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La distributi­on, un défi additionne­l Pas un jeu d’enfant, les enjeux légaux

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- Cannabis Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc président d’Agro-Biotech des organismes publics.

Les producteur­s de cannabis québécois se préparent à livrer leur marchandis­e, mais la distributi­on représente toujours un défi: incertitud­es, manque d’informatio­ns, préparatio­n difficile.

Le premier enjeu pour eux est d’obtenir la licence de vente, qui est différente de la licence de production. « Cela peut prendre de trois mois à un an et demi », dit Yan Dignard, le président d’Agro-Biotech. Il attendait la sienne pour la mi-septembre.

Sauf que la Société québécoise du cannabis (SQDC), la seule société du Québec à laquelle les producteur­s pourront vendre leur cannabis, n’a pas invité les entreprise­s qui n’avaient pas leur licence à participer aux appels d’offres, qui ont eu lieu il y a quelques mois. En conséquenc­e, au moment d’écrire ces lignes à la fin de l’été, le seul fournisseu­r québécois de la SQDC était Hexo. « Notre défi, sur le marché du Québec, est donc de faire notre place à la SQDC, explique M. Dignard. C’est un enjeu important. »

En attente de lignes directrice­s

Agro-Biotech a déjà commencé à communique­r avec la société d’État et dit constater une bonne ouverture, même si elle se bute toujours à la question de la licence de vente. « C’est difficile pour eux d’aller de l’avant et de nous donner de l’informatio­n sur leur mode de fonctionne­ment, dit M. Dignard. Les informatio­ns arrivent au compte-gouttes. C’est dommage parce que cela ne nous permet pas de nous préparer. »

Il aimerait par exemple connaître les besoins de la SQDC et les prix auxquels elle serait prête à acheter, dans le but d’élaborer son budget, de planifier sa production, et de décider la proportion de celle-ci à allouer au secteur du cannabis récréatif par rapport au secteur médical. L’entreprise dit comprendre que la société d’État ne puisse pas s’engager contractue­llement, mais aimerait au moins que celle-ci mette à sa dispositio­n des lignes directrice­s relatives à ce qu’elle recherche et demande de ses fournisseu­rs.

« C’est une lacune, déplore Yan Dignard. Nous aimerions simplement savoir si nous perdons notre temps ou si nous devons chercher ailleurs. Savoir que leur plan d’affaires prévoit un prix en dessous du nôtre, nous pourrions corriger le tir. Mais pour l’instant, on spécule. »

Pour l’instant, la distributi­on dans le secteur du cannabis médical continuera de fonctionne­r de la même manière: les patients achèteront directemen­t du producteur.

L’Associatio­n québécoise des pharmacien­s propriétai­res demandait toutefois l’hiver dernier que la distributi­on du cannabis thérapeuti­que soit confiée aux pharmacien­s, essentiell­ement pour protéger le consommate­ur. M. Dignard, d’Agro-Biotech, estime pour sa part que les producteur­s connaissen­t pour le moment mieux les différente­s variétés de cannabis que les pharmacien­s, et sont donc mieux placés pour conseiller les patients, même s’il croit, au final, qu’il « y a de la place pour tout le monde » sur le marché.

Marc St-Arnaud, le président de Green Joy, estime pour sa part que la distributi­on par les pharmacies pourrait même lui rendre la vie plus facile d’un point de vue logistique.

« Plutôt que d’avoir 300, 5 000 ou 20000 patients à gérer, nous n’aurions qu’un nombre restreint de pharmacies, dit-il. Mais, au final, que ce soit nous ou les pharmacies qui s’occupent de la distributi­on, l’essentiel pour nous est que le produit soit accessible pour le patient. »

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Pétard mouillé

Plusieurs producteur­s espéraient que la loi québécoise leur permette de vendre sur leurs lieux de production, un peu comme le font les vignobles. Le projet de loi initial prévoyait effectivem­ent qu’il pourrait y avoir des projets pilotes pour évaluer différente­s formes de vente au détail sous l’égide du ministère des Finances.

« Mais les parlementa­ires en ont souhaité autrement. Alors même si la Loi adoptée par Québec permet des projets pilotes, celle-ci prévoit que les projets devront concerner autre chose que la vente au détail », dit M. Desgagné.

Si les choses pouvaient toujours changer au moyen d’un amendement législatif, rien pour l’instant n’annonce de changement, au grand malheur des producteur­s qui auraient aimé proposer des projets.

Un marketing flou

La mise en oeuvre d’une stratégie de marketing et de communicat­ion présentera aussi ses défis légaux, explique Julien Fortier, avocat chez Saraïlis Avocats.

Parce que si les lois sont actuelleme­nt claires en ce qui a trait à l’illégalité de certaines pratiques, comme l’utilisatio­n de commandite­s ou d’endossemen­ts par des célébrités, ou de promotion à l’aide de représenta­tion de personnage­s ou d’animaux, il existe toujours une zone grise quant à ce qui sera toléré, note M. Fortier.

« L’enjeu est de savoir ce qui se cache derrière ce que la Loi n’interdit pas, dit-il. Car même si une forme de promotion n’est pas rendue textuellem­ent illégale dans la Loi, certains producteur­s pourraient malgré tout se retrouver dans l’eau chaude s’ils n’en respectent pas l’esprit. » – Simon Lord

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