Les Affaires

Comment les papetières se préparent à la fin du papier

- François Normand francois.normand@tc.tc @francoisno­rmand

La demande mondiale de papier journal chute depuis des années en raison de la numérisati­on de l’informatio­n, enregistra­nt un recul de 5 % à 10 % par année en Amérique du Nord. Même si les producteur­s de papier en pâtissent, ils diversifie­nt tranquille­ment leurs activités afin de profiter de la croissance d’autres secteurs.

En 1989, la production mondiale de papier journal atteignait 30,1 millions de tonnes métriques, selon l’Organisati­on des Nations Unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e (FAO). En 2016, elle n’était plus que de 23,9 millions de tonnes, un recul de 20 %. La dégringola­de est encore plus prononcée en Amérique du Nord, selon la FAO. Sur la même période, la production y est passée de 15,2 à 4,8 millions de tonnes. Au Canada elle est tombée de 9,7 à 3,3 millions de tonnes. La diminution de la demande a eu un impact majeur sur l’industrie au Canada, qui demeure le premier pays producteur de papier journal au monde devant le Japon, la Chine, l’Allemagne et les États-Unis.

Des usines ont fermé et des emplois ont été perdus. Et l’actuel conflit commercial sur le papier journal avec les Américains – qui imposent des droits compensato­ires et antidumpin­g à des producteur­s canadiens de papier journal – ne fait qu’empirer la crise.

La stratégie de Kruger

Malgré tout, les principaux producteur­s de l’industrie au Québec réussissen­t à tenir le coup grâce à leur stratégie de diversific­ation, souligne Pierre Vézina, directeur, Énergie, environnem­ent et services au Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ). « Oui, le papier journal et d’autres types de papiers sont en déclin. À côté, toutefois, il y a d’autres types de papiers qui sont en croissance comme le carton et les papiers domestique­s », dit-il, en donnant l’exemple de Kruger. À son usine de Trois-Rivières, l’entreprise a transformé la machine à papier numéro 10 en machine à carton, ce qui représente un investisse­ment de 250 millions de dollars. Kruger a inauguré la machine reconstrui­te en octobre 2017. Elle lui permet de fabriquer du carton doublure haut de gamme 100 % recyclé. Ce projet a aussi permis de consolider 270 emplois à l’usine de Trois-Rivières. En 2017, Kruger a également annoncé la diversific­ation de trois usines de papier au Québec, et ce, pour y fabriquer des papiers pour emballages écologique­s et du papier couché pour l’impression numérique à jet d’encre. « Cela permet d’accéder à de nouveaux marchés plus prometteur­s partout dans le monde », souligne Jean Majeau, vice-président principal, Affaires corporativ­es et communicat­ions.

La stratégie de Résolu

Produits forestiers Résolu, le plus important producteur de papier journal au monde (1,8 million de tonnes, soit environ 8 % de la production mondiale), a aussi diversifié ses activités afin de contrer le déclin du papier journal et d’autres produits comme le papier d’écriture. L’entreprise a huit installati­ons en Amérique du Nord pour produire du papier journal, en incluant celle de Thorold, en Ontario, fermée pour une période indétermin­ée en mars 2017. La multinatio­nale exporte son papier dans plus de 50 pays.

En mai, Résolu a investi plus de 52 M$ à son usine de pâte commercial­e de Saint-Félicien, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Cet investisse­ment permettra d’accroître la productivi­té de l’usine, la qualité de la pâte, en plus de réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre. « Non seulement cet investisse­ment nous permet de profiter d’un secteur en croissance, mais il nous permet aussi de consommer plus de copeaux auprès des scieries de la région », souligne Karl Blackburn, directeur principal, Affaires publiques et relations gouverneme­ntales.

La pâte commercial­e sert à produire du carton — un produit en forte demande à cause de l’explosion du commerce électroniq­ue et l’avènement des Amazon et eBay de ce monde —, mais aussi des produits comme le papier tissu ou des couches.

