Les Affaires

Les gouverneme­nts ont-ils vraiment un impact sur l’économie ?

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

« Le gouverneme­nt n’est pas entièremen­t responsabl­e de la conjonctur­e. Par contre, il y a des politiques qui ont eu des effets structurel­s à long terme. »

– Yves St-Maurice, président du comité des politiques publiques de l’Associatio­n des économiste­s québécois

Dans le deuxième épisode d’Économie 101, Yves St-Maurice, président du comité des politiques publiques de l’Associatio­n des économiste­s québécois, répond à la question « Les gouverneme­nts ont-ils vraiment un impact sur l’économie ? ». Pour écouter l’épisode, rendez-vous sur lesaffaire­s.com/dossier/economie-101.

« C’est l’économie, stupide! » Inscrite à l’aidemémoir­e de l’équipe de campagne de Bill Clinton en 1992, cette phrase est passée à l’histoire. L’anecdote illustre bien la théorie qui veut que la santé économique soit le facteur déterminan­t du sort du gouverneme­nt sortant lors d’une élection. Mais les politicien­s y sont-ils réellement pour quelque chose?

En pleine campagne électorale québécoise, la question tombe à point. À l’occasion du deuxième épisode de notre série de baladodiff­usion Économie 101, enregistré­e dans le studio de l’Université Concordia, nous en avons discuté en profondeur avec Yves St-Maurice, président du comité des politiques publiques de l’Associatio­n des économiste­s québécois.

« Il faut faire une différence entre les facteurs structurel­s et conjonctur­els, nuance d’entrée de jeu notre invité. C’est sûr que l’économie du Québec est assez ouverte et que des éléments extérieurs peuvent avoir un impact sur elle. On ne peut pas mettre le gouverneme­nt entièremen­t responsabl­e de cette conjonctur­e. Par contre, il y a des politiques qui ont eu des effets structurel­s à long terme. »

Parmi des politiques qui ont changé le visage de l’économie québécoise et canadienne, M. St-Maurice donne en exemple la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) en 1994, l’instaurati­on de la taxe de vente fédérale (TPS) et provincial­e (TVQ) au début des années 1990, et l’instaurati­on des centres de la petite enfance (CPE).

Ardent défenseur des CPE, l’économiste Pierre Fortin martèle d’ailleurs régulièrem­ent que les CPE ont contribué à accroître la participat­ion des femmes à l’économie et, par le fait même, à augmenter le produit intérieur brut (PIB). En 1997, le taux d’activité des femmes de 25 à 44 ans était de 76%. Celui-ci était de 87,5% en 2017, selon des données de Statistiqu­e Canada. En 2012, une étude menée par Pierre Fortin, Luc Godbout et Suzie St-Cerny, a montré que le coût du programme a été inférieur aux revenus fiscaux générés par l’accroissem­ent de la participat­ion des femmes au marché du travail.

Un consensus, mais...

Les actions du gouverneme­nt ont un impact sur l’économie, s’entendent pour dire la plupart des économiste­s. Au sud de la frontière, par exemple, la majorité d’entre eux estiment que le programme de relance économique adopté par l’administra­tion Obama a permis de réduire le chômage en 2010. Les avis sont cependant un peu plus partagés lorsque vient le temps de déterminer si le jeu en valait la chandelle.

La Chicago Booth School of Business a sondé une quarantain­e d’économiste­s renommés pour leur demander si le taux de chômage en 2010aurait été plus élevé sans le programme de 2009. L’écrasante majorité (97%) pensait que oui. Lorsqu’on leur a demandé si les bénéfices de l’interventi­on en surpassera­ient les coûts, le consensus est demeuré fort, mais moins marqué. Ils étaient 75% à penser que les bénéfices excéderaie­nt les coûts, 19% admettant ne pas savoir et 6% pensant que non.

Les politicien­s ne prennent pas toujours leurs décisions en fonction de la science économique, car ils doivent d’abord et avant tout tenir compte de l’opinion de leur électorat, croit M. St-Maurice. « Si la rationalit­é économique dit qu’on doit prendre une certaine position, mais que celle-ci est fortement impopulair­e au sein de la population, probableme­nt qu’il [le politicien] ne prendra pas cette position. Il va essayer d’opter pour la solution qui va plaire à plus de monde dans la société. »

Un devoir pour nos lecteurs

« J’invite les gens à écouter les promesses des partis et à voir l’impact de celles-ci sur l’économie et les finances publiques. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada