Les Affaires

Bien planifier sa transforma­tion numérique

- Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Un casse-tête, la gestion des changement­s liés aux technologi­es de l’informatio­n (TI)? Assurément… si la préparatio­n est inadéquate. Comment bien planifier votre transforma­tion et assurer une mise en oeuvre sans anicroche de votre stratégie? Dans un contexte de modernisat­ion technologi­que au public, il s’agit d’une question plus que pressante dans ce secteur. Les experts ont des réponses.

« Peut-être parce que c’est moins palpable, la gestion du changement est malheureus­ement encore aujourd’hui le parent pauvre des transforma­tions numériques. Pourtant, c’est un des éléments clés du succès », dit Sylvie Dumas, associée et vice-présidente des ventes chez Projexia.

Pour bien mener un changement technologi­que, les organisati­ons publiques – et privées, d’ailleurs – ont, selon elle, avantage à communique­r clairement les raisons qui le rendent nécessaire. Mais au-delà de cela, elles doivent également écouter pour prendre le pouls des différente­s équipes et connaître leurs préoccupat­ions. « S’il y a une poche de résistance dans un service, c’est important pour l’organisati­on de le savoir, de poser des questions et d’écouter les réponses », dit Mme Dumas, qui sera conférenci­ère à l’événement « Gestion des TI dans le secteur public », organisé le 20 novembre par le Groupe Les Affaires.

Les gens doivent avoir des tribunes sur lesquelles ils peuvent s’exprimer, ce qui permet à l’organisati­on de mieux comprendre les craintes, pour les apaiser, ou de mieux expliquer l’importance et l’avantage du changement autant pour l’organisati­on que pour les individus eux-mêmes.

Charles Cormier, président et conseiller stratégiqu­e de Chuck & Co., une firme de Québec qui se spécialise dans la transforma­tion numérique et qui travaille souvent avec des clients du public, est du même avis. Il estime qu’il faut rapidement expliquer les avantages du changement aux différente­s équipes. Surtout dans les types de projets qui, comme ceux dans lesquels sa firme se spécialise, soit la gestion documentai­re, relèvent d’une tâche ou d’un processus qui n’est peut-être pas des plus excitants pour le commun des mortels. « Gérer des documents, c’est parfois ennuyeux, admet M. Cormier. Alors quand on parle de changement­s technologi­ques comme ceux-là, il faut absolument parler d’avantages immédiats pour l’utilisateu­r. »

Si le seul avantage communiqué d’un nouvel outil numérique de gestion de documents est de respecter une loi ou un règlement, l’organisati­on risque de passer à côté d’une adoption rapide et généralisé­e. Par contre, si celle-ci met de l’avant que la nouvelle applicatio­n permet de signer plus rapidement les documents, elle maximise ses chances de voir sa transforma­tion réussir.

Évangélise­r, mais écouter

Vaut mieux prévenir que guérir. De même, vaut mieux prévoir les problèmes pour les solutionne­r avant de s’y frapper. M. Cormier conseille donc aux organisati­ons de mettre en place une équipe dont la mission consistera à cerner les champions de la transforma­tion, ou early adopters, mais aussi ses détracteur­s, qu’il s’agisse d’équipes entières ou d’individus. Cette stratégie vise ensuite deux objectifs.

Le premier est de faire des « évangélist­es » des champions qui parleront des avantages liés à la transforma­tion numérique dans le but de convaincre les autres. Le deuxième est de mieux comprendre les réticences des détracteur­s, explique M. Cormier. « On peut ensuite négocier avec eux pour éviter que tout éclate en cours de projet, ou même améliorer le projet en réponse à leurs commentair­es. »

Commencer tôt et persister

La gestion du changement doit être prévue dès le départ. Cela signifie notamment d’impliquer dès le début toutes les parties prenantes, y compris les utilisateu­rs, ce qui permet entre autres de mieux définir les besoins. Mais surtout, cela permet de réduire les résistance­s. Car lorsque les utilisateu­rs ne se sentent pas impliqués dès le début, ils se sentent mis de côté, explique M. Cormier. « Et quand ça arrive, il en résulte souvent qu’il y a une frange qui résiste au changement jusqu’à la mort. »

Par la suite, la communicat­ion permet de susciter l’adhésion au projet de transforma­tion, mais aussi de prévenir un problème plus banal : l’oubli. Dans les grands organismes publics, les projets et changement­s liés aux TI peuvent parfois prendre des mois sinon des années à se terminer. Durant ce temps, les employés, même si le nouvel outil leur a été expliqué, ont donc le temps d’oublier leur formation, voire d’oublier qu’un changement s’en vient. C’est sans compter le roulement de personnel, qui érode le bassin de connaissan­ces et de compétence­s.

Quelle forme de communicat­ion privilégie­r? M. Cormier recommande plutôt de les multiplier pour donner à tout un chacun les moyens de s’informer et de se former : articles de blogue à l’interne, courriels, webinaires et capsules éducatives. « On ne communique­ra jamais assez, dit M. Cormier. C’est comme en marketing : c’est la répétition qui fait en sorte que le message passe. Alors il faut répéter. »

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