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Innergex : diversifie­r ses activités et ses marchés 3003 00

- Spécial 300 François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

Le producteur québécois d’énergie renouvelab­le Innergex a le vent dans les pales. Son chiffre d’affaires a bondi de plus de 60% depuis trois ans, et pourrait plus que doubler d’ici 2023.

« Nos revenus pourraient facilement dépasser les 600 millions de dollars dans cinq ans », affirme le président de l’entreprise de Longueuil, Michel Letellier.

En 2017, l’entreprise a réalisé des ventes de 400,3M$. Les analystes de la Banque Nationale sont toutefois plus optimistes, car ils estiment que les revenus d’Innergex pourraient atteindre 684,6 M$ dès la fin de 2019. Chose certaine, le chiffre d’affaires du producteur d’énergie verte progresse rapidement. Une croissance qui se traduit aussi par une augmentati­on rapide du nombre d’employés, lequel devrait doubler pour franchir la barre des 500 personnes d’ici 2023.

Plusieurs facteurs expliquent cette croissance rapide des revenus et de notre effectif, selon M. Letellier. Mais à ses yeux, le premier est la qualité de l’équipe de gestionnai­res. « Nous avons des gestionnai­res compétents, qui sont capables de trouver de bons projets et d’obtenir l’acceptabil­ité sociale des collectivi­tés locales », souligne-t-il.

La capacité à trouver de bons clients pour acheter l’énergie verte d’Innergex et à gérer efficaceme­nt les activités pèse aussi dans la balance, ajoute M. Letellier.

Une équipe de gestion compétente est aussi mieux habilitée à repérer les bonnes cibles d’acquisitio­n, comme la britanno-colombienn­e Alterra Power, achetée par Innergex en 2018 au coût de 1,1 milliard de dollars.

Il va sans dire que ce type de transactio­ns a fait automatiqu­ement bondir le chiffre d’affaires d’Innergex, car Alterra Power avait des actifs qui généraient déjà des revenus au Canada, aux États-Unis et en Islande.

Un portefeuil­le énergétiqu­e varié

Cela dit, la croissance de la PME québécoise fondée en 1990 a toujours reposé et reposera toujours avant tout sur la croissance interne, précise M. Letellier. Bien entendu, à partir des projets sur lesquels Innergex planche depuis quelques années, mais aussi à partir des projets sur lesquels des sociétés avalées comme Alterra Power travaillai­ent au moment de leur acquisitio­n. Cette situation fait en sorte qu’Innergex produit ou est sur le point de produire de l’énergie avec plusieurs sources d’énergie renouve- lable, et ce, de l’hydroélect­ricité au solaire en passant par l’éolien et la géothermie. « On essaie toujours d’avoir une démarche diversifié­e de portefeuil­les énergétiqu­es », insiste le PDG.

L’entreprise mise aussi sur une diversité géographiq­ue de ses activités pour croître. Le marché canadien de la production d’énergie verte – concentré au Québec, en Ontario et en Colombie-Britanniqu­e – est devenu mature. C’est pourquoi elle s’est tournée, ces dernières années, vers le marché internatio­nal pour accroître ses revenus. Actuelleme­nt, l’entreprise réalise 86% de ses ventes au Canada, 13% en France et 1% aux États-Unis.

La France regorge d’occasions d’affaires, selon Michel Letellier. Le gouverneme­nt veut faire passer de 75 % à 50 % la portion de l’électricit­é produite dans le pays à partir de l’énergie nucléaire d’ici 2025, sans parler de sa volonté de délaisser le charbon.

Cap sur le marché américain

Malgré tout, c’est le marché américain qui sera la principale source de croissance future d’Innergex, parce que les États-Unis sont la première économie au monde et qu’ils comptent 326 millions d’habitants. « Le marché américain est une mer! Il y a tellement de potentiel là-bas », confie le président. Il donne l’exemple de deux projets au Texas qui produiront près de 700mégawat­ts l’an prochain, soit le projet éolien de Foard City (350mégawat­ts) et le projet solaire Phoebe (315 mégawatts).

L’administra­tion Trump ne milite pas en faveur d’une transition énergétiqu­e verte, s’entendent pour dire les analystes. En revanche, des États et des villes sont très actifs dans la lutte au changement climatique, comme la Californie et Cleveland.

Le gouverneur de la Californie, Jerry Brown, veut que le Golden State – la cinquième économie du monde – soit carboneutr­e d’ici 2045 et qu’il consomme 100% d’électricit­é produite à partir d’énergie renouvelab­le. À la mi-septembre, Cleveland est quant à elle devenue la première ville de l’Ohio et la 82e aux États-Unis à s’engager à s’alimenter uniquement à partir d’énergie verte pour sa consommati­on d’électricit­é d’ici 2050.

Ces types de politiques sont nombreuses aux États-Unis, ce qui explique l’enthousias­me d’Innergex pour le marché américain et sa décision récente d’ouvrir un bureau à San Diego.

Cela dit, même si les occasions d’affaires sont nombreuses, l’entreprise québécoise devra financer sa croissance rapide dans les prochaines années. Pour y arriver, elle misera sur du financemen­t traditionn­el (de la dette) et ses capitaux propres. Elle n’exclut pas non plus de faire de nouvelles émissions d’actions, mais ce serait sa dernière option, précise M. Letellier.

L’enjeu est important, car l’entreprise a relativeme­nt peu de liquidité actuelleme­nt, faisait remarquer dans une récente note les analystes de Desjardins. M. Letellier affirme que cette situation est conjonctur­elle et qu’elle tient au fait qu’Innergex a récemment racheté les parts de son partenaire Transcanad­a pour 630M$ dans cinq parcs éoliens en Gaspésie, le projet Cartier.

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