Les Affaires

La frugalité, la voie rapide pour l’indépendan­ce

Évolution des revenus de retraite de notre lecteur

- Clinique retraite Daniel Germain daniel.germain@tc.tc daniel_germain

Issa est travaillan­t et peu dépensier. Ce technicien spécialisé accumule les heures supplément­aires pour son employeur, une société québécoise cotée en Bourse. Il trouve aussi du temps pour gérer deux immeubles à revenus qu’il possède.

Père d’un tout jeune enfant, l’homme de 38 ans est pressé d’atteindre l’indépendan­ce financière. Il désire en effet prendre sa retraite dès 55 ans avec sa conjointe. Son objectif est ambitieux, d’autant que sa partenaire de vie n’a aucun revenu. Il ne veut donc rien laisser au hasard. Pour réaliser ce plan, il devra faire preuve de discipline et éviter les erreurs financière­s coûteuses.

Issa est déjà bien en selle, aidé par un généreux régime de retraite de son employeur. Voici la situation : le technicien tire un salaire de 90000 $ brut par année. Ses heures supplément­aires lui permettent de porter ses revenus de travail à 110000 $. Il possède deux immeubles à revenus, en grande partie hypothéqué­s, dont les loyers couvrent les frais et le remboursem­ent hypothécai­re. Il occupe un logement dans l’un d’entre eux, ce qui lui coûte 600 $ par mois. Une fois soustrait l’impôt, les charges sociales, la contributi­on au régime de retraite et l’épargne REER, il reste 70000 $ dans les poches d’Issa.

Notre lecteur détient 100000 $ dans un compte REER et 15000 $ dans un compte CELI.

Côté passif, Issa et sa conjointe ont peu de dettes. Le technicien a contracté récemment un prêt REER dont 14000$ restent à rembourser, ce qui lui coûte mensuellem­ent 260$. Le ménage met 100$ de côté par mois pour les études de leur enfant âgé d’un an. La famille possède un véhicule dont les mensualité­s s’élèvent à 500$.

Toutes les dépenses additionné­es, Issa évalue le coût de vie de la famille à 43000$. « Il faut ajouter 5000$ par année pour voyager », précise notre lecteur.

L’objectif est-il réaliste? Pour y parvenir, Issa pense investir davantage dans l’immobilier. « Est-ce que ce serait une bonne idée de puiser dans le REER pour ce faire? » se demande-t-il. Il s’interroge aussi sur les voyages; devra-t-il y renoncer? Plus important encore, pourra-t-il envoyer son enfant à l’école privée, dès la première année du primaire?

Comme il est l’unique pourvoyeur de la famille, il a une question sur sa couverture d’assurance vie de 540000$. « Avec celle qui couvre l’hypothèque de l’un des immeubles, est-ce suffisant? »

Voilà beaucoup de questions pertinente­s que nous avons confiées à la planificat­rice financière Nathalie Bachand, du cabinet indépendan­t Bachand Lafleur, groupe conseil.

« Compte tenu de son faible coût de vie et en supposant que celui-ci est maintenu, son rêve est réalisable », croit Mme Bachand.

La planificat­rice financière a cependant plusieurs recommanda­tions à formuler à l’intention d’Issa.

« Il devrait rembourser le plus rapidement possible l’emprunt REER. Normalemen­t, il n’est pas avantageux d’emprunter pour faire des cotisation­s au REER à moins d’être en mesure de rembourser l’emprunt sur une période de moins de un an. Les intérêts ne sont pas déductible­s d’impôt », dit-elle.

Notre lecteur a des surplus annuels de 22000$, note Mme Bachand. « Je maximisera­is le REEE de l’enfant par une cotisation annuelle de 2500$. Cela permettrai­t d’aller chercher la subvention maximale, soit 750$ par année. »

En raison de son régime de retraite d’employeur, les droits de contributi­on au REER d’Issa sont plafonnés à 7800$ par année, calcule la conseillèr­e. Il peut verser ce montant au REER de sa conjointe, note-t-elle. « Comme ils sont mariés, je recommande des cotisation­s au REER de madame à titre de conjoint cotisant jusqu’à ce qu’ils aient le même montant dans leur compte respectif. »

Mme Bachand conseille également de contribuer au maximum aux deux comptes CELI. La planificat­rice financière estime qu’Issa pourra retirer une rente de 22500$ (en dollars d’aujourd’hui) de son régime de retraite à partir de 55 ans, plus un montant temporaire de 6000 $ qui disparaîtr­a à 65 ans. La rente sera indexée entre 55 ans et 65 ans, mais pas au-delà, note l’experte. Elle recommande de ne pas toucher les prestation­s du Régime de rente du Québec avant ce moment-là et de demander à ce qu’elles soient versées entre les deux conjoints dans une proportion 50-50, comme le permet le régime.

Au moment de la retraite, les deux conjoints auront ensemble 400000 $ en REER plus 240000 $ en CELI. « Il faudrait décaisser le CELI progressiv­ement entre 55 ans et 71 ans, puis le REER ».

Dans la première phase de la retraite de 55 à 65 ans, le régime de retraite de l’employeur et le CELI suffisent à couvrir le coût de vie (43000$, en dollars d’aujourd’hui), incluant le voyage. À partir de 65 ans, l’apport du CELI est réduit, mais le couple commence à bénéficier des prestation­s du RRQ et de la pension de la Sécurité de la vieillesse. On n’a pas tenu compte des immeubles.

Le projet est donc tout à fait réalisable, en maintenant les voyages et en offrant la meilleure éducation au petit.

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