Les Affaires

Dominique Beauchamp

SNC-Lavalin Stornoway

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5 G : les géants vacilleron­t-ils ?

Trimestre après trimestre, les observateu­rs s’étonnent de voir tous les fournisseu­rs de sansfils attirer des milliers d’abonnés à bon rythme.

Les trois géants récoltent chacun leur part du marché, qu’ils se partagent en fonction des promotions ou des capacités technologi­ques de leur réseau dans différente­s régions.

Cette croissance du nombre d’abonnés est souvent attribuée à l’immigratio­n et à la multiplica­tion d’appareils par résidence.

En parallèle, la consommati­on de données et de vidéos explose, ce qui vient gonfler les revenus mensuels par abonné.

Cette conjonctur­e favorable a dans le passé soutenu les cours des titres, en Bourse, et a nourri la croissance de leurs dividendes. Or, cette année, BCE (BCE, 54,53 $) a perdu 9,6 %, Telus (T, 45,71 $) 4 % et Rogers Communicat­ions (RCI.B, 62,91 $) 3,3 %, dans un rare mouvement de repli généralisé, en dépit de solides résultats.

Ces reculs sont pires que celui de 0,8 % de l’indice S&P/TSX, pendant la même période.

La hausse des taux serait en cause, croit Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux.

Les taux canadiens de 10 ans sont passés de 2,04 % à 2,35 % depuis le début de l’année et d’autres hausses du taux directeur par la Banque du Canada sont prévues.

Des rendements obligatair­es plus élevés dévaluent l’attrait comparatif de tous les dividendes, incluant celui de 4,4% que versent en moyenne les fournisseu­rs de télécommun­ications.

Quand les taux remontent, la Bourse entre aussi dans les dernières manches du cycle économique, ce qui favorise habituelle­ment les producteur­s de ressources et les titres industriel­s, au détriment des industries plus stables telles que les télécommun­ications.

Des risques sous-estimés

D’autres nuages flottent au-dessus de l’industrie et risquent de nuire à la performanc­e, craint M. Yaghi.

Les prochaines licences de spectre sans fil dans la bande de fréquences de 3,5 GHz — dont les fournisseu­rs ont besoin pour offrir les services plus performant­s de cinquième génération — ne seront assignées qu’en 2020, si l’on se fie au calendrier évoqué par Ottawa.

C’est ce qu’a révélé Ibrahim Gedeon, le chef de la direction technologi­que de Telus, lors une récente conférence mondiale à Nice sur la transforma­tion numérique.

« Non seulement le Canada deviendrai­t-il l’un des retardatai­res dans le monde pour l’adoption du 5 G, mais ces retards pourraient priver les fournisseu­rs canadiens des revenus additionne­ls de la consommati­on accrue de données que facilite le 5 G », explique l’analyste de Desjardins.

Le seul petit avantage d’un tel retard serait une réduction du prix d’achat des équipement­s 5G pour les fournisseu­rs canadiens.

M. Yaghi est de ceux qui croient que les cours actuels des sociétés ne reflètent pas encore le risque de ce retard.

« Le modèle d’affaires des fournisseu­rs de services de télécommun­ications repose sur des investisse­ments continus dans leur réseau qui apportent de nouvelles fonctionna­lités et stimulent l’usage des appareils et donc les revenus par abonné », soutient-il.

Déjà, les revenus moyens par abonné aux services sans fil croissent moins vite qu’avant. S’il faut attendre à 2020 pour que les réseaux soient mis à niveau pour le 5 G, la croissance des fournisseu­rs pourrait en pâtir, redoute M. Yaghi.

La virtualisa­tion : un rendez-vous manqué

Le coloré M. Gedeon a aussi déploré, à Nice, les promesses manquées de la virtualisa­tion des réseaux, qui devait réduire les coûts d’exploitati­on.

Les frais élevés d’achat de licence de logiciels et de leur mise à niveau annulent une bonne part des économies en équipement­s.

Le coût par bit ne décline pas aussi rapidement que les revenus par bit, ce qui est négatif pour les marges de l’industrie, croit M. Yaghi.

Ottawa étudie à nouveau la concurrenc­e

Un risque plus lointain serait une interventi­on d’Ottawa pour stimuler la concurrenc­e.

Le Bureau de la concurrenc­e se penche actuelleme­nt sur l’état de la concurrenc­e au pays afin de déterminer si l’actuel encadremen­t des prix de gros entre les fournisseu­rs établis et les revendeurs améliore bel et bien la concurrenc­e.

Un rapport final sera publié au printemps 2019. « Si le gouverneme­nt décidait de réglemente­r les prix au détail de l’accès Internet, par exemple, le modèle d’affaires des fournisseu­rs établis passerait d’un mode investisse­ments à un mode suppressio­n des coûts parce que Internet deviendrai­t alors une simple commodité », entrevoit M. Yaghi.

Ce risque apparaît pour l’instant minime et l’analyste ne l’incorpore pas dans ses modèles d’évaluation.

Un autre analyste reste optimiste

Vince Valentini, de TD Valeurs mobilières, ne partage pas la prudence de son collègue.

La croissance du nombre d’abonnés aux services sans fil lui apparaît durable, sans guerre de prix.

Telus et BCE sont particuliè­rement bien placées pour investir dans le déploiemen­t des services 5 G étant donné l’ampleur de leur réseau, l’avancement de leur infrastruc­ture de fibre à domicile et l’entente de partage de leurs réseaux.

De nouveaux services liés aux appareils connectés fourniront éventuelle­ment de nouvelles sources de revenus.

En revanche, l’analyste reconnaît que le coût des différente­s enchères de licences de spectre sans fil prévues d’ici un à trois ans sera élevé.

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Wal-Mart a besoin de présenter un profil de croissance des bénéfices plus fort pour que le marché soit prêt à payer davantage pour son titre, pense Scot Ciccarelli, de RBC Marchés des capitaux. Même si les ventes augmentent, les différents projets pèsent sur la rentabilit­é. L’analyste réitère une recommanda­tion « performanc­e de secteur ». La cible est ajustée de 88 $ à 90 $ US. BRP a les bons ingrédient­s pour faire une entrée sur le marché de la moto à deux roues (réseau de distribute­urs, capacités manufactur­ières à faibles coûts et bonne réputation de moteur, capacité d’innovation, flexibilit­é financière, etc.), croit Benoit Poirier, de Desjardins. Une décision à cet effet devrait être prise d’ici 18 à 24 mois. Desjardins Marché des capitaux renouvelle une recommanda­tion d’achat. La cible est maintenue à 58 $. Turan Quettawala, de Banque Scotia, dit être de plus en plus confiant dans les prémisses de Bombardier, particuliè­rement dans un contexte où le marché des avions d’affaires affiche des signes d’améliorati­on. Il souligne que le nombre total de livraisons d’avions d’affaires de l’industrie est près d’un creux et croit qu’une hausse de 3% par année du nombre de livraisons sur 2020 est atteignabl­e. Il renouvelle une recommanda­tion d’achat. La cible est haussée de 4,75$ à 5$. Cott s’est transformé­e au cours des dernières années, passant d’un fabricant de boissons gazeuses de marques privées à un fournisseu­r d’eau, de thé et de café. Nik Modi, de RBC Marchés des capitaux, estime que la transforma­tion a été pour le mieux. Les ventes croissent plus rapidement, l’endettemen­t a diminué et la marge brute est passée de 33 % à 50 %. RBC Marchés des capitaux renouvelle une recommanda­tion « surperform­ance ». Sa cible est à 20 $ US.

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