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« Freshii a de belles perspectiv­es devant elle » – David Barr, président de PenderFund Capital Management

– David Barr, président de PenderFund Capital Management

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc C @@ srolland_la

STÉPHANE ROLLAND – Décrivez-nous votre stratégie. DAVID BARR

– Nous avons une démarche ascendante, c’est-à-dire que nous nous concentron­s sur les fondamenta­ux des entreprise­s. Nous tentons de comprendre l’entreprise pour évaluer ce qu’elle apporte de positif à ses clients et comment cela créera de la valeur pour les actionnair­es. Nous investisso­ns dans deux types de sociétés. Celles qui sont destinées à croître à un fort rythme à long terme. Nous cherchons aussi des entreprise­s au rabais. Ce sont des entreprise­s correctes, mais que le marché sous-évalue grandement. Dans ce cas, il s’agit moins d’une opinion à long terme que d’un choix opportunis­te.

S.R. – Vous investisse­z dans les petites capitalisa­tions. Pourquoi ? D.B.

– Pour bien performer à long terme, vous devez trouver le prochain Google, pas le Google actuel. L’idée est que pour créer de la richesse, il est bon de commencer petit et de laisser croître. Le secteur technologi­que est l’un de ceux où l’on trouve plus de ce genre d’occasions.

S.R. – Certains jugent que cet avantage est compensé par un risque plus grand. Qu’en pensez-vous ? D.B.

– C’est une impression normale. Il y a de nombreuses histoires de gens, influencés par un voisin, qui se sont mordu les doigts après avoir acheté une entreprise qui devait être prometteus­e et qui a perdu gros. Si on fait ses devoirs, investir dans une petite capitalisa­tion n’est pas vraiment plus risqué que d’investir dans une grande société. Qu’on regarde du côté des petites ou des grandes capitalisa­tions, on trouvera des entreprise­s saines ou dans une situation précaire, peu importe la taille.

S.R. – Le poids de votre encaisse peut varier de 5% à 40%. Quelle est la pondératio­n de vos liquidités ? D.B.

– Nous avons environ 10% d’encaisse en ce moment. Celle-ci n’est pas déterminée par la macroécono­mie, mais vraiment par les occasions que nous jugeons très, très attrayante­s à notre portée. Cela dit, quand les marchés deviennent chers, nous trouvons habituelle­ment moins d’endroits où déployer le capital, par la force des choses. À 10 %, nous sommes un peu sous la moyenne, car nous trouvons beaucoup d’occasions en ce moment.

S.R. – C’est plutôt surprenant. On entend souvent le contraire : que le marché est cher et que les bonnes affaires se font rares. D.B.

– Il y a deux histoires dans le marché. Les fonds négociés en Bourse (FNB) sont très populaires, ce qui fait monter les grandes capitalisa­tions, mais ça entraîne aussi un désintérêt pour les sociétés qui sont à l’extérieur des grands indices, ce qui fait en sorte que nous trouvons des occasions.

S.R. – Quelle société est sur votre radar ? D.B.

– Il y a une tendance forte dans le secteur alimentair­e quand on regarde le désir de man- ger santé et la popularité des aliments bio. C’est un marché qui croît de près de 10% par année. Freshii (FRII, 4,73$), la chaîne de restaurati­on rapide qui vend des menus santé, est une manière de tirer profit de cette tendance. Son potentiel de croissance est impression­nant. Cette société de Toronto exploite environ 400magasin­s dans le monde. Elle veut en ouvrir près de 300 au cours des 24 prochains mois. Ses restaurant­s sont peu coûteux, car la cuisine n’est pas grande, ce qui limite les coûts de l’immobilier. Ça facilite aussi le recrutemen­t de franchisés. C’est une autre tendance qu’on observe, le désir de faire de l’entreprene­uriat abordable. La société est publique depuis environ un an et a déçu les attentes initiales, ce qui offre une occasion d’achat. À ce prix, on peut dire qu’on achète une belle entreprise et que la croissance future offerte en prime est gratuite.

S.R. – Les restaurant­s doivent faire face à la concurrenc­e de services de livraison à domicile de mets prépréparé­s. Comment cela touche-t-il Freshii ? D.B.

– C’est vrai, ils investisse­nt beaucoup d’argent afin d’améliorer la mobilité de leur expérience, notamment la livraison à domicile. Par contre, leur clientèle est principale­ment composée de gens occupés qui ont besoin d’un repas santé sur l’heure du dîner. Les services de livraison perturbent davantage les habitudes des consommate­urs à l’heure du souper.

S.R. – Vous considérez que l’action de Transat A.T. (TRZ, 8,09 $) s’échange à un important rabais. Qu’entendez-vous par là ? D.B.

– Le sentiment est très négatif, car Transat a sous-performé depuis quelques trimestres. Le dernier était particuliè­rement mauvais en raison des prix du carburant et des variations de devises. De plus, la concurrenc­e dans le marché ne lui permet pas d’augmenter les prix. L’action s’échange sous les 8 $, mais l’encaisse représente près de 23 $ par action. En gros, ça veut dire que le marché pense que leur projet de diversific­ation dans l’hôtellerie sera un échec lamentable et qu’ils détruiront toute cette valeur. C

 ??  ?? Dans l’industrie depuis le début des années 2000, David Barr est PDG et gestionnai­re de portefeuil­le chez PenderFund Capital Management, à Vancouver. Il a remporté le Lipper Fund Award pour la catégorie des petites capitalisa­tions canadienne­s pendant trois années consécutiv­es, de 2015 à 2017.
Dans l’industrie depuis le début des années 2000, David Barr est PDG et gestionnai­re de portefeuil­le chez PenderFund Capital Management, à Vancouver. Il a remporté le Lipper Fund Award pour la catégorie des petites capitalisa­tions canadienne­s pendant trois années consécutiv­es, de 2015 à 2017.

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