Dossier Les grands de la comptabilité
Rang 2018 Nom de l’entreprise
partie de la diversification de l’offre de services. Nous servons beaucoup d’entreprises familiales reprises par une nouvelle génération. Les dirigeants sont dynamiques et nous devons les accompagner avec des conseils en gestion dans leurs projets de croissance. »
Plus gros, mais plus agile
Reste que le gros de la croissance se fait au sommet de la pyramide. Les 25 plus grands cabinets comptables du Québec emploient cette année 12037 personnes, en hausse de 989 personnes, comparativement à l’année dernière (+9%). À lui seul, RCGT a embauché plus d’un cinquième de ces nouveaux employés. Ces 213 nouveaux travailleurs représentent une hausse de 9,15% pour le cabinet. Deloitte (+ 309), KPMG (+ 106), PwC (+ 100) et EY (+ 92) complètent le top cinq. En pourcentage, parmi les dix plus grands cabinets, KPMG arrive en tête (+ 14,2%), suivi de Deloitte (+ 13,39%), Richter (+ 11,4%), EY (+ 10,72%) et Mallette (+10,18%). Des croissances solides.
« Au cours des dernières années, nous avons modifié notre gouvernance pour être plus agiles, rappelle Emilio B. Imbriglio, président et chef de la direction de RCGT, dont la firme célèbre ses 70 ans. Nous avons diminué de moitié le nombre de membres du conseil des associés et du comité de gestion. Cela nous a permis de prendre des décisions beaucoup plus rapidement qu’avant et d’amener l’ensemble de l’entreprise à les endosser. »
Cette mesure a facilité la diversification de l’offre de service et de l’innovation, tant sur le plan de l’administration interne que de la livraison des services. Questionné à ce sujet, M. Imbriglio ne manque pas d’exemples. Il cite notamment l’intégration d’Auray Capital, spécialisé dans le programme d’immigrants investisseurs, la création, à Montréal, en 2017, de Catallaxy, un centre d’expertise blockchain, ou encore les services en infonuagique Operi et Imp. S’ajoutent à cela de nombreuses acquisitions telles Acolyte, une firme de vente d’entreprises, et Lemay Stratégies, spécialiste du service-conseil en développement régional, tourisme, arts, culture, sports et loisirs.
RCGT entend d’ailleurs continuer d’avoir une présence forte en région, comme le montrent les acquisitions récentes des cabinets Jacques Dubé CA inc., à Baie-Comeau, et de Richard Dubreuil CPA inc., dans la Côte-du-Sud, ou les nouveaux locaux modernes à Val-d’Or et à Chicoutimi. « Un avantage concurrentiel, c’est quelque chose qui différencie votre entreprise et coûterait trop cher à vos concurrents à reproduire, explique M. Imbriglio. C’est exactement ce que nous avons avec nos 109 places d’affaires partout au Québec. À part Deloitte, les autres cabinets ont rarement plus de cinq bureaux au Québec. C’est un grand avantage pour nous. »
Riche de ses talents
Du côté de Richter, qui a connu la quatrième plus forte augmentation de sa main-d’oeuvre en pourcentage depuis l’an dernier et la troisième parmi les grands cabinets, la croissance est surtout organique. « Nous misons sur notre personnel et sur le développement des talents à l’interne, explique l’associée Stéphanie Lincourt. D’ailleurs, neuf de nos nouveaux associés depuis deux ans ont été formés chez nous. »
Bien sûr, l’audit et la fiscalité demeurent générateurs de croissance chez Richter. Les évolutions technologiques créent toutefois aussi de nouveaux besoins chez les clients, notamment en matière de cybersécurité. « Nous promouvons agressivement les services de notre division cybersécurité, ajoute Mme Lincourt. Il s’agit aussi de sensibiliser nos clients quant à la nature des cyberrisques, aux dangers qu’ils font courir aux entreprises et aux meilleures manières de s’en prémunir. »
Richter ne fait pas que lutter contre les risques de la technologie, elle mise aussi sur les nombreux avantages qu’elle peut apporter à son cabinet. Le site web est en pleine refonte et l’information y sera bientôt organisée en fonction des différents besoins des entrepreneurs. Ces derniers pourront ainsi facilement trouver l’information et l’offre de service liées à des défis tels le transfert d’entreprise, la croissance, la restructuration, etc.
