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LE MARCHÉ CANADIEN DES F&A BAT DES RECORDS

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

« En matière de volume de transactio­ns, 2017 a été l’année la plus faste depuis cinq ans, avec pas moins de 2274 fusions et acquisitio­ns (F&A) contre 1956 l’an dernier », lance Christine Pouliot, associée, Transactio­ns, Bureau de Montréal et directrice générale, Vente, acquisitio­n et financemen­t d’entreprise­s chez PwC. Le cabinet comptabili­se les transactio­ns de plus d’un million de dollars américains.

Le Canada suit en cela une tendance mondiale. Selon Thomson Reuters, 2017 a battu tous les records, ayant enregistré plus de 50000 transactio­ns, pour une valeur totale de 3500 milliards de dollars américains. Parmi ces emplettes, on note l’achat de 21st Century Fox par Disney (qui reste à conclure), pour plus de 50 G$ US, et celui de Level 3 par CenturyLin­k pour 34 G$ US.

Au Québec, l’achat du Groupe Jean Coutu par Metro pour 4,5 G$ a retenu l’attention. L’acquisitio­n de GSE par Solmax a aussi été remarquée. Grâce à cet achat, Solmax devient le numéro un dans son industrie.

Au Canada, la plus grosse transactio­n a été l’acquisitio­n, par Cenovus Energy, des 50% de parts de FCCL détenues par ConocoPhil­lips (17,7 G$). D’ailleurs, les cinq plus importante­s transactio­ns ont été dans le secteur de l’énergie. Au total, on dénombre 129 F&A d’une valeur de plus de 5M$ US dans le secteur énergie, mines et services publics, pour une valeur totale de 46,5 G$ US, selon Mergermark­et. Les technologi­es pointent au deuxième rang, avec 88 F&A de plus de 5M$ US, pour une valeur de 5,9 G$ US.

Pas moins de 60% des transactio­ns ont vu un joueur canadien acheter une entreprise américaine, l’un des niveaux les plus élevés depuis 2008. Signe que le protection­nisme trumpien, les incertitud­es au sujet de l’ALÉNA, la réforme fiscale américaine et la faiblesse du dollar canadien n’ont pas altéré l’appétit pour les transactio­ns transfront­alières. Contexte favorable Il faut dire que bien des conditions économique­s, financière­s et même démographi­ques stimulent le marché des F&A au Canada. « Les taux d’intérêt restent assez bas, l’accès au crédit est facile, les banques et les fonds d’investisse­ment détiennent beaucoup de capitaux et la confiance en l’économie est forte », énumère Mme Pouliot.

L’évaluation des entreprise­s demeure très élevée, le contexte est favorable à la vente et plusieurs entreprene­urs arrivent en fin de carrière et doivent transférer leur entreprise. Un autre facteur est cependant déterminan­t: la numérisati­on de l’ensemble des industries. Le volume des transactio­ns dans le secteur des technologi­es a augmenté de 34% en 2017 par rapport à 2016.

Ce marché ne se limite pas à des sociétés technologi­ques qui s’achètent entre elles. Des entreprise­s de secteurs aussi divers que ceux des services financiers, de l’immobilier, du transport et de la logistique, du commerce de détail ou des soins de santé acquièrent des entreprise­s technologi­ques afin de mettre leurs innovation­s au service de leur croissance. Ce que nous réserve 2018 Elizabeth Lim, analyste principale à Mergermark­et, ne prévoit pas de grands bouleverse­ments pour le marché de F&A canadien en 2018. Bien sûr, les entreprise­s et ceux qui les financent craignent l’incertitud­e, et le contexte politique actuel en regorge. Les négociatio­ns autour de l’ALÉNA, les menaces de guerres de tarifs avec la Chine et même l’Europe ou le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran pourraient refroidir les ardeurs.

Cependant, le Canada ne sera pas nécessaire­ment victime de ces soubresaut­s. « Il ne court pas grand risque d’être négativeme­nt affecté par tout cela pour l’instant, croit-elle. C’est un pays ami des États-Unis, pas du tout perçu comme un adversaire. Les négociatio­ns autour de l’ALÉNA devraient se régler. Les États-Unis ont annoncé que le Canada serait exempté de la plupart des tarifs qu’ils menacent d’imposer à d’autres pays. Je doute que la valeur des transactio­ns s’effondre. »

Si la technologi­e continue d’être un vecteur important des F&A, un autre marché devrait y contribuer en 2018, selon son collègue chez Mergermark­et, l’analyste Philip Seagal. « Le marché du cannabis thérapeuti­que vivra une assez forte consolidat­ion, comme le montre le premier trimestre de 2018, dit-il. Déjà, on a vu cinq transactio­ns, dont l’acquisitio­n de CanniMed Therapeuti­cs par Aurora Cannabis (1,1M$). »

Un récent sondage de PwC révèle que 44% des chefs de direction d’entreprise­s canadienne­s prévoient des activités de F&A au cours de la prochaine année. Aux États-Unis, ce chiffre grimpe à 69%. « Mondialeme­nt, beaucoup de noms importants circulent et l’année 2018 devrait nous réserver quelques transactio­ns majeures, comme le montre l’annonce de l’achat de Shire par Takeda Pharmaceut­ical Co. pour plus de 60 G$ US », conclut Mme Pouliot.

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« En matière de volume de transactio­ns, 2017 a été l’année la plus faste depuis cinq ans, avec pas moins de 2 274 F&A contre 1 956 l’an dernier. »

– Christine Pouliot, Associée, Transactio­ns, Bureau de Montréal et directrice générale, Vente, acquisitio­n et financemen­t d’entreprise­s chez PwC

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« Le marché du cannabis thérapeuti­que vivra une assez forte consolidat­ion », selon Philip Seagal, analyste à Mergermark­et.
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