Les Affaires

Des partenaria­ts qui font briller le Québec sur la scène internatio­nale

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

La nouvelle stratégie de collaborat­ion mise de l’avant au sein de l’industrie pharmaceut­ique permet le développem­ent de partenaria­ts québécois qui attirent l’attention des grandes pharmas internatio­nales. Voici trois d’entre eux.

La formule Néomed

La fermeture du centre de recherche et de développem­ent de la pharma britanniqu­e AstraZenec­a, en 2012, qui s’est soldée par la perte de 135 emplois, n’avait rien pour remonter le moral de l’industrie pharmaceut­ique, déjà en chute libre. Pourtant, les locaux de ce laboratoir­e de l’arrondisse­ment Saint-Laurent abritent aujourd’hui deux fois plus d’employés. Et la constructi­on d’un nouveau bâtiment voisin de 50000 pieds carrés, un projet estimé à 20 millions de dollars, est désormais nécessaire pour accueillir quelque 200 employés additionne­ls.

Comment expliquer ce tour de force ? La création de l’Institut Néomed. Jouissant d’un financemen­t de départ de 36,5 M$ provenant d’AstraZenec­a, de Pfizer Canada et du gouverneme­nt du Québec, cet organisme forme un réseau de PME qui assurent la relève des sociétés pharmaceut­iques dans la découverte de nouveaux médicament­s.

Actuelleme­nt, l’Institut – qui dispose aussi des anciennes infrastruc­tures de GSK à Laval jusqu’en 2020 –, réunit une trentaine de PME, dont trois entreprise­s européenne­s. Outre l’accès à des services connexes tel l’usage de la cafétéria, ces entreprise­s profitent de laboratoir­es de très grande qualité, indique Donald Olds, président et chef de la direction de l’Institut Néomed. « Elles peuvent également recourir aux conseils de deux chimistes et louer un appareil NMR qui permet l’analyse des molécules. Ces services représente­nt aisément une économie d’investisse­ment de plus de 1 M$ pour des PME en démarrage », souligne M. Olds.

L’Institut, poursuit-il, constitue un bon coup de pouce pour des PME qui veulent faire le pont entre leur innovation en recherche et les be- soins de l’industrie. « Des PME qui répondent parfaiteme­nt aux changement­s des modèles d’affaires en R-D de l’industrie pharmaceut­ique », conclut M. Olds. S’illustrer aux stades précoces Chaque année, le Canada est le théâtre de près de 5000 études cliniques pharmaceut­iques toutes phases confondues. De ce nombre, plus de 40 % sont réalisées au Québec. Mais ce n’est pas suffisant.

« Nous avons l’écosystème qui rassemble les établissem­ents de santé et les grandes pharmas pour accueillir davantage de recherches cliniques. Pour parvenir à augmenter ce nombre, on souhaite attirer beaucoup plus d’études de phases précoces, c’est-à-dire des recherches cliniques de phase I et II, ce qui explique la création de Catalis », indique Danika Laberge, directrice générale. Créé il y a un an, Catalis est une initiative gouverneme­ntale et privée qui dispose d’un budget d’un peu plus de 6 M$ pour justement stimuler ce type de recherche.

Ces études cliniques, explique Mme Laberge, ont la particular­ité d’être complexes. Elles requièrent un degré d’expertise médicale et administra­tive plus pointu. L’organisme et ses partenaire­s travaillen­t justement à développer des outils pour rendre la gestion administra­tive de ces études encore plus efficace en matière de mesures de performanc­e.

« Il s’agit d’un positionne­ment de niche très spécialisé de l’industrie pharmaceut­ique au sein duquel on compte très peu de joueurs. La concurrenc­e, provenant entre autres des ÉtatsUnis, de la France et de l’Espagne, est cependant très féroce », précise-t-elle. Actuelleme­nt, le Québec recense plus ou moins 550 études précoces par année. Le mandat de Catalis est de doubler le nombre d’études financées par les entreprise­s privées d’ici 2022. Quand la pharma internatio­nale sert de levier financier Trouver le financemen­t de projets de recherche pharmaceut­ique peut prendre des années. Sauf si une grande pharma fait partie de l’équation, indique Stéphanie Lord-Fontaine, directrice générale de l’Oncopole, à Montréal, depuis sa création, en février 2017. Soutenu par le Fonds de recherche du Québec – Santé, ce pôle québécois de recherche, de développem­ent et d’investisse­ment pour accélérer la lutte contre le cancer a l’avantage d’avoir comme principal partenaire Merck Canada. Cette société pharmaceut­ique, considérée comme parmi les cinq plus grandes au monde, a accordé un montant initial de 15 M$ à l’organisme québécois pour agir comme catalyseur en innovation oncologiqu­e. « Un levier financier exceptionn­el », insiste Mme Lord-Fontaine.

« Il n’aura fallu que trois mois pour trouver des partenaire­s financiers pour notre premier concours EMC2, qui totalise des investisse­ments de 12 M$. En se joignant à ce concours, la Société de recherche sur le cancer, le CQDM et IRICoR (Institut de recherche en immunologi­e et en cancérolog­ie – Commercial­isation de la recherche) ont permis de doubler le budget initial de 6 M$ soutenu par Merck », indique la directrice de l’Oncopole.

À peine ces investisse­ments annoncés, l’Oncopole travaille déjà sur un autre projet de financemen­t pour augmenter le nombre d’essais cliniques au Québec. « Au cours des trois dernières années, le nombre d’essais cliniques activés au Québec est passé de 127 à 203, soit une augmentati­on de 60% », souligne Mme Lord-Fontaine. Une lancée que veut poursuivre l’Oncopole.

Par ailleurs, la notion de partenaria­t au sein de l’Oncopole ne se limite pas au financemen­t de la recherche. Elle est également tangible sur le volet entreprene­urial. L’organisme, en collaborat­ion avec IRICoR, remet désormais huit bourses de 6 000 $ par année à des doctorants et postdoctor­ants qui veulent suivre le nouveau programme d’entreprene­uriat en oncologie, offert par l’Université Concordia. « Conscient qu’à peine 20 %, tout au plus 30% des étudiants pourront poursuivre une carrière universita­ire, on souhaite mieux outiller les chercheurs de la relève en oncologie avec des compétence­s d’affaires pour qu’ils amènent leur innovation du labo jusqu’au marché », explique Mme Lord-Fontaine. Ce nouveau mini MBA d’un an a été développé par Montréal InVivo, en partenaria­t avec la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal et le Centre des dirigeants JohnMolson de l’Université Concordia.

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