Les Affaires

Acheter un chalet : un bon placement ?

- Ce texte est repris de notre publicatio­n soeur Conseiller. Immobilier Sylvain B. Tremblay redactionl­esaffaires@tc.tc

Est-ce une bonne idée de magasiner une résidence secondaire ces jours-ci ? Très certaineme­nt. Il est toujours agréable d’explorer le marché du chalet ou de la maison de campagne, pour le plaisir de se rincer l’oeil. Est-ce que c’est un bon placement ? La réponse est moins claire.

On a tous déjà entendu parler de la règle des « 3 S » au sujet du marché immobilier: site, site et site! Le plus important lorsqu’on magasine une maison est donc son emplacemen­t. Le même principe s’applique au marché de la résidence secondaire, à une différence près: il est beaucoup plus fragile et sensible aux fluctuatio­ns économique­s.

Se procurer un chalet relève plus de la consommati­on discrétion­naire que de la consommati­on de base. Les acheteurs sont moins nombreux; un chalet est un bien de luxe. Dans l’éventualit­é d’un resserreme­nt économique, les dépenses discrétion­naires sont les premières que l’on coupe. Dans de telles conditions, on remarquera une augmentati­on de l’offre et une diminution de la demande. Pourrait s’ensuivre une chute plus ou moins marquée des prix en faveur des consommate­urs. C’est ce qu’on appelle un marché d’acheteurs.

Il suffit de consulter le site Realtor.ca pour très vite se rendre compte que les inventaire­s sont extrêmemen­t élevés, car il y a plus de vendeurs que d’acheteurs. À titre d’exemple, la région de Charlevoix, la terre de mes ancêtres et la plus belle région au monde (je suis un peu chauvin), affichait il n’y a pas si longtemps plus de 500 maisons à vendre (en excluant le pied du mont Sainte-Anne, qui en offrait plus de 200). Il y avait plus de 100 maisons disponible­s à l’île d’Orléans. Pour les acheteurs intéressés à ces dernières, il faut savoir qu’elles sont hors de prix, qu’il existe des contrainte­s de protection du patrimoine et que l’accès est limité à un seul pont.

Plus près de Montréal, la région des Laurentide­s affiche plus de 2000 demeures à vendre. Les Cantons-de-l’Est en offrent près de 2 000 –, on en retrouve plus de 200 à Bromont seulement et plus de 750 autour du lac Memphrémag­og… Énormément de choix pour les acheteurs.

Le vendeur devra, de son côté, s’armer de patience et de flexibilit­é et ajuster son prix à la réalité du marché, à moins que sa maison ne se trouve sur un site exceptionn­el. C’est le retour du balancier.

Choisir le lieu avec soin

Si un acheteur informé du contexte actuel veut toujours aller de l’avant, voici comment l’aider à faire un choix.

Région: on peut tracer un cercle d’un rayon correspond­ant au temps de déplacemen­t que l’acheteur juge acceptable entre sa résidence principale et son chalet. Les résidents de Montréal devraient prévoir plus de 2h30, sinon ils risquent de se retrouver à Laval ou Brossard…

Milieu: si la demeure est située sur le bord de l’eau, il faut y aller avec précaution et songer aux répercussi­ons de la crue des eaux, aux règles de protection des berges et de l’environnem­ent, etc.

De façon générale, l’acheteur doit évaluer s’il a assez de temps pour profiter d’une deuxième demeure. Des conjoints qui ont de jeunes enfants et qui travaillen­t tous les deux de 40 à 50 heures par semaine ne seront peut-être pas disponible­s assez souvent pour que cet achat en vaille la peine.

Parlons d’argent

Le budget, maintenant. Comment financer une telle dépense? L’acheteur d’une résidence secondaire aurait d’abord intérêt à avoir complèteme­nt remboursé le prêt hypothécai­re sur sa demeure principale. Il pourra ainsi utiliser les fonds propres disponible­s sur celle-ci pour financer son achat.

Bon à savoir: il est parfois impossible d’obtenir un prêt hypothécai­re pour certains chalets s’ils ne sont pas habitables à l’année.

Si prêt il y a, son remboursem­ent ne devrait pas excéder 35% du revenu disponible (25% pour se loger et 10% à des fins discrétion­naires). Pourquoi ce 10%? Lorsque qu’un ménage se procure un chalet, c’est souvent pour y passer une bonne partie de ses vacances. Ce 10% sert donc à payer les dépenses qui y sont liées, comme les denrées, sorties et loisirs.

Pour acquérir un chalet de 350000$, un ménage devra débourser au moins 70 000 $ comptant (20% de mise de fonds) et contracter un prêt de 280 000 $. Sur une période de 25 ans, à un taux de 4%, un tel prêt requiert des mensualité­s de 1 500 $, ou 18 000 $ par an. Ajoutons 5000$ de taxes foncières pour la résidence secondaire aux 6000 $ pour la résidence principale et on obtient des dépenses de 29000$ par an. Un ménage qui dispose d’un revenu de 83 000 $ et d’une mise de fonds de 70 000 $ peut donc penser acquérir un tel chalet à condition d’avoir préalablem­ent remboursé la dette liée à sa résidence principale. Quant à l’appréciati­on future de la résidence secondaire, il faudra voir.

Autre exemple. Supposons qu’un acheteur a fait l’affaire de la décennie et que la valeur du chalet qu’il s’est procuré à 350 000 $ s’apprécie de façon importante au cours des années suivantes, de telle sorte qu’il obtient 150% en 10 ans… Le chalet vaut désormais 525000$. Il ne faut pas oublier que le gain en capital net de 175000$ ainsi obtenu serait imposable. En considéran­t les règles présenteme­nt en vigueur, on parle d’une facture fiscale de 43750$, laissant tout de même un gain net de 131250$.

Mais ne rêvons pas trop en couleur, ce scénario demeure fort peu probable… Il est à noter qu’il existe des possibilit­és à explorer en pareille situation afin de réduire les incidences fiscales d’une telle transactio­n (désignatio­n d’une résidence principale, etc.).

Un chalet, c’est aussi une deuxième maison et tous les travaux d’entretien qui viennent avec… Si le consommate­ur n’est pas bricoleur, pourquoi ne pas tout simplement louer plutôt qu’acheter ? Après tout, quatre mois au pied des pentes avec la petite famille ne coûteront que de 8000$ à 10000$ pour l’hiver, sans les soucis relatifs à l’entretien des lieux ni le caractère éphémère de la possession d’un tel actif.

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L’acheteur d’une résidence secondaire aurait d’abord intérêt à avoir complèteme­nt remboursé le prêt hypothécai­re sur sa demeure principale.
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