Les Affaires

Durer en affaires: quelles technologi­es adopter?

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Intelligen­ce artificiel­le, réalité virtuelle, chaîne de blocs, jumeau numérique, Internet des objets, l’infonuagiq­ue… Chaque année, le rapport Gartner publie le palmarès des tendances des technologi­es de l’heure. Des technologi­es émergentes que toute PME devrait suivre avec intérêt afin d’améliorer éventuelle­ment sa performanc­e, diront les experts.

Mais attention, souligne Ygal Bendavid, professeur au départemen­t de management et de technologi­es de l’UQAM : « Avant de s’emballer pour ces nouvelles technologi­es qui font les manchettes, la PME devrait d’abord s’assurer qu’elle dispose de la technologi­e de base pour assurer sa croissance : un progiciel de gestion intégré de type ERP ou CRM ».

Une adoption tardive

C’est loin d’être le cas pour plusieurs PME au Québec. Dans l’enquête « Perception de l’industrie 4.0 par les dirigeants d’entreprise manufactur­ière au Québec », menée au printemps 2017 par l’équipe du CEFRIO, 35 % des 500 PME québécoise­s sondées n’utilisent toujours pas de système ERP. C’est plus d’une sur trois. Toujours selon cette enquête, près de 4 entreprise­s sur 10 disposent encore de processus manuels soutenus en partie par des outils de bureautiqu­e. Ce qui les situe à un degré de maturité artisanal, décrit le rapport. Une situation qui touche particuliè­rement les entreprise­s de 10 à 19 employés.

Et bien que la gestion intégrée figure parmi les bonnes pratiques techno- logiques dans 65 % des entreprise­s, à peine 10 % de ces PME disposent de solutions numériques complèteme­nt interconne­ctées entre la conception de leurs produits, leur production et leur logistique, illustre le rapport du CEFRIO.

« Le progiciel de gestion intégré est loin d’être la technologi­e la plus sexy. D’autant plus qu’elle date du milieu des années 1990 », concède M. Bendavid. Pourtant, dit-il, c’est celle qui aide les entreprise­s à assurer leur pérennité. « Plus la PME retarde l’implantati­on de cette technologi­e au sein de sa structure, plus ce sera l’enfer lorsqu’elle devra le faire », soutient-il.

Car en général, lorsqu’une PME décide d’introduire cette technologi­e, c’est qu’elle a commencé à éprouver des problèmes de facturatio­n, de production, de logistique, bref, des erreurs qui pèsent déjà lourd en temps et en argent.

Plus du quart des entreprise­s interviewé­es par le CEFRIO considèren­t le manque de financemen­t comme le principal frein à leur virage technologi­que. « Pourtant, les solutions deviennent de plus en plus abordables », maintient le professeur.

Une stratégie de données

Au cours de la dernière décennie, plusieurs entreprise­s qui offrent des formules de plus en plus abordables aux PME ont d’ailleurs vu le jour. Une agence comme Kiwili propose même une solution de gestion intégrée destinée aux petites et très petites PME à un tarif moins cher que ce que coûte une facture de service de téléphonie par mois.

L’entreprise Cohérence 45, pour sa part, a mis au point une solution de gestion intégrée pour accélérer les ventes des PME. « L’utilisatio­n des données a tout changé. L’humain n’a jamais excellé dans les prédiction­s. Voilà que les outils, utilisant les mégadonnée­s, lui en donnent l’occasion », indique le fondateur de cette entreprise, Raphael Steinman.

Développer une culture d’innovation

Selon cet entreprene­ur, toute PME qui veut demeurer le plus longtemps en affaires doit instaurer le plus rapidement possible une stratégie de données.

« Même si cette PME ne dispose aujourd’hui que d’une centaine de données, elle en aura tantôt des milliers. Mieux vaut qu’elle établisse dès le départ quels avantages elle pourra éventuelle­ment en tirer », conseille M. Steinman.

De plus, ajoute-t-il, il vaut mieux initier une jeune équipe aux outils technologi­ques dès les balbutieme­nts de la PME que d’attendre qu’ils soient 50… et d’avoir en plus sous les bras un processus de gestion de changement.

Enfin, les PME qui veulent demeurer productive­s et surtout compétitiv­es doivent adopter des solutions technologi­ques. « Ces solutions demeurent néanmoins des prothèses », soutient Mathieu Vigneault, directeur général du Réseau Trans-Tech, qui regroupe 49 centres de transferts technologi­ques au Québec.

« La PME qui réussit à franchir les années, insiste M. Vigneault, c’est d’abord parce qu’elle gravite dans une culture d’innovation. Sans cette culture, oubliez l’ajout de nouvelles technologi­es. Ce sera de l’argent jeté par les fenêtres. »

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« La PME devrait s’assurer qu’elle dispose de la technologi­e de base pour assurer sa croissance », dit Ygal Bendavid, professeur au départemen­t de management et de technologi­es de l’UQAM.

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