Les Affaires

Si la CAQ souhaite promouvoir l’économie, il faut s’ouvrir au cannabis

- Forum

Courrier des lecteurs — Le nouveau premier ministre du Québec François Legault, de la Coalition Avenir Québec (CAQ), dit qu’il veut remettre plus d’argent dans les portefeuil­les des Québécois.

Et maintenant que la CAQ a le mandat d’un gouverneme­nt majoritair­e, les paroles vont bientôt se transforme­r en actions.

Legault et la CAQ ont déjà déclaré qu’ils sont en faveur d’un rôle croissant du secteur privé dans la santé et qu’ils veulent se débarrasse­r de la bureaucrat­ie au Québec. Cependant, ils veulent réduire les taxes et les impôts.

En outre, la CAQ prétend que la Société des alcools du Québec (SAQ) « profite du statut de monopole pour faire payer davantage les consommate­urs » et que le temps est venu de mettre fin au monopole de la vente des produits alcoolisés au Québec.

Chaque propositio­n représente une occasion historique pour les consommate­urs et les entreprene­urs qui vont prospérer davantage.

Mais sur l’enjeu du cannabis, les caquistes ont tort et cette décision fera mal aux consommate­urs et aux citoyens du Québec.

Des lois trop restrictiv­es

Comme le Globe and Mail l’a rapporté la semaine dernière, le Québec aura les lois les plus restrictiv­es du Canada en ce qui concerne le cannabis. Dans la version de la loi proposée par le gouver- nement précédent, les Québécois se voyaient interdits de cultiver le cannabis à la maison et auraient eu à choisir parmi seulement 25 points de vente dans la province, dont quatre à Montréal. De plus, les prix auraient été fixés par la nouvelle Société québécoise du cannabis (SQDC), et les citoyens n’auraient pu détenir que 150 grammes de cannabis séché par domicile. Or, la CAQ avait voté contre le projet de loi en juin et souhaitait encore plus de réglementa­tion, notamment celle d’interdire la consommati­on du cannabis dans les lieux publics et fixer l’âge légal à 21 ans.

Déjà, seuls le Manitoba et le Québec interdisen­t la culture du cannabis à domicile, tandis que le gouverneme­nt fédéral permet jusqu’à quatre plantes.

Pour Legault et la CAQ, la « banalisati­on de la consommati­on du cannabis » est une mauvaise idée. Sont-ils en train de laisser filer l’occasion de redémarrer le moteur de l’économie québécoise ?

Une économie verte et puissante

En 2019, le marché du cannabis devrait rapporter un milliard de dollars au Québec, soit près du quart de la taille du marché national.

Cela représente non seulement des revenus pour l’État, par les taxes collectées, mais aussi une invitation à des centaines d’entreprene­urs et d’innovateur­s à répondre à la nouvelle demande de la population. Le résultat : plus d’investisse­ments et plus d’emplois. Les magasins de cannabis auront besoin de biens et de services, ce qui stimulera en retour l’économie québécois. C’est un scénario gagnant-gagnant.

Cependant, c’est une réalité envisageab­le seulement si le gouverneme­nt nous offre des lois simples, efficaces et favorables au marché.

Le problème avec l’encadremen­t d’une loi restrictiv­e est simple : plus elle est restrictiv­e, plus les consommate­urs vont se tourner vers le marché noir afin de se procurer leur cannabis. Selon Deloitte, seulement 47 % de Québécois ont l’intention de s’orienter vers le marché légal avec la légalisati­on. La majorité restera fidèle au marché noir, où il n’y a aucun contrôle de l’État et aucune chance de récupérer les taxes. C’est ça le grand plan de la CAQ ?

Nous espérons que non. La légalisati­on du cannabis au Canada est une incroyable occasion de montrer la capacité de notre pays d’être un modèle en matière de frais d’innovation, d’entreprene­uriat et de politiques publiques informées et applicable­s.

Plus que les autres partis, la CAQ se distinguai­t en étant favorable au marché. Si elle veut garder cette distinctio­n au cours de leur mandat, elle doit s’ouvrir au cannabis. Yaël Ossowski, journalist­e et directeur adjoint de l’Agence pour le choix du consommate­ur (Consumer Choice Center)

Newspapers in French

Newspapers from Canada