Gérer... le climat
« Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité. » C’est le titre accrocheur d’un manifeste international publié le 3 septembre et signé par 200 artistes et scientifiques, réclamant une action urgente des gouvernements pour sauver, peu s’en faut, la planète. Ou devrait-on plutôt dire: pour sauver l’humanité telle que nous la connaissons, car « la planète, elle, va continuer », même sans nous, a rappelé une des signataires, Diane Dufresne.
Cette publication a reçu beaucoup d’écho, vedettes obligent. Mais vous souvenez-vous que le Québec a son propre manifeste en matière de gouvernance environnementale? Une déclaration, en fait. Elle est intitulée « Le climat, l’État et nous » et elle a été dévoilée en mai, après plusieurs mois de travail d’une trentaine d’éminences universitaires et d’experts d’organisations telles que l’IGOPP, le CIRANO et l’INM. Leur constat: les citoyens s’attendent à une action efficace au chapitre de l’environnement, mais « malgré les efforts considérables, les résultats ne sont pas au rendez-vous ». Pour que l’argent et le temps ne soient plus dépensés dans le vide, ils proposent donc un nouveau modèle de gouvernance, fondé sur cinq principes: pérennité, participation, coordination, rigueur et imputabilité.
Je vous en reparle aujourd’hui, parce que ce modèle a été remis sous le nez des partis en lice pour les élections provinciales, la semaine dernière, lors d’un débat à l’Institut de l’énergie Trottier. Le Parti québécois, la Coalition Avenir Québec et Québec solidaire étaient représentés par un de leurs candidats, tandis que le Parti libéral n’avait trouvé personne à déléguer pour aller débattre d’environnement.
Titre de l’événement: « Peut-on espérer une action publique en environnement inspirante, rassembleuse et efficace? » Je trouve la question splendide, empreinte d’impatience, d’inquiétude, et finalement d’un certain cynisme. (Le fait que le parti au pouvoir soit aux abonnés absents sur une telle question renforce d’ailleurs ce cynisme.)
Si on la posait à la négative, ça donnerait: « Doit-on se résoudre à la dégradation irréversible de notre habitat sur cette planète, parce qu’on n’aura tout simplement pas su s’organiser pour le préserver? » La réponse du groupe d’experts à l’origine de la déclaration est: non, organisons-nous, et voici comment faire.
C’est en effet notre responsabilité. Nous devons reconnaître que l’espèce humaine a une empreinte sur l’environnement dans le moindre recoin de la planète. Comme me l’expliquait fin août un dirigeant du Programme des Nations Unies pour l’environnement, basé à Montréal, l’heure n’est plus à la conservation des espaces naturels; nous devons maintenant les gérer. Un peu comme on gère les revenus et les dépenses d’une entreprise pour assurer sa survie, nous devons gérer nos écosystèmes pour maintenir notre place dans l’univers.
Chers candidats, saurez-vous gouverner notre habitat naturel ?
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Sur la photo d’Annick Guérard, ambassadrice Les Affaires pour le mois d’août 2018 dans le cadre de notre campagne promotionnelle (édition du 25 août, page 5), il aurait fallu lire que Mme Guérard est chef de l’exploitation de Transat et non PDG. L’entreprise est dirigée par Jean-Marc Eustache, président et chef de la direction. Toutes nos excuses.