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S’inspirer de la Californie pour profiter du carbone

- – Alain McKenna Dossier

Par sa taille, la Californie est la sixième économie de la planète, ce qui en fait un leader de facto dans l’émergence du marché mondial du carbone. Afin de faire croître ses propres entreprise­s dans ce créneau, le Québec pourrait s’inspirer des mesures mises en place sur la côte Ouest.

L’énergie est au coeur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui est moins un enjeu au Québec, où 98 % de l’électricit­é produite est peu polluante. La Californie, de son côté, obligera à partir de 2020 toutes les nouvelles constructi­ons résidentie­lles à être dotées de panneaux solaires. L’objectif : réduire de 50 % la consommati­on d’énergie des maisons neuves provenant du réseau.

Exporter le soleil

« Grâce à cette norme, les nouvelles constructi­ons seront plus efficaces et allégeront la demande envers les réseaux, les rendant plus fiables », explique Andrew McAllister, commissair­e californie­n à l’Énergie. À l’heure actuelle, l’équivalent de 5,4 millions de foyers sont alimentés par l’énergie solaire, ce qui grimpera rapidement, l’État ajoutant près de 100 000 nouvelles maisons par an.

Pour les fabricants d’équipement solaire, c’est une occasion unique, surtout si d’autres États américains emboîtent le pas en adoptant une mesure similaire à celle de la Californie. Le marché des panneaux solaires a connu un ralentisse­ment l’an dernier, mais a repris de plus belle au début de 2018.

L’engouement envers le solaire est moindre au Québec. Pour les fabricants, la conclusion est évidente : exporter. « Le marché du solaire pour la maison croît à une vitesse exponentie­lle », expliquait dernièreme­nt Sass Peress, cofondateu­r du fabricant montréalai­s iSun Energy, qui vend des abris d’auto solaires, conçus pour alimenter à la fois une résidence adjointe et un véhicule électrique. « Le marché résidentie­l est même en train de dépasser le marché commercial. »

Des serres plus vertes

Du territoire californie­n, 43 % est consacré à l’agricultur­e, ce qui représente annuelleme­nt 8 % de ses émissions de GES. C’est un secteur économique névralgiqu­e que l’État du Pacifique compte moderniser afin d’en réduire l’empreinte écologique. Une des pistes envisagées est le recours à davantage d’automatisa­tion et à l’intégratio­n de solutions d’intelligen­ce artificiel­le permettant de mieux gérer l’ensemble de la chaîne d’alimentati­on, de la culture à la vente en épicerie.

Une des entreprise­s qui profite de ce mouvement est montréalai­se. Grâce à une aide de 2,85 millions de dollars provenant notamment de Desjardins, de Real Ventures et de la BDC, Motorleaf a mis au point des capteurs et des algorithme­s qui prennent en charge la croissance de plantes et de légumes en serre, comme des tomates, qui réduisent à la fois les coûts et les émissions polluantes.

Au cours des derniers mois, l’entreprise est parvenue à couper de moitié les erreurs dans la prédiction de la taille des récoltes de son partenaire SunSelect, un des principaux producteur­s californie­ns de tomates. « Ça va sans dire que ça change complèteme­nt la donne, d’une façon qu’on n’avait même pas anticipée. Motorleaf est devenue la norme dans la prédiction des récoltes », dit Victor Krahn, copropriét­aire de SunSelect, manifestem­ent ravi. Le producteur peut ainsi garantir une production et optimiser l’utilisatio­n de ses 43 acres de terres agricoles, améliorant du même coup son bilan environnem­ental.

Pour Motorleaf, cette démonstrat­ion est non seulement prometteus­e pour percer le marché californie­n, mais elle peut aussi lorgner du côté du Québec, où environ 900 serres sont actuelleme­nt exploitées. « La prédiction des récoltes n’est que le début pour nous. À terme, nous créerons des protocoles de croissance dynamiques qui s’occuperont de tout, de la gestion de l’éclairage à l’ajout d’engrais, afin d’accroître le rendement des serres », explique Alastair Monk, cofondateu­r de Motorleaf.

De la Californie au Québec, la distance n’est pas si grande quand vient le temps de combattre les émissions de GES…

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Du territoire californie­n, 43 % est consacré à l’agricultur­e, ce qui représente annuelleme­nt 8 % de ses émissions de GES.

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