Le bitcoin est trop risqué
Le bitcoin, tout comme un billet de 50 $, n’est pas conçu pour être un investissement. La raison de détenir un billet de 50 $ dans son portefeuille, c’est de pouvoir l’utiliser pour acheter quelque chose d’autre dans le futur. Idem pour le bitcoin; il a été créé pour servir de monnaie d’échange.
Cela est très différent d’un investissement en action dans une entreprise. La valeur fondamentale d’une action est un point d’ancrage pour établir le prix de l’action en Bourse. Par exemple, si une entreprise peut verser un dividende annuel et stable de 1 $ l’action, sa valeur fondamentale sera normalement supérieure à 10 $ l’action. Et même si le titre est boudé en Bourse et que le prix chute sous les 10 $, il restera intéressant de l’acheter à 10 $ et de le conserver. Le dividende annuel de 1 $ à lui seul sera suffisant pour vous dégager un rendement annuel de 10 %. Ça, c’est de l’investissement.
Le bitcoin ne versera jamais de dividende en dollars et sa valeur fondamentale est de zéro.
Pourquoi le bitcoin a-t-il atteint 20 000 $ en décembre 2017, dans ce cas ? Simplement parce que beaucoup d’acheteurs ont poussé le prix à la hausse. Et plus le prix augmentait, plus de nouveaux acheteurs entraient. Les nouveaux achetaient avec la seule perspective qu’à l’avenir, d’autres acheteurs achèteraient à un prix encore plus élevé. Cette perspective poussait le prix encore plus haut sans raison fondamentale. La baisse de la demande depuis janvier a beau avoir fait chuter le prix à moins de 9 000 $ au moment d’écrire ces lignes, on ne peut toujours pas dire qu’il est sous sa valeur fondamentale puisque sa valeur fondamentale est de 0 $.
Dans ce contexte, est-ce réaliste de croire au bitcoin à long terme ? On l’a évalué comme un « investissement », pour répondre à la question; il nous reste à l’évaluer pour sa raison d’être : une monnaie d’échange. Si le bitcoin remplit bien toutes les caractéristiques d’une monnaie, son prix dépassera certainement les 20 000 $, surtout que l’offre de bitcoin est limitée. Il y aura toujours moins de 21 millions de bitcoins en circulation. Passons en revue les principales caractéristiques qui font qu’une monnaie est largement utilisée. 1. De faibles frais de transaction Plusieurs avancent qu’un des avantages du bitcoin est de permettre des transactions internationales à peu de frais. C’était vrai, mais l’avenir est moins prometteur. D’une part, les banques offrent des comptes en dollars américains dans plusieurs pays et il devient de moins en moins coûteux de transférer des sommes d’un pays à l’autre. D’autre part, et plus important encore, le coût pour miner des bitcoins augmente de plus en plus et, en retour, les mineurs reçoivent de moins en moins de bitcoins. On peut prévoir qu’ils exigeront des frais pour valider les transactions à l’avenir, et que ces frais iront en augmentant. 2. Rapidité des transactions Il faut un minimum de 10 minutes pour qu’une transaction en bitcoin soit validée. Votre carte bancaire est beaucoup plus rapide. D’autres cryptomonnaies confirment aujourd’hui plus rapidement les transactions. 3. Confidentialité des transactions À ce jour, une transaction de bitcoin est pratiquement anonyme puisqu’il est virtuellement impossible pour le gouvernement (et en particulier le ministère du Revenu) de savoir à qui appartient un compte. C’est pour cette raison qu’il est populaire surtout auprès des organisations illégales ou chez ceux qui tentent d’éviter les impôts. Si l’anonymat des propriétaires des comptes est préservé, c’est un facteur très important qui soutiendra le prix du bitcoin, mais pour les mauvaises raisons. 4. Capacité d’emprunter en bitcoin Une monnaie digne de ce nom doit permettre l’emprunt et le remboursement. Comme on le fait pour l’hypothèque d’une maison. Présentement, le système légal ne permet pas à un prêteur d’exiger d’être remboursé en bitcoin. De plus, du côté de l’emprunteur, il serait extrêmement téméraire d’emprunter quand on sait que le prix du bitcoin peut augmenter de 30 % dans la semaine. Une hausse de 30 % ferait augmenter notre dette de 30 %. Ouf ! 5. Possibilité de stabiliser sa valeur Évidemment, si des dirigeants de banque centrale ou des politiciens sont irresponsables, ils peuvent faire chuter la valeur de leur monnaie. C’est ce qui est arrivé au Venezuela, le bolivar ayant chuté de 98 % depuis 2008. Pour les habitants du Venezuela, le bitcoin est une monnaie hautement préférable au bolivar. Pas de doute. Toutefois, les banques centrales du Canada, des États-Unis ou de l’Europe sont très rigoureuses et leur premier objectif est d’assurer la stabilité de la monnaie. Il sera presque impossible d’assurer la stabilité du bitcoin puisqu’il est soumis à la pure volatilité de la demande et qu’aucun organisme n’a le mandat de le stabiliser. 6. Sécurité de mon portefeuille bitcoin C’est un avantage du bitcoin. On peut vous voler le 50 $ de votre portefeuille et vous en perdrez la trace. C’est impossible avec le bitcoin, puisque le système de validation des transactions confirme celles de tous les portefeuilles. Il sera toujours possible de savoir dans quel portefeuille est passée votre unité. En revanche, si vous perdez votre code secret, il devient impossible d’avoir accès à vos bitcoins. Alors qu’avec votre banque, si vous perdez votre numéro de compte ou votre mot de passe, il est toujours possible de récupérer vos dollars. 7. Bonne posture devant la concurrence Le bitcoin a mis en place une nouvelle technologie pour valider les transactions de façon très sécuritaire. Cette réalité a bien servi sa popularité, le bitcoin représentant à lui seul plus de 40 % de la valeur des quelque 1 500 cryptomonnaies qui existent dans le monde. Plusieurs avancent que le bitcoin ayant été le premier à mettre en place une telle technologie sécuritaire profite de l’avantage d’être le pionnier. Dans le domaine des cryptomonnaies, ce n’est pas évident à long terme. En fait, plusieurs de celles qui sont apparues plus tard ont des technologies tout aussi sécuritaires et ont l’avantage d’être encore plus efficaces ou moins coûteuses à gérer. Et si une banque centrale solide comme celle des États-Unis ou de l’Europe décidait de mettre un jour en place une cryptomonnaie avec une technologie améliorée, qu’adviendrait-il du bitcoin ? Le risque est qu’il devienne marginalisé à long terme. En conclusion Il est très difficile de se convaincre que le bitcoin pourra jouer un rôle de monnaie à long terme. Sa technologie a certes permis une avancée dans la sécurité des transactions, mais, à ce jour, il est déjà possible d’avoir recours à de nouvelles et de meilleures technologies. Sans une banque centrale pour stabiliser son prix, il lui sera presque impossible de devenir une monnaie largement utilisée. À long terme, son rôle de monnaie sera surtout soutenu par le marché noir, lequel a besoin de l’anonymat, pour éviter les lois et l’impôt. Pour cette seule (et mauvaise) raison, le bitcoin ne disparaîtra pas.
Comme investissement, je crois que le bitcoin affiche trop de risque pour le rendement potentiel offert et aura une fin décevante. Impossible toutefois de savoir dans combien de temps.
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ressaisis. Les parents de deux jeunes enfants se sont alors demandé s’ils pouvaient se libérer de l’obligation de travailler à 58 ans en épargnant cet argent.
Ce qui caractérise ce cas est l’écart important de revenu entre les deux conjoints. Elle occupe un poste de gestionnaire dans la fonction publique. Elle gagne un salaire brut de 118000$ et bénéficie d’un régime de retraite à prestations déterminées. Quant à Luc, son poste de cadre dans une entreprise manufacturière lui vaut un salaire de 66000$. Pour seul régime de retraite, son employeur offre un REER collectif auquel il ne contribue pas. « Est-ce que mon conjoint pourra prendre sa retraite en même temps que moi en ayant une épargne REER de 9000$ par année? » se demande Isabelle. « Étant donné mon régime de retraite, devrais-je privilégier le REER, le CELI ou encore le REEE des enfants? » poursuit-elle.
Karine Turcotte, gestionnaire de portefeuille au cabinet Medici, a reçu la mission de répondre aux préoccupations d’Isabelle. À la première question de notre lectrice, Mme Turcotte répond par une question : « Voulez-vous un plan conjoint ? »
« Oui et non », répond Isabelle. Celle-ci veut d’abord savoir si son conjoint peut suivre son rythme sans son aide. Faisons le tour des avoirs du couple marié. Il détient des actifs financiers de 97000$ qui se répartissent ainsi: 35000$ dans le REER d’Isabelle, 38000$ dans celui de Luc, 13000$ dans un REEE commun et 11000$ en fonds d’urgence. La résidence est évaluée à 325000$, libre d’hypothèque. La valeur nette du ménage s’élève donc à 422000$. Les dépenses du couple sont de 85000$ par année, réparties 50-50. Des rénovations de la maison sont prévues en 2018; elles seront financées par une hypothèque et le fonds d’urgence.
Mise en commun des ressources
Luc ne pourra pas prendre sa retraite à 58 ans en s’appuyant sur ses seules ressources, constate rapidement Karine Turcotte. « Il ne peut pas suivre sa conjointe, dont la capacité d’épargne est plus grande et qui bénéficie d’un généreux régime de retraite. Il aura épuisé son capital à 69 ans tandis qu’Isabelle pourra épargner encore, même à la retraite. » Elle remarque qu’il serait plus facile pour Luc d’épargner si les dépenses du couple étaient réparties au prorata des revenus.
Le seul plan qui fonctionne pour que le couple puisse se retirer à 58 ans suppose la mise en commun des ressources. Autrement dit, Isabelle devra financer en partie la retraite de Luc. « Cela permettrait de maintenir le niveau de vie actuel jusqu’à l’âge de 97 ans », calcule Karine Turcotte. Ses estimations sont fondées sur les rendements actuels du portefeuille d’Isabelle, soit 3,2% net de frais.
« Le plan pourrait souffrir d’une mauvaise séquence de rendement ou d’un autre événement qui pourrait accélérer l’épuisement du capital. La marge de manoeuvre pourrait être insuffisante », dit la conseillère. Mme Turcotte relève que le portefeuille d’Isabelle est principalement composé de fonds distincts. « Ce type de produit coûte en moyenne 3,15% en frais de gestion par année. » Il offre une forme de garantie du capital dont n’a pas besoin Isabelle. Les fonds communs coûtent moins cher, et les fonds négociés en Bourse sont moins chers encore. Une révision des produits d’investissement pourrait suffire à obtenir la marge de manoeuvre supplémentaire. Le couple pourrait aussi envisager une réduction du coût de vie à un certain âge, par exemple à 80 ans. Le report de la retraite est une autre solution. Mme Turcotte fait remarquer que la vente de la maison durant la retraite fait également partie des options.
REER, CELI ou REEE?
À la deuxième question d’Isabelle (faut-il privilégier le REER, le CELI ou le REEE?), la conseillère rappelle que les parents devraient favoriser d’abord le REEE en raison des subventions des gouvernements. Le salaire d’Isabelle fait en sorte que le taux d’imposition sur ses dernières tranches de revenus gagnés est élevé. Il est plus avantageux d’opter pour le REER avant le CELI. Mme Turcotte souligne qu’Isabelle pourra réduire son taux d’imposition à la retraite en fractionnant le revenu de son régime de retraite d’employeur. Une autre manière d’optimiser le fractionnement de revenu consisterait pour Isabelle à contribuer au « REER du conjoint ».
« Cette façon de faire lui permettra de bénéficier d’un plus gros capital à la retraite (58 ans) et de décaisser celui-ci à un taux d’imposition moindre à partir de ce moment. La priorité devra être ensuite accordée au CELI. »
Dans tous les cas, le couple doit surtout veiller à améliorer la performance de leurs placements. « Ils consacrent des efforts pour épargner, mais ils n’en sont pas récompensés par leurs rendements », constate Mme Turcotte.