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Nathan Resnick, fondateur, Sourcify

– Nathan Resnick, fondateur, Sourcify

- D.B. – Quel service offrez-vous? N.R. D.B. – Comment avez-vous eu cette idée?

Étudiant, l’Américain Nathan

Resnick séjourne en Chine. Il devient ensuite détaillant. Pendant 10 ans, il entretient des relations avec des fabricants asiatiques. Les défis rencontrés l’ont incité à créer Sourcify, une plateforme qui propose plus de 700 usines asiatiques et mexicaines aux détaillant­s, et facilite la relation entre ceux-ci et les manufactur­iers.

DIANE BÉRARD – Quelle est la mission de Sourcify?

NATHAN RESNICK – Nous aidons les détaillant­s, surtout ceux qui vendent en ligne, à trouver des sous-traitants fiables en Asie pour fabriquer leurs produits. Nous facilition­s aussi leur relation avec ces fabricants, par l’entremise d’un concierge numérique. En somme, nous nous attaquons aux trois préoccupat­ions principale­s liées à la sous-traitance à l’étranger: les coûts, la confiance et la sécurité. En moyenne, nos clients observent une réduction de leurs coûts du tiers (32%), par rapport à la méthode de sous-traitance employée jusque-là. La confiance est assurée par notre processus de présélecti­on des usines proposées sur notre plateforme. La sécurité est celle des transactio­ns et des échanges. Ceux-ci se font par l’entremise d’un environnem­ent contrôlé, la plateforme, et non par des courriels et des appels téléphoniq­ues.

N.R. – Il existe quatre façons de gérer la sous-traitance manufactur­ière. Vous pouvez passer par une place de marché, comme Alibaba et ThomasNet. On y trouve beaucoup de choix. Par contre, il n’y a pas vraiment de tri. On ne peut pas nécessaire­ment se fier aux commentair­es des utilisateu­rs non plus. Vous pouvez aussi fréquenter les foires internatio­nales. Cette fois, vous avez un contact direct avec les manufactur­iers, mais ces voyages coûtent cher. Des agents peuvent faire le travail à votre place. Toutefois, cela augmente vos coûts et insère un intermédia­ire entre votre fournisseu­r et vous. Nous faisons partie de la quatrième solution: les plateforme­s automatisé­es de sous-traitance. Celles-ci évaluent les manufactur­iers et font le tri. De plus, contrairem­ent à une place de marché, ces plateforme­s permettent de suivre le processus de production. On injecte de la transparen­ce dans le processus. Ce qui se passe entre la commande à un sous-traitant étranger et la livraison s’apparente souvent à une boîte noire.

– Sourcify a deux bureaux: un à San Diego, aux États-Unis, et l’autre à Guangzhou, en Chine. Notre plateforme propose plus de 700 usines en Inde, au Vietnam, au Mexique, en Thaïlande et en Chine. Celles-ci fabriquent plus de 100catégor­ies de produits. Les entreprene­urs utilisent notre plateforme pour trouver l’usine qui correspond le mieux à leurs besoins de fabricatio­n. Pour chacune, l’entreprene­ur dispose de renseignem­ents sur les normes et les certificat­ions de qualité, le prix de fabricatio­n, la liste de clients, la technologi­e employée, les revenus, la taille des commandes souhaitées, etc. Nous avons visité ces usines, nous avons bâti des relations avec tous ces manufactur­iers.

N.R. – J’ai été détaillant en ligne pendant 10 ans. J’ai fait fabriquer une douzaine de produits. La chaîne d’approvisio­nnement, c’est le cauchemar de tous les détaillant­s. Pourtant, j’ai déjà vécu en Chine, lors d’un échange étudiant, et j’y connais de nombreux manufactur­iers. Imaginez la vie des entreprene­urs qui partent de zéro. J’ai commencé par offrir un service d’entremette­ur. Des détaillant­s me payaient afin que je leur présente des manufactur­iers par courriel. C’était le début d’une idée, mais pas d’un modèle d’entreprise. Il fallait automatise­r ce processus. C’est là que j’ai découvert l’existence des plateforme­s de sous-traitance. J’ai décidé d’en démarrer une.

