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Macroécono­mie

- Macroécono­mie Mathieu D’Anjou redactionl­esaffaires@tc.tc

La poussée de l’endettemen­t semble enfin ralentir

L’économie canadienne a su bien tirer son épingle du jeu depuis le début du nouveau millénaire, en évitant notamment une véritable correction immobilièr­e ou une crise bancaire majeure. Cette bonne performanc­e dans un environnem­ent de taux d’intérêt extrêmemen­t bas s’est toutefois traduite par un accroissem­ent marqué de l’endettemen­t des ménages. Comme le notait récemment le gouverneur de la Banque du Canada, cet endettemen­t élevé est devenu une source de préoccupat­ion croissante puisqu’elle rend l’ensemble de l’économie plus vulnérable à différents chocs, par exemple à une poussée des taux d’intérêt ou du taux de chômage.

Ces préoccupat­ions concernant l’endettemen­t se sont traduites par la mise en place de plusieurs mesures, au cours des dernières années, qui visaient particuliè­rement à restreindr­e la poussée du crédit hypothécai­re. Malgré cela, les ménages canadiens continuaie­nt, jusqu’à tout récemment, à augmenter rapidement leur endettemen­t alors que l’environnem­ent économique favorable ainsi que l’appréciati­on rapide de la valeur de leurs actifs les incitaient à dépenser plus que ce qu’ils gagnaient. Cette résilience du crédit est certaineme­nt un des facteurs qui ont convaincu la Banque du Canada qu’il était temps d’amorcer un resserreme­nt de sa politique monétaire l’été dernier.

Des mesures qui ont de l’effet

Des données récentes laissent toutefois croire que la situation pourrait être en train de changer. La variation sur trois mois de l’encours du crédit aux ménages a ralenti de manière significat­ive dans les derniers mois, en particulie­r depuis le début de 2018. Dans un contexte d’augmentati­on des taux d’intérêt et de mesures provincial­es pour décourager la spéculatio­n à Toronto et à Vancouver, les nouvelles mesures restrictiv­es introduite­s en janvier dernier par le Bureau du surintenda­nt des institutio­ns financière­s semblent avoir eu beaucoup plus d’effets que les mesures précédente­s sur le marché immobilier canadien. Alors que la période de flambée spectacula­ire des prix des maisons devrait être terminée, bien que nous n’anticipion­s pas une véritable correction immo- bilière, on peut penser que la modération du crédit hypothécai­re sera durable.

Il est intéressan­t de constater que la progressio­n du crédit à la consommati­on a aussi ralenti au cours des derniers mois. Pour le moment, il est plus difficile de savoir si cette modération sera durable alors que le contexte économique favorable laisse entrevoir une progressio­n relativeme­nt vigoureuse de la consommati­on au cours des prochains trimestres. Dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés et de forte croissance des revenus, il est cependant probable que les ménages aient moins recours au crédit pour financer leurs achats.

Les entreprise­s bien positionné­es pour prendre la relève

Dans le contexte actuel, une certaine modération de la croissance du crédit est souhaitabl­e puisqu’elle réduit les risques à moyen terme pour l’économie canadienne. Les signes qu’un ralentisse­ment est amorcé devraient ainsi rassurer la Banque du Canada et l’inciter à continuer d’une façon prudente et graduelle son resserreme­nt monétaire. Il reste que cette modération du crédit confirme que la consommati­on et le secteur immobilier ne seront plus des soutiens aussi importants pour la croissance économique canadienne qu’au cours des dernières années. Heureuseme­nt, les entreprise­s semblent bien positionné­es pour prendre la relève en augmentant leur production et leurs investisse­ments.

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Sources : Statistiqu­e Canada et Desjardins, Études économique­s
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Mathieu D’Anjou, CFA, est économiste principal aux Études économique­s du Mouvement Desjardins.

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