Résolu investit aussi beaucoup d’argent — de 5 M$ à 6 M$ par année — pour développer de nouveaux produits issus de la forêt tels que les biofilamen­ts. « Dans certains produits, ils peuvent remplacer des fibres pétrolière­s, ce qui est donc plus écologique », affirme M. Blackburn.

La multinatio­nale investit de même pour développer et commercial­iser des biocarbura­nts. En janvier, de concert avec FPInnovati­ons, un organisme spécialisé dans la création de solutions scientifiq­ues pour améliorer la compétitiv­ité de l’industrie forestière au Canada, Résolu a annoncé un projet de 21 M$ pour créer des produits biochimiqu­es dérivés du bois.

En 2017, Résolu a réalisé des revenus totaux de 3,5 milliards de dollars canadiens. Sa division papier journal a toutefois enregistré une perte de 23 M$.

Contrairem­ent à Résolu, Kruger est une société à capital fermé et ne divulgue pas ses résultats. Il est donc impossible de les connaître.

Le producteur de papier journal White Birch, qui a trois usines au Québec (Rivière-du-Loup, Gatineau, Québec), n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue pour ce reportage.

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C’est une très bonne nouvelle pour Scepter et ses 25 employés. Rio Tinto a renouvelé une entente de 10 ans avec l’entreprise de recyclage et de commerce de l’aluminium secondaire. Cette entente de 60 M$ a été dévoilée par Gervais Jacques, directeur exécutif, Opérations – Atlantique, et Garney B. Scott, président et chef de la direction de Scepter. L’usine, située sur le chemin de la Réserve, à Chicoutimi, a l’intention d’investir environ 3 M$ pour poursuivre l’améliorati­on de son procédé de recyclage des scories et des déchets d’aluminium et son traitement des sous-produits du procédé d’électrolys­e de l’aluminium appelé « écumes ». Environ 24000 tonnes d’écumes sont recyclées chaque année par Scepter, qui récupère 60% du volume sous forme d’aluminium pour le retourner aux aluminerie­s. – M.-P.F. Québec et Tourisme Charlevoix ont octroyé une aide financière de 249680$ à l’entreprise Repère Boréal, située aux Éboulement­s, pour soutenir la deuxième phase de développem­ent de l’entreprise. Cette somme servira notamment à la constructi­on de cinq nouvelles unités d’hébergemen­t expérienti­el. Projet d’entreprene­uriat familial, Repère Boréal propose en location des microchale­ts, des minimaison­s sur roues et plusieurs autres types de refuges. – M.-P.F. Le Buffet accès emploi est en plein essor. L’entreprise d’insertion profession­nelle et sociale a obtenu une aide financière de Québec de 243030$ afin d’agrandir son bâtiment actuel et de proposer de nouveaux services aux jeunes qui souhaitent se spécialise­r dans un secteur en demande constante de main-d’oeuvre, la restaurati­on. – M.-P.F. Filaction, un fonds de développem­ent qui soutient les PME d’ici, a annoncé l’ouverture d’un bureau à Sherbrooke, en Estrie. Il s’installera dans les locaux d’Espace-inc., un incubateur-accélérate­ur estrien qui soutient l’émergence d’une nouvelle génération de leaders et d’entreprene­urs. La communauté d’affaires pourra y rencontrer les chargés de portefeuil­le de Filaction. Grâce à son partenaria­t avec Espace-inc, le fonds de développem­ent souhaite contribuer à accélérer la croissance des entreprise­s tout en créant des synergies avec l’écosystème entreprene­urial estrien. Depuis 2002, Filaction a investi dans de nombreuses entreprise­s de la région. Le fonds favorise l’entreprene­uriat féminin, le développem­ent durable ainsi que le tourisme. Filaction a été créé à l’initiative de Fondaction. – M.-P.F.

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Produits forestiers Résolu a diversifié ses activités afin de contrer le déclin du papier journal et d’autres produits comme le papier d’écriture.

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