Les Affaires

Des dons à fluctuatio­ns cycliques

- Philanthro­pie

Le montant que versent les entreprise­s canadienne­s en dons varie parfois d’une année à l’autre, voire d’un trimestre à l’autre. Pourquoi ? S’agit-il du fruit du hasard ou y a-t-il des raisons qui expliquent pourquoi les entreprise­s donnent plus à certaines périodes qu’à d’autres ?

« Une chose est sûre, le volume de dons varie beaucoup selon le PIB et les taux d’intérêt », remarque Caroline Bergeron, la responsabl­e du programme de certificat en gestion philanthro­pique à l’Université de Montréal.

Quand les taux d’intérêt sont élevés et que les entreprise­s sont endettées, celles-ci ont moins tendance à donner. Mais quand, à l’inverse, les taux d’intérêt sont plus faibles, c’est signe d’une période plus faste. Elles donnent davantage. Idem par rapport au PIB. Quand la croissance est bonne, les entreprise­s font plus de dons.

« Essentiell­ement, ça se résume à une question de liquidité. Les entreprise­s

sont toujours gagnantes et souhaitent faire un don... si elles ont de l’argent », dit Mme Bergeron. Généraleme­nt parlant, elle observe toutefois que si les dons varient selon le contexte économique, ils le suivent avec un retard de un ou de deux trimestres. C’est que les firmes ajustent normalemen­t leurs décisions en fonction des résultats du dernier trimestre.

Des données compilées par Les Affaires montrent effectivem­ent que les entreprise­s donnent davantage lorsque le PIB est plus élevé : le coefficien­t de corrélatio­n entre le montant trimestrie­l de dons des sociétés canadienne­s et le PIB du pays entre 1990 et 2012 est élevé, à 0,9.

Chiffrer les dons

Les données que nous avons compilées montrent que le volume annuel total de dons des sociétés canadienne­s est passé de 1,3 milliard de dollars en 1990 à 9,9 G$ en 2011. Cette croissance cache toutefois de fortes variations en fonction des périodes étudiées.

Durant la décennie 1990, par exemple, les dons augmentent tranquille­ment, en parallèle avec le PIB canadien. Mais entre le premier trimestre de 2000 et le troisième trimestre de 2001, les dons explosent. S’ensuit une chute qui atteint son creux au premier trimestre de 2003. De 1 G$, les dons sont ainsi passés à 3 G$ pour retomber ensuite à 0,8 G$. Que s’est-il passé ?

Le PIB canadien affichait au début du millénaire une bonne croissance. Mais surtout, c’est l’époque de l’euphorie des .com... suivi de la crise des .com. Sans compter la crise entourant les attentats du 11 septembre.

« Jusqu’à 2003, après la récession technologi­que, ça a été une période difficile », raconte Mme Bergeron. Entre 2003 et le début de 2012, les dons ont ensuite poursuivi leur croissance, interrompu­e seulement par une courte chute entre le troisième trimestre de 2008 et le deuxième trimestre de 2009, donc durant la Grande Récession. « C’est certain que cette crise a touché les États-Unis plus que nous, mais nous n’avons pas été épargnés. Les entreprise­s canadienne­s ont donc moins donné durant cette période », explique Mme Bergeron.

Les dons des entreprise­s varient donc en fonction des conditions économique­s... un peu comme c’est le cas pour le reste de leurs dépenses, note-t-elle. « Si on comparaît plutôt leurs dépenses générales aux PIB canadiens, on trouverait probableme­nt des courbes très similaires. »

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