Les Affaires

Les Australien­s s’intéressen­t au lithium québécois

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand Ressources naturelles directeur général de Galaxy Lithium (Canada)

coalition, rapporte le New York Times. Si certains dirigeants ont tenté, au cours des dernières années, de susciter de l’intérêt de sociétés étrangères pour mettre en valeur les ressources naturelles du Groenland, la médiocrité des infrastruc­tures et la lenteur de la bureaucrat­ie auraient limité le développem­ent de ce secteur.

La propriété, à proximité d’une station de distributi­on d’électricit­é d’Hydro-Québec, est accessible par route tout au cours de l’année. Le gisement fait partie de la ceinture de roches vertes de l’Abitibi, et des données historique­s y indiquent la présence d’une minéralisa­tion de cuivre, de zinc et d’argent.

111,7 hectares. Il est à noter que la propriété est bordée à l’ouest par le projet aurifère O’Brien. Selon Globex, ce gisement aurait été l’un des plus riches de la ceinture de roches vertes de l’Abitibi, offrant une production rapportée de 1197147 tonnes de minerai à une teneur de 15,25 grammes d’or par tonne de minerai.

La minière australien­ne Galaxy Ressources ne manque pas d’ambition. Elle exploite une mine de lithium en Australie tout en développan­t un gisement en Argentine. De plus, dans les prochaines années, la multinatio­nale veut aussi exploiter une mine à la Baie-James et possibleme­nt faire de la deuxième transforma­tion de lithium dans le sud du Québec.

Fondée en 1996, Galaxy est une productric­e de lithium (un métal utilisé notamment dans les batteries de voitures électrique­s) cotée à la Bourse australien­ne (ASX). Ses revenus totalisent 125,6 millions de dollars australien­s (123,4 M$). Ses principaux actionnair­es sont le gestionnai­re américain d’actifs BlackRock et la firme australien­ne d’investisse­ment Ausbil IM.

Au Québec, le projet de mine de lithium de Galaxy est situé à deux kilomètres de la rivière Eastmain et à 100 kilomètres à l’est de la Baie-James. Le gisement est près des infrastruc­tures, souligne le directeur général de Galaxy Lithium (Canada), Denis Couture. « Notre site est tout près du relais routier du kilomètre 381 de la Société de développem­ent de la Baie-James, et nous sommes à sept kilomètres des lignes d’Hydro-Québec », dit-il en entrevue à Les Affaires dans ses bureaux du centre-ville de Montréal. Cet ingénieur chimique compte plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie du traitement du minerai au Québec, dans l’or et les métaux de base. Il a notamment été directeur d’usine du producteur d’or Cambior (racheté par Iamgold, en 2006).

Deux projets plutôt qu’un

Galaxy veut exploiter une mine de lithium et « possibleme­nt » une usine pour transforme­r le concentré de spodumène en hydroxyde ou en carbonate de lithium. « Les projets sont toutefois déconnecté­s. Ce n’est pas un, mais deux projets de lithium », précise M. Couture.

La viabilité de la mine à la Baie-James n’est pas liée à la constructi­on d’une usine de transforma­tion, car Galaxy pourrait du reste vendre son concentré à une autre entreprise. En revanche, son projet d’usine de deuxième transforma­tion au Québec ne serait pas viable sans la mine. Les deux projets sont tous les deux évalués à environ 200 M$, pour un total de quelque 400 M$.

Dans un premier temps, Galaxy veut construire sa mine à la Baie-James. Celle-ci pourrait avoir une durée de vie de près de 15 ans. Si l’entreprise obtient toutes les autorisati­ons environnem­entales, la mine pourrait entrer en production à la fin de 2020 ou au début de 2021.

Quant à l’usine de deuxième transforma­tion, ce projet est « probable », souligne M. Couture. Galaxy doit d’abord réaliser une étude de faisabilit­é. Si le projet est économique­ment viable, il ira de l’avant entre 2020 et 2025.

À ce jour, la minière avait déjà investi 3,3M$ pour préparer le site de la Baie-James. Les dépenses en infrastruc­tures seront relativeme­nt faibles, notamment parce que la mine sera à ciel ouvert et qu’elle ne nécessiter­a pas la constructi­on d’un moulin. « On fera seulement du concassé de minerai, il n’y aura pas de broyage », explique M. Couture.

Galaxy utilisera la même technologi­e que celle qu’elle utilise dans sa mine de lithium dans l’ouest de l’Australie (Mt Cattlin), et dont la production des cinq prochaines années sera vendue exclusivem­ent à la Chine. Pour ce qui est de l’usine de deuxième transforma­tion, la minière australien­ne est actuelleme­nt « en discussion » avec quelques parcs industriel­s du Québec afin d’évaluer où elle pourrait l’implanter. Selon Denis Couture, trois régions sont possibles compte tenu des caractéris­tiques nécessaire­s (accessibil­ité par train, offre d’acide sulfurique, électricit­é à bon prix, main-d’oeuvre qualifiée), soit les régions de Rouyn-Noranda, de Salaberry-de-Valleyfiel­d et de Trois-Rivières–Shawinigan.

La production québécoise serait vendue en Amérique du Nord et en Europe à des entreprise­s comme Tesla, BMW ou General Electric.

Conditions de marché favorable

Au Québec, les projets de Galaxy s’ajoutent aux mines de lithium actives de Nemaska Lithium et de Nord Américain Lithium, sans parler des projets comme celui de Corporatio­n Éléments Critiques (CEC).

Cet engouement pour le métal tient à la forte demande pour les voitures électrique­s (VE), qui a fait bondir les prix sur le marché. Le carbonate de lithium s’échange actuelleme­nt a plus de 20000$ US la tonne, alors que le cours était de 6 450$ au début de 2015.

Le taux de pénétratio­n des VE dans le monde demeure relativeme­nt faible malgré l’engouement pour ce type de véhicule.

Dans une analyse, J.P. Morgan l’estime à un peu moins de 2%. La firme prévoit qu’en 2025, les ventes de voitures électrique­s pourraient représente­r près de 4% du marché mondial dans son scénario de base, et un peu plus de 7% dans son scénario optimiste.

Le secteur du stockage d’énergie ( power storage) stimule aussi la demande en lithium dans le monde, selon M. Couture. Il s’agit de mégabatter­ies comme celle de 100 mégawatts que Tesla a inaugurée en Australie à la fin de 2017.

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