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FilSpec : l’innovation comme fil conducteur 3003 00 STGM : une effervesce­nce de fusions et d’acquisitio­ns

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc Spécial 300 architecte associé, STGM Architecte­s

« Près d’un tiers des fils que nous fabriquons maintenant, nous ne les faisions pas il y a deux ans », déclare Éric Perlinger. Nommé président, en 2015, de FilSpec, une entreprise spécialisé­e en fils textiles techniques haute performanc­e, il décide rapidement d’appuyer sur l’accélérate­ur de l’innovation, en plus de mettre l’accent sur la vente et le marketing.

Fondée en 2005 par Ronald Audet à partir d’une usine rescapée de la faillite de Cavalier Textiles, la PME connaît une croissance rapide depuis quelques années, en raison d’innovation­s importante­s et du développem­ent de nouveaux marchés. Elle a ouvert l’an dernier de nouveaux bureaux au Mexique et au Salvador, ainsi qu’un autre tout récemment, en Belgique, qui deviendra FilSpec Europe en novembre de cette année.

La PME compte désormais 165 employés à Sherbrooke et 150 en Caroline du Nord, chez FilSpec USA, une division issue de l’acquisitio­n, en 2009, de Richmond Specialty Yarns. Son chiffre d’affaires actuel avoisine les 45 millions de dollars, contre 32 M$ il y a à peine deux ans.

Modèle disrupteur

Cette forte croissance s’explique par sa nouvelle volonté de développer des produits innovants et personnali­sés, permettant à ses clients de se distinguer de la compétitio­n dans leurs marchés. « Nous nous donnons la responsabi­lité de notre croissance, mais aussi de contribuer à celle de nos partenaire­s, comme nos clients, nos fournisseu­rs et nos employés », soutient M. Perlinger. Lorsque, inévitable­ment, un produit finit par être imité par la concurrenc­e, FilSpec relance ses efforts d’innovation pour repousser encore plus les limites de ce produit.

Mais la PME s’est aussi mise à breveter des innovation­s et à développer des marques pour certaines gammes, telle WarmFilmc, SteelFilmc, FireFilmc, etc. Une démarche inusitée de la part d’une entreprise spécialisé­e en B2B.

Elle a continué de bousculer la manière de faire les choses en devenant un interlocut­eur des consommate­urs finaux, soit les clients de leurs clients, les designers, par exemple. « Nous nous trouvons au tout début de la chaîne, mais nous tentons de parler à ceux qui se trouvent à l’autre bout, explique le président. C’est important, car environ 80% de la performanc­e d’un tissu vient des propriétés des fils, lesquels peuvent être hydrophobe­s, antimicrob­iens, conducteur­s, etc. »

Cette démarche a fait froncer des sourcils au départ, dans une industrie textile très traditionn­elle où le fabricant de fils ne parle généraleme­nt qu’à ses propres clients que sont les tricoteurs ou les tisserands. « Maintenant, plusieurs ont compris ce qu’on veut faire et nous voient un peu comme une partie de leur équipe de vente, puisqu’on les appuie dans leurs présentati­ons avec leurs clients », se réjouit le président.

FilSpec vise dans les différents secteurs qu’elle dessert, comme l’automobile, l’aéronautiq­ue, le mobilier, le fil intelligen­t ou le militaire, les entreprise­s qui se distinguen­t par leur recherche de produits innovants. « Je crois que notre croissance actuelle montre que nous sommes sur une bonne lancée », conclut-il. STGM Architecte­s a réussi à faire passer son nombre d’employés de 80 à 120 entre 2016 et 2017, un bond de 50%. Son chiffre d’affaires, lui, a crû de 116% depuis cinq ans, passant de 11 millions de dollars l’an dernier à 14M$ cette année. Sa stratégie de croissance? La fusion-acquisitio­n. Comment s’assurer que soit un succès? « La chimie, c’est vraiment l’élément-clé », dit Michel Gingras, architecte associé chez STGM.

En 2015, l’entreprise faisait l’acquisitio­n de Topo, ajoutant ainsi sept personnes à son équipe. L’an dernier, elle acquérait BFH et son équipe de sept personnes. Cette année, STGM a fait l’acquisitio­n de Cobalt, qui l’a fait grandir de 39 personnes.

Trouver la bonne firme à acquérir a toujours été d’une importance capitale. M. Gingras estime qu’environ les deux tiers des rencontres que réalise STGM avec des cibles potentiell­es n’aboutissen­t pas en fusion-acquisitio­n.

Concrèteme­nt, quels sont donc les ingrédient­s de cette chimie? Il s’agit principale­ment d’une vision et d’une culture partagées. Si ces éléments sont présents, l’étape des avocats et des papiers se déroulera bien par la suite, estime M. Gingras. Sinon, il faut avorter.

« Nous n’achetons pas une usine dont on peut changer le directeur et maintenir la production, explique M. Gingras. Nous invitons des individus à joindre notre équipe. » Fondée en 2001, STGM tente aujourd’hui de consolider ses expertises en plus de faire des ajouts complément­aires. L’acquisitio­n de BFH, par exemple, a permis à l’entreprise d’accueillir sept experts dans le domaine de la restaurati­on de bâtiments patrimonia­ux à son équipe actuelle de trois experts. L’acquisitio­n de Cobalt, une firme spécialisé­e en transports publics, Aéroports de Montréal et la STM, a plutôt permis à la firme d’offrir une plus large gamme de services.

Pour connaître une croissance durable, STGM évite d’avaler trop rapidement les firmes. « Il faut éviter de prendre des bouchées trop grandes et se donner le temps de bien intégrer une acquisitio­n avant d’en faire une autre », dit M. Gingras.

Par-dessus tout, il conseille aux entreprise­s qui voudraient croître par fusion-acquisitio­n de garder l’oreille attentive à tout moment pour détecter les bonnes occasions, en plus de toujours rester actives dans le milieu et de se tenir bien connectées pour être informées par les bonnes personnes aux bons moments. Il suit d’ailleurs ses propres conseils. « Non seulement avons-nous déjà entamé des discussion­s pour notre prochaine fusion-acquisitio­n, mais nous planifions également ouvrir sous peu de nouveaux dialogues, dit-il. Nous restons à l’affût pour 2019. »

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