulité sont toujours les perdants. » Qui parle ainsi? George Akerlof et Robert Shiller, deux prix « Nobel » d’économie, dans leur livre Phishing for phools.
Notre crédulité est alimentée par la puissance de nos désirs. Elle est attentive « au mauvais génie sur notre épaule qui nous glisse à l’oreille des conseils néfastes à notre intérêt à long terme », d’après eux. Ce qui fait de nous – à commencer par moi-même – des proies faciles, des perdants, des gogos qu’il est aisé d’enfirouaper.
C’est clair, le marketing politique ne travaille pas pour un monde meilleur. Bien au contraire. Il nous manipule, il nous abuse. Et c’est loin d’être terminé: devinez qui vient d’être nommé directeur de la campagne de Trump de 2020: oui, Brad Parscale.
Allons-nous finir par réagir? Je l’espère bien. Une suggestion: à l’avenir, prêtons davantage l’oreille à la raison qu’à la passion, lors de nos choix cruciaux. Ce serait un bon début, non?
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