À l’automne 2018, le cabinet lancera l’App Richter à un premier segment de sa clientèle, avant d’en faire le lancement général au début 2019. Elle intégrera l’ensemble des renseignements financiers d’entreprises et personnels des clients et réunira en un endroit les communications avec leurs professionnels (avocats, banquiers, comptables, etc.). « C’est assez révolutionnaire dans la manière de livrer l’information aux clients », avance Mme Lincourt.
Des cabinets voraces
Le marché n’est pas non plus exempt de défis. « Il se consolide beaucoup, note Robert St-Aubin, associé directeur du cabinet Demers Beaulne. Il y a beaucoup de fusions de cabinets et les grandes firmes veulent accaparer le marché des PME. La croissance organique des gros joueurs se fait surtout dans les pays émergents. Au Québec, leur source de croissance, c’est plutôt l’acquisitionde cabinets. »
Or, la PME est en plein la clientèle d’un cabinet comme Demers Beaulne. L’associé directeur continue de croire qu’une firme de la taille de la sienne (160 employés) est la mieux placée pour servir les PME, car elle est plus agile, elle entretient une relation de proximité avec ces entrepreneurs et fournit des solutions personnalisées. Les grands cabinets seraient plus à leurs avantages en servant de grandes entreprises. Qui se ressemble s’assemble, en quelque sorte.
M. St-Aubin n’est cependant pas fermé non plus à l’idée de voir Demers Beaulne sauter dans le train des acquisitions. « C’est possible, surtout en raison du coût croissant de la technologie, dit-il. Ce sont des coûts fixes, alors augmenter notre masse critique peut aider à alléger ce poids. »
la La bonne vieille tarification à l’heure existe toujours dans les cabinets comptables, mais elle n’est plus qu’une forme de facturation parmi d’autres. À mesure que ces firmes élargissent leur gamme de services, les modes de revenus se transforment.
« Traditionnellement, la tarification se faisait à l’heure, mais depuis plusieurs années déjà, nous réalisons certains états financiers en échange d’un montant forfaitaire, notamment dans le cadre d’offres de service de municipalités, de commissions scolaires, d’hôpitaux, etc. », explique Mario Bédard, associé et président du conseil d’administration provincial de Mallette.
Rien de nouveau sous le soleil du côté des modes de revenu, donc ? Au contraire. Les grands cabinets ont élargi leur gamme de services et sont de plus en plus des conseillers d’affaires. M. Bédard donne l’exemple de l’accompagnement dans l’achat ou la vente d’entreprise ou la recherche de crédits d’impôt ou de subventions de R et D. Pour certains de ces mandats, la facturation ne sera pas fonction du nombre d’heures travaillées, mais de la réussite du projet. Le revenu peut alors provenir d’une commission équivalant à un certain pourcentage du montant tiré de la transaction ou encore d’un mélange de montant forfaitaire et de commission.
« Ce qui est encore plus nouveau, c’est d’offrir à un client de l’accompagner tout au long de l’année, du côté de la stratégie d’affaires, de la tenue de livres, des états financiers mensuels, en échange d’un paiement mensuel fixe, confie M. Bédard. Le client peut budgétiser facilement ces montants et c’est aussi plus simple à administrer pour nous. »
Bien sûr, ces ententes sont révisées annuellement. Si le cabinet estime avoir sous-évalué la somme de travail requise par un client, il ajustera le prix en conséquence pour l’année suivante. M. Bédard soutient que les nouvelles technologies, qui