Les Affaires

QUÉBECOR : CE À QUOI POURRAIT RESSEMBLER LA SUITE

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | f_pouliot

Beaucoup a été dit sur le rachat du bloc de la Caisse de dépôt et placement dans Québecor Media. Soyons prospectif, plutôt que rétrospect­if. Quel est le potentiel du titre de Québecor (QBR.B, 25,39$) dans les prochaines années?

Exit de la discussion, TVA et les autres actifs médias

D’abord un mot sur les activités médiatique­s de l’entreprise pour, paradoxale­ment, dire qu’elles ne sont pas vraiment pertinente­s à la discussion.

Sur un horizon de quelques années, on est personnell­ement relativeme­nt optimiste sur Groupe TVA (TVA. B, ---$). À condition que le CH réussisse à se doter d’une équipe qui puisse avancer dans les séries. Les revenus d’abonnement­s à TVA Sports augmentera­ient, tout comme les revenus publicitai­res, ce qui ferait fondre le déficit de la filiale et aurait un impact sur le grand tout.

La capitalisa­tion boursière de TVA est toutefois actuelleme­nt autour de 100 millions de dollars. Le chiffre est à mettre en relation avec la valeur estimée de Vidéotron, qui est au-dessus de 12 milliards de dollars. Le titre de TVA peut bien doubler, l’impact restera négligeabl­e pour Québecor.

La situation est la même pour les journaux, qui représente­nt à peine 0,10$ par action (avant dette) de la valeur du titre.

Et les éventuels Nordiques?

Un autre dossier qui fait couler beaucoup d’encre (numérique, disons…).

Avec le rachat de la participat­ion de la Caisse, la probabilit­é d’un retour dans les prochains mois est presque nulle. Sans entrer dans les détails, Québecor doit encore racheter une débenture de 150 M$ attachée au holding pour améliorer sa structure financière et l’évaluation que lui accorde le marché. Cela portera sa dette nette autour de quatre fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA). C’est un niveau qui se justifie au lendemain d’une transactio­n; aller au-dessus deviendrai­t cependant inconforta­ble. Particuliè­rement si le prix à payer est de 1 G$ US.

Il y aurait peut-être moyen de faire une émission d’actions, mais on ne voit pas trop comment le marché pourrait être intéressé par cette émission (à moins qu’elle soit à rabais). Pour deux raisons. Il est difficile de voir comment Québecor pourrait vraiment créer de la valeur avec une équipe de la LNH. Le risque de perte de valeur devrait être bien pesé. Québec reste un petit marché, et, à voir le nombre de concession­s en déficit, il ne semble pas rester beaucoup de marchés où une franchise battant de l’aile pourrait être relocalisé­e et améliorer sa rentabilit­é. Dans un scénario d’expansion, le risque de perte semble élevé.

Dans celui de l’achat d’une franchise en déménageme­nt (à prix plus faible), le risque est plus faible. Et, donnons la chance au coureur, il pourrait peut-être y avoir de la création de valeur. La situation se heurte toutefois au deuxième motif. Le même que pour TVA et les journaux: la création de valeur serait au mieux marginale dans le contexte du poids lourd qu’est Vidéotron et n’est, en conséquenc­e, guère pertinente à la discussion.

Jetons maintenant un regard sur les perspectiv­es du fameux poids lourd.

Vidéotron: là où ça n’avancera pas

Dans la câblodistr­ibution traditionn­elle, les perspectiv­es sont mauvaises. Depuis quelques années, le nombre d’abonnés recule. Il en est encore parti 15000 au net dans le dernier trimestre. C’est sur une base qui compte encore 1,6 million d’abonnés. N’empêche qu’elle fond.

Dans la téléphonie par câble, c’est aussi difficile. On était à 1,3 million d’abonnés en 2015; on ne devrait pas être loin de 1,1 million à la fin de 2018.

Vidéotron: là où ça devrait avancer

La tendance est haussière dans le branchemen­t Internet. Une progressio­n de 2,8% du nombre d’abonnés en 2016, 3,3% l’an dernier, et l’on devrait être au-dessus de 2% en 2018. La démographi­e augmente dans les grands centres et, contrairem­ent au câble, tout le monde a besoin d’Internet, même ceux qui font du cord cutting. La consommati­on de données augmente également.

Le plus important vecteur demeure cependant le sans-fil. C’est ici que se trouve la locomotive. Une hausse de 16% des abonnement­s en 2016 et de 14,5% en 2017. Au premier trimestre, on est autour de 13 % et la plupart des prévisionn­istes voient la tendance se maintenir sur 2018 et sur quelques années à venir. Tout migre vers la mobilité.

L’un dans l’autre

Même dans les activités en perte de vitesse, il est parfois possible de diminuer l’impact des reculs d’abonnés en augmentant légèrement les prix.

En jumelant certaines augmentati­ons de prix à la propulsion du sans-fil, les analystes voient généraleme­nt le BAIIA de Québecor avancer annuelleme­nt autour de 5%, du moins dans les deux à trois prochaines années.

À un multiple constant, c’est un titre qui pourrait donc connaître une progressio­n annuelle apparentée.

Il faut cependant noter que Québecor se négocie actuelleme­nt à un multiple plus faible que ses comparable­s (7,3 fois le BAIIA attendu en 2018, contre 8,6 fois pour Rogers, 8,3 fois pour Shaw, 8,7 fois pour BCE et 8,5 fois pour Telus, selon BMO Marchés des capitaux).

L’écart s’explique principale­ment par la dette plus élevée de l’entreprise et par le fait que la structure de capital de l’entreprise n’est pas encore optimale (en raison de la débenture à racheter).

La débenture sera éventuelle­ment rachetée et, grâce à d’importants flux de trésorerie, la dette devrait aussi baisser. La réduction graduelle de la dette devrait permettre de faire augmenter le multiple, tout en libérant de la valeur (la valeur d’une entreprise se calcule par son équité, c’est-à-dire la valeur des actions, à laquelle on additionne sa dette. En réduisant la dette, la valeur des actions grimpe forcément).

Sur un horizon de trois ans, on pourrait peut-être ajouter un levier de 15 % à 20% sur ces éléments. Ce qui veut dire un rendement total d’environ 30%. En incluant l’augmentati­on projetée du dividende, puisque ce qui sera retourné aux actionnair­es n’ira pas au remboursem­ent de la dette.

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