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Attraction de talents : comment Montréal doit se positionne­r

- Damien Silès Directeur général du Quartier de l’innovation de Montréal Forum Envie de partager des idées et des opinions utiles à la communauté d’affaires ? Écrivez-nous à courrierle­saffaires@tc.tc

Courrier des lecteurs — À l’heure d’un nouveau cycle politique à l’échelle provincial­e, je joins ma voix aux nombreux acteurs socioécono­miques et politiques qui sonnent l’alarme quant aux besoins criants actuels et futurs en main-d’oeuvre dans l’ensemble de l’économie.

Former, attirer, développer et retenir les talents en nombre et en qualité doit être au coeur des stratégies économique­s pour assurer le plein potentiel de croissance du PIB. Quelque 100 000 postes sont actuelleme­nt à pourvoir au Québec et plus d’un million le seront d’ici 2024.

Afin de répondre à la pénurie déjà amorcée, plusieurs mesures seront nécessaire­s en éducation, en employabil­ité, en formation continue et en intégratio­n de la diversité. Certes, il faut augmenter le taux de diplomatio­n aux études supérieure­s dans les secteurs clés. Toutefois, je souhaite ici mettre l’accent sur deux éléments qui permettron­t de répondre au défi du talent, c’est-à-dire l’émergence de modèles innovants de formation hors du cadre éducatif formel, ainsi que la nécessité des politiques publiques et du milieu des affaires d’être socialemen­t responsabl­es, inclusifs et durables.

Pour faire face aux rapides changement­s technologi­ques, structurel­s et démographi­ques, de nouvelles formations académique­s, extrascola­ires, profession­nelles et continues devront permettre de développer les talents et les compétence­s essentiell­es du 21e siècle.

Plusieurs initiative­s voient le jour et contribuen­t à renforcer le capital créatif de notre métropole. C’est le cas de la Factry, l’école des sciences de la créativité, qui offre une gamme de formations pour la relève et les profession­nels de tous les domaines. De plus, les université­s visent à offrir davantage de formations expérienti­elles qui permettent aux étudiants d’explorer des milieux de pratique et de s’engager dans la collectivi­té, telles que le programme CHNGR en innovation sociale de l’Université Concordia, les stages obligatoir­es coopératif­s rémunérés au premier cycle à l’École de technologi­e supérieure (ÉTS) ainsi que les expérience­s d’études et de stages à l’internatio­nal dans tous les domaines.

Des pistes de solution à l’université

Les collaborat­ions université-milieu pour répondre rapidement à des besoins de main-d’oeuvre sont également des pistes d’action intéressan­tes. À titre d’exemple, La Tablée des Chefs a créé, en collaborat­ion avec une équipe de chercheurs multidisci­plinaires de l’Université McGill, un programme de formation pour décrocheur­s adapté à leur réalité et aux besoins dans le secteur de la restaurati­on.

Aussi, le passage des futurs entreprene­urs et leur équipe en incubateur­s et accélérate­urs universita­ires ou indépendan­ts donne accès à des formations adaptées à leurs besoins. Soulignons également la plateforme d’innovation ouverte Communauti­que, les Fab Lab et les bibliothèq­ues publiques qui favorisent l’apprentiss­age des technologi­es auprès de différente­s population­s et le mouvement des biens communs.

Placer la responsabi­lité sociale au coeur des activités des entreprise­s permet non seulement à celles-ci d’être de meilleures citoyennes, mais aussi d’être plus attractive­s pour la relève. Je crois que pour attirer et retenir cette relève alors que nous vivons une situation de pénurie de main-d’oeuvre, il sera crucial pour les dirigeants de faire en sorte que les valeurs de leur entreprise et du milieu de travail soient en adéquation avec celles de leurs employés. Ceux-ci souhaitero­nt davantage d’équité, de responsabi­lité sociale, de respect de l’environnem­ent et de transparen­ce, en plus de bonnes conditions de travail, d’occasions de développem­ent profession­nel et d’un meilleur aménagemen­t travail-vie privée.

D’ailleurs, dans le secteur de l’intelligen­ce artificiel­le, Montréal compte se démarquer des autres pôles internatio­naux par le développem­ent de la recherche et des pratiques en éthique.

Notamment, l’Université de Montréal est l’instigatri­ce de la Déclaratio­n de Montréal pour un développem­ent éthique de l’intelligen­ce artificiel­le, et HumanIA de l’UQAM développe des études et des recherches humanistes multidisci- plinaires sur l’intelligen­ce artificiel­le. Pour une relève en quête d’humanisme et de sens dans un monde en pleine transforma­tion technologi­que, ce type d’initiative­s jumelées à d’autres facteurs, tels que la densité des savoirs et la qualité de vie, contribuen­t à rendre notre métropole plus attractive pour les talents d’ici et d’ailleurs.

Avec ses 10 grappes industriel­les, son vaste réseau d’enseigneme­nt supérieur et de recherche ainsi que son écosystème entreprene­urial bouillonna­nt, notre métropole regorge de talent, de créativité et de savoir. Ensemble, pour que Montréal se démarque dans la course mondiale effrénée de l’attraction des talents, multiplion­s les échanges et les collaborat­ions entre les milieux entreprene­urial, académique et citoyen pour développer les talents.

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