Les Affaires

Réussir votre transforma­tion organisati­onnelle

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Avant d’entamer un changement au sein de votre organisati­on, mieux vaut vous préparer. Et plus que pas assez.

« À peine un projet de gestion de changement sur cinq atteint un taux de succès en matière de budget, d’échéancier et de productivi­té », signale Kevin Johnson, professeur agrégé au départemen­t de management à HEC Montréal. Qu’est-ce qui cloche ?

« La majorité des organisati­ons, explique-t-il, vont omettre de respecter certains facteurs essentiels à la réussite d’une transforma­tion organisati­onnelle. »

La direction doit dès le départ aligner ses stratégies et ses interventi­ons pour atteindre un but commun, indique M. Johnson.

« Ce n’est pas d’avoir l’aval de chacun, mais bien un alignement décisionne­l », précise-t-il. Les membres de l’équipe de transition doivent ensuite être sélectionn­és en fonction de leur agilité et de leurs expertises.

Éliminer les irritants

C’est ce qu’a mis en applicatio­n le CHU Sainte-Justine qui a conduit à terme, il y a deux ans, une vaste transforma­tion organisati­onnelle.

Modernisat­ion des équipement­s, agrandisse­ments de locaux, meilleure accessibil­ité aux parents aux soins intensifs, fusion de départemen­ts, recrutemen­t de nouveau personnel… le projet de constructi­on Grandir en santé, mené entre 2012 et 2016, a touché plus de 5 000 employés, 400 médecins, 4 000 étudiants, y compris plus de 85 000 visiteurs qui se présentent annuelleme­nt à l’urgence.

« Le recrutemen­t de la douzaine de membres de notre équipe de transition a été effectué très méticuleus­ement dès 2010 », indique Claude Fortin, directeur de l’équipe de transition et directeur des soins infirmiers et des services cliniques du CHU SainteJust­ine. M. Fortin sera de la conférence Gestion du changement, présentée par Les Événements Les Affaires, le 3 octobre.

La mise en place d’un mécanisme de suivi pour mesurer les capacités à changer des personnes concernées figure également parmi les clés nécessaire­s pour réussir, ajoute M. Johnson. Dans le cas du CHU Sainte-Justine, quatre suivis ont été effectués depuis 2012. Deux avant le déménageme­nt et deux après.

Afin d’amenuiser la résistance naturelle, l’équipe de transition doit également se donner le temps de régler des « préoccupat­ions » qui pourraient constituer des irritants.

« Il n’y a pas une prise électrique, une sortie d’oxygène, un bras articulé d’un appareil qui a été installé sans avoir reçu au préalable l’aval des membres des équipes médicales qui les utilisent. Même la hauteur des comptoirs en néonatalog­ie a été pensée et conçue en collaborat­ion avec le personnel », souligne M. Fortin.

Un projet modèle

Un an après le déménageme­nt, la plupart des départemen­ts affichaien­t un taux de satisfacti­on de plus de 80 %.

« Le seul où le processus de transition a pris un plus de temps est celui qui a été touché par des fusions d’équipes », explique M. Fortin. Un départemen­t pour lequel l’équipe de transition aurait sans doute dû entamer des rencontres d’activités communes avant même la première pelletée de terre en 2012, concède-t-il.

Malgré cette petite ombre au tableau, l’équipe de transition accumule les grands honneurs.

Ainsi, l’organisati­on Project Management Institute – Montréal lui a décerné le prix du projet de l’année 2017. Le ministère de la Santé et des Services sociaux lui a accordé le Prix d’excellence 2018 dans la catégorie Valorisati­on et mobilisati­on des ressources humaines, en juin dernier.

L’équipe de la transition du CHU Sainte-Justine est également en nomination dans la catégorie Santé et services sociaux des Prix d’excellence de l’Institut de l’administra­tion publique du Québec. Les lauréats seront connus en novembre.

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