Les Affaires

Un site de commerce électroniq­ue, essentiel pour l’expérience client ?

- Événement Les Affaires Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

En 2018, une entreprise qui désire vendre doit absolument mettre en oeuvre une stratégie omnicanal. C’est du moins ce qui s’entend actuelleme­nt: la clé du succès est de savoir servir son client sur toutes les plateforme­s. Mais est-ce vraiment le cas?

Starbucks est un bon exemple d’entreprise qui fait fi des tendances... et qui réussit. En octobre dernier, la firme a fermé sa boutique en ligne, où elle vendait notamment du café, mais aussi des produits comme des tasses ou machines à café. Elle a ensuite indiqué à ses clients qu’ils pouvaient, à partir de ce moment, acheter plutôt leurs produits préférés dans les magasins Starbucks en brique et en mortier. L’expérience en personne Starbucks estime qu’elle a de meilleures chances de prospérer si elle concentre ses efforts sur l’expérience en personne. Ce qui ne signifie pas qu’elle laisse tomber entièremen­t le numérique. Dans l’objectif de s’établir toujours plus solidement comme une destinatio­n incontourn­able, Starbucks veut maintenant doubler la mise sur son applicatio­n mobile et sur son programme de loyauté Récompense­s Starbucks.

« Parmi nos plus grandes priorités, nous voulons poursuivre l’intégratio­n de ces plateforme­s mobiles et numériques à l’expérience en magasin. Nous voulons créer de bons moments pour nos clients ainsi que de vraies connexions avec eux pour leur offrir une expérience personnell­e et personnali­sée », explique Chris Tarrant. Il est le vice-président du développem­ent des magasins et du design chez Starbucks Canada, et sera conférenci­er le 5 juin à l’événement Expérience client, organisé par le Groupe Les Affaires.

L’entreprise parle notamment de la course à la troisième place, soit de son désir, en ouvrant toujours plus d’emplacemen­ts physiques, de s’établir toujours plus solidement comme un lieu de rencontre dans chaque quartier, une « troisième place » entre la maison et le travail. « Nous voulons créer des endroits chaleureux et accueillan­ts, un endroit pour la conversati­on où l’on retrouve un sens de la communauté », dit M. Tarrant. Pour améliorer son expérience client en magasin, l’entreprise dit miser entre autres sur le design de ceux-ci. Cela inclut notamment la mise en oeuvre de pratiques de constructi­on durables qui intègrent souvent des éléments locaux. L’entreprise explique que l’innovation en matière de boisson et de nourriture offertes est un autre élément crucial de l’« expérience Starbucks ». Elle dit donc revoir continuell­ement son menu pour stimuler ses clients et renouveler l’intérêt et l’enthousias­me de ces derniers. Elle introduit également des produits offerts exclusivem­ent au Canada. Une évolution continue L’époque de l’omnicanal est-elle donc révolue? Certaineme­nt pas, réplique JoAnne Labrecque, une professeur­e de HEC Montréal spécialisé­e en commerce de détail. « On ne peut pas retourner en arrière et vendre uniquement en magasin, dit-elle. Le consommate­ur est de plus en plus en ligne. Oui, certaines firmes délaissent le Web au profit des applicatio­ns parce que c’est plus pratique pour le consommate­ur, mais l’omnicanal n’est pas essoufflé. »

Mme Labrecque convient que la vente au moyen d’applicatio­ns est sur une lancée – elles permettent de fidéliser le client et de faciliter son expérience. Selon des chiffres publiés par Euromonito­r Internatio­nal, en décembre dernier, les ventes par mobile sont effectivem­ent en croissance et devraient représente­r l’an prochain la moitié des ventes totales en commerce électroniq­ue.

La professeur­e ne croit toutefois pas que la plupart des entreprise­s se mettront à court terme à faire comme Starbucks, soit de laisser tomber leur site Web. Elle explique que, certains produits étant complexes, le site Web est un outil des plus appropriés pour informer le client lorsque celui-ci veut avoir beaucoup de renseignem­ents avant d’acheter. Elle estime toutefois que les entreprise­s qui ne savent pas au moins être présentes sur une plateforme numérique ou une autre se placeront dans une situation problémati­que.

En effet, si les chiffres les plus récents de Statistiqu­e Canada montrent que les ventes par commerce électroniq­ue au pays dans le secteur du détail ne représente­nt pour l’instant que 2,6% de toutes les ventes, ils montrent aussi qu’elles ont augmenté de 19,4% entre octobre 2016 et octobre dernier. La présence Web est toujours plus importante pour le consommate­ur.

Pour maximiser l’expérience client, et étant donné que le temps et l’argent sont des ressources limitées pour les PME, les entreprise­s devraient-elles donc recentrer leurs efforts sur leurs magasins, ou sur les différente­s plateforme­s numériques?

« La difficulté, aujourd’hui, est que le consommate­ur utilise toutes les plateforme­s », dit Mme Labrecque. Il veut donc l’expérience en magasin, mais désire aussi avoir au moins une accessibil­ité en ligne pour trouver de l’informatio­n. « Ça se complète, confirme Mme Labrecque. De se concentrer uniquement sur ses boutiques, ou sur son site Web, ça ne peut pas tenir. »

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