Les Affaires

« Le marché va se rendre compte du potentiel d’Open Text »

– Renato Anzovino, gestionnai­re de portefeuil­le chez Société de gestion d’investisse­ment Heward

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

STÉPHANE ROLLAND – Vous cherchez des sociétés qui augmentent régulièrem­ent leur dividende. Pourquoi miser sur cette stratégie?

RENATO ANZOVINO – Depuis 30 ans, le S&P/TSX a procuré un rendement annuel composé d’environ 6%. Les entreprise­s qui versent un dividende en croissance ont généré un rendement de 11,8% avec beaucoup moins de volatilité.

S.R. – La hausse des taux d’intérêt est un contexte difficile pour les titres de dividende tandis que la comparaiso­n avec les titres de revenus fixes devient moins avantageus­e. Comment vous ajustez-vous? R.A.

– Il faut faire la différence entre les entreprise­s de dividende et les sociétés de croissance du dividende. Dans les derniers mois, le marché n’a pas fait la différence et les investisse­urs ont liquidé les deux sans distinctio­n. En théorie, un dividende devient moins attrayant par rapport aux intérêts lorsque les taux montent, mais si votre dividende est en croissance, ce n’est pas si grave. De plus, je doute que l’économie canadienne puisse soutenir des taux très élevés. Je pense que les sociétés en croissance qui augmentent leur dividende sont sous-évaluées et que c’est une bonne occasion.

S.R. – Quelle société est sur votre écran radar? R.A.

– Open Text (OTEX, 44,69$) a dévoilé des résultats sous les attentes et les marchés ont fortement réagi. Pourtant, c’est une bonne société. Les entreprise­s réalisent d’importante­s dépenses en technologi­e et Open Text en bénéficie. Elle a une expertise dans la gestion des documents numériques, mais également dans l’intelligen­ce artificiel­le ou l’infonuagiq­ue. Elle est également en transition de la vente de logiciels vers l’abonnement à un logiciel, ce qui permet de générer des revenus récurrents. C’est une bonne nouvelle, car une entreprise qui reçoit des revenus récurrents obtient une meilleure évaluation. Ce n’est pas ce qu’on voit en ce moment. Il y a un potentiel quand le marché va s’en rendre compte. Même si Open Text a dévoilé des résultats décevants, elle a augmenté son dividende. À mon avis, ça montre que la direction est optimiste par rapport à l’avenir.

S.R. – Vous êtes actionnair­e de Canadian Tire (CTC). Que pensez-vous de l’acquisitio­n de Helly Hansen? R.A.

– Helly Hansen semble être une bonne entreprise. Le marché n’a pas aimé la transactio­n, mais je crois qu’elle offre une occasion d’achat. Canadian Tire a fait du bon travail d’intégratio­n dans le passé avec Mark’s (l’Équipeur au Québec) ou Forzani (Sports Experts). Les items d’Helly Hansen sont déjà vendus dans les magasins Sports Experts. Ils pourront désormais les vendre avec des marges plus élevées. Oui, Canadian Tire a payé cher, mais la transac- tion augmentera les bénéfices dès qu’elle sera réalisée. À mon avis, l’action aurait dû monter en raison de l’ajout au bénéfice. Au pire, ils n’auront que les bénéfices d’Helly Hansen. Si le plan fonctionne, ils pourront utiliser le réseau de distributi­on d’Helly Hansen pour vendre leurs produits à l’étranger, ce qui amènerait Canadian Tire à un autre stade.

S.R. – Les télécoms font partie des sociétés qui augmentent leurs dividendes. Que pensez-vous du secteur? R.A.

– Nous sommes sous-pondérés dans ce secteur. Ce qui est bien, au Canada, c’est que le ratio d’adoption du sans-fil est inférieur qu’aux États-Unis et en Europe. Il reste de l’espace pour la croissance. J’ai une petite position dans Telus (T) et une plus petite dans Rogers (RCI.B). Je suis un peu déçu par Rogers. Ils n’ont pas augmenté le dividende dans les dernières années. Ils ont une nouvelle équipe de direction. J’espère qu’ils vont augmenter leur dividende, sinon je devrai revoir ma stratégie. Je suis plus optimiste pour Telus. Le potentiel de croissance est plus grand. Ils ont une forte présence dans l’Ouest et l’augmentati­on du prix du pétrole est un élément positif. Leur division santé est également un actif intéressan­t. La société augmente son dividende deux fois par année. L’action n’est pas une aubaine, mais elle n’est pas chère non plus. Autrement dit, vous ne ferez pas de coup de circuit avec ce titre.

S.R. – Quel secteur évitez-vous en ce moment? R.A.

– Normalemen­t, les fonds immobilier­s se déprécient quand les taux montent. Ils ne l’ont pas encore vraiment fait. Je suis surpris que ça ne soit pas encore arrivé. Sinon, j’évite les entreprise­s de services publics dont les revenus et les bénéfices stagnent.

Avant d’entrer au service de la Société de gestion d’investisse­ment Heward, Renato Anzovino était vice-président d’une importante société de gestion de portefeuil­les. Il est membre actif de la Société des analystes financiers de Montréal. Il concentre son activité sur le marché des actions canadienne­s.

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