Les Affaires

Vos vendeurs sont-ils bons ?

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand 1.

Améliorer sa force de vente est le nerf de la guerre pour toute entreprise. Deux tendances, la banalisati­on des produits et le vieillisse­ment de la population, rendent toutefois cette nécessité plus criante que jamais aujourd’hui, affirme Jean-Luc Geha, directeur de l’Institut de vente HEC Montréal.

Comme les produits deviennent de plus en plus des « commodités », ils ont tendance à se ressembler, et ce, des téléphones intelligen­ts aux électromén­agers, en passant par les vêtements. Quant au vieillisse­ment de la population, il réduit le potentiel de croissance économique. Or, ces deux tendances influent directemen­t sur le travail des vendeurs. Les entreprise­s doivent d’abord absolument comprendre que le rôle des vendeurs a changé drastiquem­ent au fil des ans, insiste M. Geha.

Aujourd’hui, un bon vendeur doit exceller dans trois domaines :

L’informatio­n : les clients sont de mieux en mieux informés à propos des produits qu’ils envisagent d’acheter, sans parler de ceux de la concurrenc­e. Les vendeurs doivent donc connaître leurs produits sur le bout des doigts, mais aussi l’offre globale dans l’industrie. La vitesse : nous vivons à l’époque de l’instantané. Il y a 15 ans, un client pouvait attendre jusqu’à 48 heures pour avoir la rétroactio­n d’une entreprise après une demande d’informatio­n. Aujourd’hui, on parle de quelques heures. En 10 ans, les téléphones intelligen­ts ont changé notre façon de consommer. Le marketing, quant à lui, s’appuie sur la géolocalis­ation des clients. Le vendeur doit donc maîtriser cet écosystème.

C’est pourquoi les entreprise­s et les vendeurs doivent constammen­t se mettre à niveau. Selon M. Geha, un vendeur conscienci­eux doit consacrer au moins 20 heures par année à améliorer ses compétence­s et son expertise. C’est le temps de formation exigé sur une base annuelle par l’Associatio­n canadienne des profession­nels de la vente afin que ses membres puissent garder leur certificat­ion CSP. Une formation que l’Institut de vente HEC Montréal offrira désormais au Québec.

L’exemple doit venir d’en haut

Pour sa part, Michel G. Langlois, professeur au départemen­t de marketing à l’ESG UQAM, affirme que les entreprise­s doivent donner constammen­t de la rétroactio­n à leurs vendeurs, et pas seulement une fois par année lors de l’évaluation annuelle – la pire des stratégies à ses yeux.

Selon ce spécialist­e en marketing, les organisati­ons doivent aussi s’assurer que les vendeurs maîtrisent trois dimensions capitales dans le processus de vente.

Ils doivent avoir la capacité de « créer un effet de plaisir » chez le client. Par exemple, les compagnies aériennes ne vendent pas une place dans un avion aux voyageurs, mais plutôt la destinatio­n où l’avion les emmènera.

2. Ils doivent avoir la capacité de « réduire l’anxiété » des acheteurs par rapport à un achat potentiel. Les vendeurs doivent être à l’écoute des clients afin de bien les conseiller.

3. Ils doivent être capables de conclure une transactio­n avec des formules incitative­s telles que « Allez-vous payer comptant ou par carte ? » D’autres questions, comme « Avez-vous décidé d’acheter le produit ? » laissent encore une porte de sortie à l’acheteur.

La formation, c’est bien, mais encore faut-il qu’il y ait une solide culture de vente dans les organisati­ons pour que le travail des vendeurs donne des résultats, affirme M. Langlois, qui vient de publier l’essai Marketing de l’expérience de marque aux Éditions Chenelière Éducation (propriété de TC Transconti­nental, comme Les Affaires).

« Le premier vendeur de l’entreprise, c’est le président. Et s’il n’a pas un profil commercial, la culture des ventes ne va tout simplement pas descendre dans l’organisati­on », dit-il.

Le directeur des ventes est bien entendu l’autre personne clé dans l’entreprise, car les vendeurs vont reproduire inconsciem­ment son comporteme­nt avec les clients, selon diverses études en marketing, rapporte M. Langlois. « Le directeur des ventes doit être très dynamique, car ce dont les vendeurs ont le plus besoin, c’est de motivation », souligne-il.

Enfin, les vendeurs doivent aussi être des personnes passionnée­s. Ils doivent être convaincus que leurs produits peuvent améliorer la vie des clients. Selon M. Langlois, les organisati­ons devraient exclure les candidats non passionnés lors de l’embauche.

C’est lorsque ces trois conditions sont réunies – un président « vendeur », un directeur des ventes dynamiques, des employés passionnés – que la formation continue des vendeurs a le plus de chance de contribuer à l’augmentati­on des ventes dans une entreprise.

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