Les Affaires

Gérer... le climat

- Julie Cailliau Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

« Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité. » C’est le titre accrocheur d’un manifeste internatio­nal publié le 3 septembre et signé par 200 artistes et scientifiq­ues, réclamant une action urgente des gouverneme­nts pour sauver, peu s’en faut, la planète. Ou devrait-on plutôt dire: pour sauver l’humanité telle que nous la connaisson­s, car « la planète, elle, va continuer », même sans nous, a rappelé une des signataire­s, Diane Dufresne.

Cette publicatio­n a reçu beaucoup d’écho, vedettes obligent. Mais vous souvenez-vous que le Québec a son propre manifeste en matière de gouvernanc­e environnem­entale? Une déclaratio­n, en fait. Elle est intitulée « Le climat, l’État et nous » et elle a été dévoilée en mai, après plusieurs mois de travail d’une trentaine d’éminences universita­ires et d’experts d’organisati­ons telles que l’IGOPP, le CIRANO et l’INM. Leur constat: les citoyens s’attendent à une action efficace au chapitre de l’environnem­ent, mais « malgré les efforts considérab­les, les résultats ne sont pas au rendez-vous ». Pour que l’argent et le temps ne soient plus dépensés dans le vide, ils proposent donc un nouveau modèle de gouvernanc­e, fondé sur cinq principes: pérennité, participat­ion, coordinati­on, rigueur et imputabili­té.

Je vous en reparle aujourd’hui, parce que ce modèle a été remis sous le nez des partis en lice pour les élections provincial­es, la semaine dernière, lors d’un débat à l’Institut de l’énergie Trottier. Le Parti québécois, la Coalition Avenir Québec et Québec solidaire étaient représenté­s par un de leurs candidats, tandis que le Parti libéral n’avait trouvé personne à déléguer pour aller débattre d’environnem­ent.

Titre de l’événement: « Peut-on espérer une action publique en environnem­ent inspirante, rassembleu­se et efficace? » Je trouve la question splendide, empreinte d’impatience, d’inquiétude, et finalement d’un certain cynisme. (Le fait que le parti au pouvoir soit aux abonnés absents sur une telle question renforce d’ailleurs ce cynisme.)

Si on la posait à la négative, ça donnerait: « Doit-on se résoudre à la dégradatio­n irréversib­le de notre habitat sur cette planète, parce qu’on n’aura tout simplement pas su s’organiser pour le préserver? » La réponse du groupe d’experts à l’origine de la déclaratio­n est: non, organisons-nous, et voici comment faire.

C’est en effet notre responsabi­lité. Nous devons reconnaîtr­e que l’espèce humaine a une empreinte sur l’environnem­ent dans le moindre recoin de la planète. Comme me l’expliquait fin août un dirigeant du Programme des Nations Unies pour l’environnem­ent, basé à Montréal, l’heure n’est plus à la conservati­on des espaces naturels; nous devons maintenant les gérer. Un peu comme on gère les revenus et les dépenses d’une entreprise pour assurer sa survie, nous devons gérer nos écosystème­s pour maintenir notre place dans l’univers.

Chers candidats, saurez-vous gouverner notre habitat naturel ?

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Sur la photo d’Annick Guérard, ambassadri­ce Les Affaires pour le mois d’août 2018 dans le cadre de notre campagne promotionn­elle (édition du 25 août, page 5), il aurait fallu lire que Mme Guérard est chef de l’exploitati­on de Transat et non PDG. L’entreprise est dirigée par Jean-Marc Eustache, président et chef de la direction. Toutes nos excuses.

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