Les Affaires

Trois concepts fondamenta­ux pour réussir en Bourse

- Philippe Le Blanc redactionl­esaffaires@tc.tc

Selon Warren Buffett, « il y a trois concepts de base qui permettent d’investir avec succès: considérer les titres boursiers comme des entreprise­s, avoir la bonne attitude par rapport au marché boursier (utilisez-le, ne le laissez pas guider vos actions) et s’assurer d’une marge de sécurité ».

Voilà une formule très simple. J’ajouterais néanmoins que la majorité des investisse­urs peinent à l’appliquer.

Voyons chacun de ces concepts plus en détail pour tenter de mieux les comprendre: Une action d’une société n’est pas seulement un bout de papier qu’on peut acheter ou vendre instantané­ment en Bourse, c’est avant tout le titre de propriété d’une véritable entreprise. Il est trop facile de perdre ce concept de vue. N’est-il pas tout à fait incroyable de penser que la Bourse nous permet d’être propriétai­res d’une entreprise que l’on a pu choisir et de la conserver pendant des années en participan­t à sa croissance?

À mon avis, adopter l’attitude d’un propriétai­re plutôt que celle d’un boursicote­ur change toute la perspectiv­e d’un investisse­ur ainsi que ses comporteme­nts. Si vous étiez propriétai­re d’une petite entreprise exploitant le dépanneur de votre quartier, seriez-vous sans cesse tenté de la vendre au moindre soubresaut dans ses résultats financiers? Seriez-vous inquiété outre mesure par les résultats un peu décevants d’un trimestre ou auriez-vous plutôt le regard fixé sur les défis auxquels elle fait face, de même que sur son potentiel de croissance?

Le propriétai­re est ni plus ni moins « marié » à son entreprise, pour le meilleur et pour le pire. Lorsque les choses vont mal, il travaille d’arrache-pied à trouver des solutions. Lorsqu’elles vont bien, il pense à développer de nouvelles avenues de croissance. Il peut toujours prendre la décision de vendre, mais le processus est généraleme­nt fastidieux et coûteux.

L’investisse­ur boursier jouit d’un avantage non négligeabl­e par rapport au propriétai­re d’une entreprise privée: ses actions sont négociable­s. Si la société dont il est actionnair­e connaît des difficulté­s et qu’il juge ses perspectiv­es de croissance futures plutôt médiocres, il peut aisément vendre ses actions.

Un autre avantage important est que l’investisse­ur boursier peut facilement diversifie­r son portefeuil­le de placement parmi plusieurs titres de sociétés triées sur le volet. L’entreprene­ur a typiquemen­t la majeure partie de sa fortune personnell­e investie dans son entreprise, ce qui magnifie les risques: un succès peut le rendre très riche, mais un échec peut lui faire tout perdre.

En investissa­nt selon la perspectiv­e d’un propriétai­re, l’investisse­ur adopte naturellem­ent une vision à long terme et minimise les transactio­ns de son portefeuil­le. Avoir la bonne attitude par rapport au marché boursier. Revenons à notre exemple du propriétai­re du dépanneur du coin. Supposez maintenant que vous avez un partenaire minoritair­e dans cette entreprise. Or, ce partenaire a une particular­ité: il souffre d’un trouble bipolaire. Comme il prend des médicament­s, il est la plupart du temps tout à fait calme et rationnel. Mais certains jours, vous notez qu’il peut être euphorique et excité. Ces jours-là, il est prêt à acheter vos parts de l’entreprise à un prix très généreux. D’autres jours, c’est tout le contraire, il devient pessimiste à l’excès et est prêt à vous vendre ses parts à prix d’aubaine.

C’est un peu de cette manière que le marché boursier se comporte. Il est ni plus ni moins bipolaire, passant de l’euphorie au plus grand pessimisme de manière récurrente. Souvenez-vous de la fin des années 1990 ; les investisse­urs n’étaient-ils pas euphorique­s et complèteme­nt gagas par rapport aux titres technologi­ques? Et comment se portaient-ils en 2008, lors de la crise financière? N’avaientils pas décidé en grand nombre de délaisser totalement la Bourse et de vendre leurs actions, peu importe les prix?

La volatilité croissante que l’on vit sur les marchés boursiers depuis quelques mois est souvent perçue comme un risque accru par les investisse­urs. Je vois les choses différemme­nt: la volatilité grandissan­te augmente les chances que des occasions d’investisse­ment se présentent. Lorsqu’elle augmente, c’est un peu comme si le partenaire de notre exemple avait égaré ses médicament­s… Investir avec une marge de sécurité. Le concept de la marge de sécurité a été développé par Benjamin Graham, le père de l’analyse fondamenta­le et mentor de première heure de Warren Buffett. C’est peut-être la notion la plus importante que l’investisse­ur valeur doit assimiler. Elle signifie essentiell­ement que, comme l’évaluation d’une entreprise est une science plutôt inexacte, il faut toujours tenter de se ménager une large marge de sécurité lorsqu’on prend la décision d’acheter le titre d’une entreprise. Par exemple, après avoir fait vos analyses, vous arrivez à une évaluation de 100$ l’action pour le titre d’une société que vous convoitez. Si vous voulez vous doter d’une marge de sécurité appréciabl­e, vous serez acheteur du titre à 70$ ou 75$, tout au plus. Vous ne l’achèterez pas à 90$.

La marge de sécurité s’applique à bien d’autres décisions qu’aura à prendre l’investisse­ur. Elle dicte notamment d’être très prudent quant à la dette, tant en ce qui a trait à l’utilisatio­n de la marge pour investir (un investisse­ur prudent ne l’utilise jamais) que dans l’évaluation des entreprise­s de son portefeuil­le – l’investisse­ur prudent évite autant que possible les sociétés trop endettées.

La constructi­on d’un portefeuil­le est aussi largement influencée par le concept de la marge de sécurité. La saine diversific­ation d’un portefeuil­le est très importante et l’investisse­ur devrait par exemple s’assurer que chacun de ses titres ne représente pas un trop grand pourcentag­e du portefeuil­le et qu’un secteur n’y est pas trop surreprése­nté.

En somme, réussir en Bourse est avant tout une affaire de gros bon sens. Les trois concepts qui précèdent sont très simples et je suis persuadé que leur applicatio­n mène invariable­ment au succès d’un investisse­ur à long terme. Mais nous savons tous que la simplicité n’est pas si simple à appliquer dans la vie de tous les jours.

la

La volatilité croissante que l’on vit sur les marchés boursiers depuis quelques mois est souvent perçue comme un risque accru par les investisse­urs. Je vois les choses différemme­nt : la volatilité grandissan­te augmente les chances que des occasions d’investisse­ment se présentent.

 ??  ?? Adopter l’attitude d’un propriétai­re plutôt que celle d’un boursicote­ur change toute la perspectiv­e d’un investisse­ur. Si vous étiez propriétai­re d’une petite entreprise, seriez-vous sans cesse tenté de la vendre au moindre soubresaut dans ses résultats financiers?
Adopter l’attitude d’un propriétai­re plutôt que celle d’un boursicote­ur change toute la perspectiv­e d’un investisse­ur. Si vous étiez propriétai­re d’une petite entreprise, seriez-vous sans cesse tenté de la vendre au moindre soubresaut dans ses résultats financiers?
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada