Production agricole : quand la réalité l’emporte sur la théorie
Il arrive que la théorie économique et la réalité se rejoignent. On sait, par exemple, que l’économie planifiée, qui repose sur le contrôle des productions et des prix, mène à des effets pervers tels que des pénuries, des inefficacités et de la non-qualité. L’échec des régimes communistes l’a bien prouvé.
À l’inverse, l’économie de marché pure, selon laquelle les décisions des producteurs et des consommateurs sont basées sur les seules forces du marché, produit des conséquences indésirables : exploitation des travailleurs, concurrence déloyale, prix abusifs, mauvaise qualité, etc.
On sait maintenant que l’intérêt général réside dans un équilibre entre le jeu des forces du marché et un encadrement avisé qui assure une protection judicieuse aussi bien des consommateurs que des travailleurs et des producteurs. Cet équilibre est toutefois difficile à obtenir. Il varie d’un pays à l’autre, selon le système politique en place, les valeurs des citoyens et leurs choix de société.
C’est ce qui explique, par exemple, que le Canada diffère des États-Unis sur beaucoup de dimensions. Le Canada est plus égalitaire sur le plan de la redistribution de la richesse, plus social-démocrate par rapport à l’intervention de l’État, plus inclusif quant à l’immigration et, en général, plus progressiste sur le plan des valeurs.
Le système de production agricole du Canada et des États-Unis fournit un bel exemple des choix de société qui ont été faits chez nous pour promouvoir l’autosuffisance agroalimentaire, assurer un revenu décent aux producteurs et fournir aux consommateurs des produits de qualité à des prix raisonnables.
Alors que le gouvernement américain subventionne massivement certaines productions agricoles, telles que le maïs et le soja, le Canada a choisi d’appuyer les producteurs agricoles de trois façons :
Le contrôle de la production dans les secteurs du lait, de la volaille et des oeufs. Il se fait par l’octroi de droits de production, établis lors de conférences nationales auxquelles participent les provinces qui, à leur tour, attribuent des quotas aux producteurs. Ces droits, de grande valeur commerciale, peuvent s’échanger entre producteurs. Malheureusement, leur prix élevé rend difficile le transfert des fermes à la relève.