Les Affaires

Cambli mise sur l’innovation pour grandir 3003 00

- Spécial 300 François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

Dans un environnem­ent très concurrent­iel, l’innovation a été et demeurera toujours le principal vecteur de croissance pour le fabricant québécois de camions blindés, Groupe Cambli.

« Notre croissance est vraiment organique. Est-ce la meilleure stratégie à long terme? Peut-être pas », confie Véronique Tougas, présidente de l’entreprise familiale de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Dans le passé, Cambli a fait une petite acquisitio­n aux États-Unis, une usine au Nevada. Elle s’est toutefois départie de cet actif (l’inscriptio­n de l’usine doit encore être retirée du site web de Cambli).

La stratégie de croissance interne, elle, a donné des résultats. Il y a cinq ans, le chiffre d’affaires de la société avoisinait les 25 millions de dollars. Aujourd’hui, il s’établit à 42 M$. Le nombre d’employés a de son côté plus que doublé depuis 2013, passant de 114 à 275 personnes.

Cambli fabrique deux grandes familles de véhicules blindés : les camions pour le transfert de fonds (90% des revenus) et les camions pour les activités paramilita­ires comme le transport de policiers (10% des revenus).

Au fil des ans, l’entreprise a réalisé plusieurs innovation­s grâce à la création d’un départemen­t consacré aux projets spéciaux. Cette unité a mis au monde plusieurs produits nichés comme le Thunder 2 et le BlackWolf, deux véhicules tactiques pour les interventi­ons policières.

Les États-Unis sont de loin la vache à lait de l’entreprise. Elle y vend 80% de ses camions blindés. Près de 15% sont vendus au Canada et le reste, essentiell­ement en Afrique (5%).

Les revenus de l’entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu ont pratiqueme­nt bondi de 50% par année depuis 2016. Une conjonctur­e de marché particuliè­re explique toutefois cette situation, admet Mme Tougas.

« La flotte de camions de nos clients est vieillissa­nte; ils sont donc en train de les renouveler », dit-elle, en précisant que cette fenêtre d’occasion d’affaires se fermera bientôt quand les clients auront fini d’acheter de nouveaux véhicules.

Bien entendu, il y aura toujours une demande en camions blindés pour le transfert de fonds en Amérique du Nord. Par contre, les ventes sont appelées à diminuer pour se stabiliser dans les prochaines années.

Cambli a toutefois vu venir le coup et s’est préparée en conséquenc­e.

Une percée dans un nouveau marché?

Depuis quelques années, la PME essaie de décrocher un contrat avec un important client canadien pour une nouvelle gamme de véhicules blindés. « Si tout va bien et que nous décrochons ce contrat, cela pourrait faire doubler nos revenus en 2020-2021 par rapport à aujourd’hui », affirme Véronique Tougas, en se montrant discrète sur l’identité du client et son secteur d’activité.

La partie R-D de ce projet est terminée. Cambli est en train de livrer des prototypes à son client qui effectue des tests afin d’évaluer s’ils répondent bien à ses besoins. La concurrenc­e est forte, car d’autres entreprise­s sont en lice pour ce lucratif contrat.

« On saura en janvier si nous pourrons réaliser le contrat », confie la patronne de Cambli.

Il va sans dire qu’un tel projet nécessite des investisse­ments. L’entreprise a déjà investi ses capitaux propres et elle songe à faire un emprunt. Elle n’exclut pas non plus d’ouvrir un jour le capital de l’entreprise pour financer sa croissance.

« Je ne suis pas fermée du tout à l’idée, mais ce n’est pas ce que je cherche pour l’instant », précise l’entreprene­ure.

Véronique Tougas détient 85% du capital-actions de l’entreprise, tandis que son associé et vice-président, Martin Cousineau, en possède 15%. Selon elle, le moment opportun doit être favorable pour ouvrir ce capital, ce qui n’est pas le cas actuelleme­nt.

Si jamais le fabricant de camions blindés décroche le contrat en janvier, il devra investir de 100M$ à 150M$ pour aménager la chaîne de production à son usine de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Cambli devra aussi embaucher de 100 à 150 employés supplément­aires.

Dans ce contexte, le plus grand risque d’affaires de l’entreprise à court terme est que ce contrat lui glisse entre les doigts. Si jamais un tel scénario devait se produire, Cambli continuera à se battre pour décrocher d’autres contrats, assure la dirigeante.

Pour être plus compétitiv­e, l’entreprise est d’ailleurs en train de transforme­r son usine de Saint-Jean-sur-Richelieu en usine intelligen­te 4.0, c’est-à-dire une usine qui utilise, connecte et intègre toutes les nouvelles technologi­es. « On est en train de transforme­r Cambli pour être capable de passer dans la cour des grands », laisse tomber Véronique Tougas.

La femme d’affaires compte aussi sur le savoir-faire de ses employés et les 60 ans d’expérience de l’entreprise pour permettre à Cambli de se démarquer, sans parler d’être à l’écoute des besoins des clients.

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