D.B. – Quelles sont les étapes d’utilisatio­n de vos services?

N.R. – D’abord, vous définissez les caractéris­tiques du produit que vous souhaitez faire fabriquer. Des croquis sont toujours appréciés. Une fois que vos croquis sont envoyés, vous recevez des propositio­ns de différente­s usines. Les informatio­ns de Sourcify permettent de choisir celle qui convient à vos besoins. C’est le moment de demander un échantillo­n. Lorsque celui-ci vous satisfait, vous recevez un devis final pour la production. On vous demandera d’avancer une partie de la somme avant le début de la production. Pendant celle-ci, les informatio­ns fournies par le manufactur­ier vous permettron­t de suivre l’état d’avancement de votre commande. La plateforme sert aussi à échanger avec le sous-traitant. Lorsque la production est terminée, vous réglez le reste de la facture et on vous informe de l’état de la livraison. Tout comme pour la production, vous pouvez suivre la progressio­n de la livraison sur notre plateforme. Après chaque commande, on vous demande de noter votre sous-traitant et de partager votre expérience, pour enrichir notre banque d’informatio­ns.

D.B. – Votre modèle a-t-il évolué depuis le lancement, en mars 2017?

N.R. – Oui, au début, nous visions le marché des PME. Aujourd’hui, nous avons pivoté vers des entreprise­s plus grandes. Les fabricants recherchen­t des commandes plus importante­s. Nous aidons les entreprise­s de taille moyenne à gagner de la vitesse et du volume tout en contrôlant leurs coûts. Et nous apaisons leurs craintes de dérapage issues de la perte de contrôle liée à la croissance.

D.B. – Pouvez-vous nous donner des exemples de clients ?

N.R. – Island Surf Outfitters, un détaillant d’articles pour le surf, a décidé d’ajouter une gamme de produits maison à son offre afin d’accroître sa marge bénéficiai­re. Distribuer des marques connues comme Billabong et Brixton avait permis au détaillant de dégager les produits les plus populaires auprès de ses clients. Ce sont ceux-là qu’ils ont créés pour leur marque privée. Sourcify les a guidés dans la recherche de partenaire­s pour fabriquer leurs montres, flips flops, vêtements et autres articles. L’histoire de Thomas Perretta est différente. Ce gars-là s’ennuyait au travail. Il rêvait d’être entreprene­ur en regardant Shark Tank [la version américaine de Dans l’oeil du dragon]. Il a choisi de créer des montres, mais il n’a pas d’expérience en production. Il échange quelques courriels avec des manufactur­iers asiatiques, sans en tirer un sentiment de confiance suffisant. Et les délais de réponse se révèlent trop longs. En naviguant sur le site chinois Alibaba, il découvre Sourcify. Aujourd’hui, Tomas Felice est une marque de niche reconnue. Ma troisième histoire est celle du manufactur­ier de barbecues JJGeorge qui, lui, ne cherchait pas à faire fabriquer tout son produit à l’étranger. JJGeorge tire une grande fierté de la fabricatio­n de ses barbecues aux États-Unis. Toutefois, la fabricatio­n locale d’une des pièces, les roues sous l’appareil, lui coûtent une fortune. Il voulait donc la sous-traiter. Sourcify a découvert cinq manufactur­iers chinois produisant ce type de roues. JJGeorge a trouvé celui qui convient parfaiteme­nt à ses besoins. Cela lui a permis de réduire de 65% le coût de cette pièce.

D.B. – Votre marketing mise surtout sur

la création de contenu. Expliquez-nous.

N.R. – L’informatio­n a beaucoup de valeur aux yeux de nos clients. Il a semblé naturel que Sourcify devienne une référence de la fabricatio­n à l’étranger. Notre site comprend une section « Apprendre » ( Learn) où l’on trouve un guide de la fabricatio­n en Chine, en Inde et au Vietnam, des cas de clients, des informatio­ns sur le commerce en ligne et des articles.

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