Les Affaires

La longue quête du financemen­t

- Industrie minière Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc

Arianne Phosphate faisait face à un dilemme. Pour convaincre les institutio­ns financière­s du bien-fondé de son projet minier du Lac-à-Paul, dans la région du Saguenay–Lac-SaintJean, l’entreprise minière devait leur fournir une liste de clients. Les clients potentiels, de leur côté, voulaient s’assurer que l’entreprise avait le financemen­t nécessaire pour mener le projet à terme avant de s’engager.

« Cette danse-là a duré plus d’un an », se rappelle Jean-Sébastien David, chef des opérations d’Arianne Phosphate. Pour dénouer l’impasse, la société s’est tournée l’automne dernier vers Endeavour, une banque d’investisse­ment privée londonienn­e spécialisé­e dans les collectes de fonds et les conseils financiers pour les entreprise­s du secteur des ressources naturelles. Aller voir ailleurs « On avait cogné à plusieurs portes au Canada, et même à New York et à Boston, mais les banques d’ici ne connaissen­t pas le marché du phosphate, contrairem­ent au marché financier européen », explique M. David. Depuis, plusieurs institutio­ns financière­s et clients ont manifesté un intérêt envers le projet d’Arianne Phosphate, affirme-t-il. « Les banques nous demandent d’avoir un carnet de commandes de plus de 60 % à 70 % et nous sommes en bonne voie de l’atteindre », souligne M. David.

La société minière Corporatio­n Éléments Critiques, qui développe un projet de mine de lithium à la Baie-James, vient aussi de retenir les services d’un conseiller financier stratégiqu­e, Canaccord Genuity, pour rechercher, engager et évaluer des investisse­urs et des partenaire­s stratégiqu­es mondiaux afin de faire avancer le projet Rose jusqu’à la production. Des utilisateu­rsinvestis­seurs Pour tenter de sécuriser l’approvisio­nnement en lithium, qui pourrait se faire rare en prévision d’une forte demande de véhicules électrique­s, les utilisateu­rs comme les constructe­urs automobile­s ou encore les fabricants de cathodes et de batteries s’associent de plus en plus avec des sociétés minières pour investir dans leur projet de développem­ent. Regarder vers l’Asie C’est néanmoins un long processus, car ces utilisateu­rs « ne sont pas des opérateurs de mines et n’ont pas l’habitude d’investir directemen­t dans des projets miniers », indique Jean-Sébastien Lavallée, président du conseil et chef de la direction de Corporatio­n Éléments Critiques, qui s’est justement rendu en Asie récemment pour rencontrer des utilisateu­rs. La plupart des projets de mines de lithium en Australie et en Amérique du Sud ont en effet déjà reçu l’aval financier d’utilisateu­rs chinois. « On est sûr d’arriver à une entente avec un partenaire sous peu », affirme M. Lavallée, qui se rend aussi régulièrem­ent aux États-Unis et en Europe pour explorer ces marchés. Beaucoup de temps et d’énergie La recherche de financemen­t « demande beaucoup de temps et d’énergie, surtout dans le domaine des minéraux industriel­s », constate également Benoît Gascon, président et chef de la direction de Mason Graphite, qui travaille au développem­ent du gisement de graphite du Lac Guéret à environ 285 kilomètres au nord de Baie-Comeau, où elle installera par ailleurs son usine de traitement.

Voilà pourquoi l’industrie minière québécoise « va chercher son financemen­t partout sur la planète », confirme Josée Méthot, PDG de l’Associatio­n minière du Québec (AMQ). Mais la difficulté à obtenir un rendement rapide de l’investisse­ment nuit au développem­ent de projets au Québec. « On peut compter sur d’excellents gisements et des expertises en géologie, mais comparativ­ement à d’autres pays, les longs processus et délais pour obtenir les autorisati­ons nécessaire­s freinent l’ardeur des investisse­urs », estime Mme Méthot.

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