« CoStar dispose d’un avantage concurrentiel et est peu cyclique »
Phil Taller, gestionnaire de portefeuille chez Placements Mackenzie
STÉPHANE ROLLAND – Vous cherchez des sociétés américaines à moyenne capitalisation qui ont un fort potentiel de croissance, mais dont le prix est raisonnable. Est-ce difficile à trouver à un moment où les titres de croissance « surperforment » le style valeur depuis plusieurs années ? PHIL TALLER
– C’est vrai que les évaluations des titres de croissance sont devenues plus élevées. Au cours des dernières années, nous avons tenté de réduire la cyclicité du fonds, autrement dit, réduire le bêta [mesure de la volatilité d’une action par rapport à un indice de référence]. C’est difficile à faire parce que plusieurs titres « valeurs » sont cycliques, en fait. On pense aux sociétés financières, à l’énergie et aux matériaux, notamment. C’est un défi de trouver des occasions.
S.R. – Comment faites-vous pour réduire la cyclicité des fonds ? P.T. –
Au sein de chaque secteur, on peut faire des choix qui vont réduire la volatilité. Par exemple, dans le secteur de la technologie, certains titres affichent un bêta élevé, comme ceux des fabricants de semi-conducteurs. Par contre, certaines entreprises ont un bêta très bas. C’est le cas de certaines entreprises de services technologiques. La même chose s’applique dans le secteur financier. Nous avons réduit notre pondération dans les banques pour nous tourner vers les assureurs de dommages.
S.R. – Quelle société est sur votre radar ? P.T. –
Nous aimons CoStar Group (CSGP, 395,05$ US), qui a corrigé dernièrement. Nous détenons le titre depuis longtemps et sommes satisfaits de sa performance. Nous jugeons que la correction ouvre une occasion. CoStar est une entreprise spécialisée dans les données liées à l’immobilier commercial. Ces données sont difficiles à obtenir, ce qui lui confère un avantage concurrentiel. En gros, leurs employés téléphonent aux propriétaires d’immeubles commerciaux afin de leur poser des questions et d’enrichir leur base de données. Ça prend du temps à compiler, les renseignements sont difficiles à obtenir et leur vérification l’est tout autant. Par contre, beaucoup de gens ont besoin de ces informations, que ce soit les courtiers, les banquiers, les assureurs ou les investisseurs institutionnels. Ces caractéristiques lui permettent d’avoir des marges élevées. Les flux de trésorerie sont généreux, car l’entreprise n’a pas beaucoup de dépenses d’investissement. Son bilan est sain. Dernièrement, CoStar a pris de l’expansion dans des sites web spécialisés dans l’affichage de logements à louer, comme Apartments.com.
S.R. – Un ralentissement du marché immobilier pourrait-il avoir un effet sur le titre ? P.T. –
Il y a des inquiétudes quant à un potentiel ralentissement de l’immobilier commercial et son impact éventuel sur CoStar. Je crois que les gens ont tort de s’en inquiéter. En 2009, les revenus n’ont pas baissé tant que ça et c’était la pire crise d’une génération [NDLR: Les revenus ont alors reculé de 1,3%, pour s’établir à 209,7 millions de dollars américains en 2009]. Depuis ce temps, CoStar est devenue encore moins cyclique. Auparavant, elle était beaucoup plus dépendante des courtiers immobiliers du secteur commercial. Aujourd’hui, les investisseurs institutionnels sont des clients importants en raison de leur intérêt pour l’immobilier commercial, et ils ne cesseront pas d’utiliser le service parce que le marché se corrige. Pour ce qui est d’Apartments.com, on peut dire qu’ils ne sont pas cycliques : tout le monde a besoin d’un toit au-dessus de sa tête.
S.R. – Quel secteur trouvez-vous attrayant en ce moment ? P.T. –
Nous avons augmenté notre pondération dans le secteur de la santé. Un exemple: Dentsply Sirona (XRAY, 36,90$ US). Ce sont des spécialistes de la radiographie dentaire. Le marché de la dentisterie a été plus lent dans la dernière année. L’ancienne direction a connu quelques difficultés, car elle n’a pas efficacement utilisé ses dépenses en recherche et développement. Elle a ainsi manqué des occasions. De nouveaux dirigeants sont maintenant en place. Nous les avons rencontrés. Leur plan est crédible et je crois qu’ils savent ce qu’ils doivent faire. Le portefeuille technologique est bon. Nous pensons que les choses s’amélioreront.
S.R. – L’élection de mi-mandat aux États-Unis peut-elle avoir un impact sur le secteur de la santé ? P.T. –
Si le Congrès et le Sénat ne sont pas remportés par le même parti ou si les républicains l’emportent, peu de choses risquent de survenir. Par contre, si les démocrates remportent les deux chambres, le débat sur les prix des médicaments ressurgira.
Stingray fait son entrée sur le marché européen avec l’acquisition de DJ-Matic, mais Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, s’attarde à autre chose : l’évaluation. Le titre est en baisse de 15 % depuis le début de l’année, souligne-t-il. Peu importe si l’acquisition de Music Choice, annoncée en août, se concrétise, l’escompte sur le titre s’estompera quand les investisseurs tourneront leur regard vers les prévisions pour 2020. Il hausse sa recommandation à « achat » et sa cible, à 11 $. La société affiche des revenus et un bénéfice inférieur aux attentes au 4e trimestre. Les prévisions pour le 1er trimestre sont aussi sous les attentes. Thanos Moschopoulos, de BMO Marchés des capitaux, reconnaît que l’évaluation est plutôt attrayante, mais il aimerait être plus à l’aise à l’égard de la nouvelle acquisition, Astellia, et de la constance des résultats d’Exfo. Il renouvelle une recommandation « performance de marché » et abaisse sa cible de 4,25 $ US à 3,75 $ US. Même si la marge bénéficiaire a été beaucoup plus élevée que prévu, Derek Lessard, de Valeurs mobilières TD, n’est pas convaincu que le moment est venu de bonifier sa recommandation « conserver ». L’analyste note une nouvelle accélération du nombre de fermetures de restaurants au Canada. De plus, une augmentation de la concurrence pour des acquisitions pousse les évaluations à des niveaux plus élevés. Sa cible est haussée de 58 $ à 62 $. Walter Spracklin, de RBC Marchés des Capitaux, a assisté à des rencontres avec la direction et a visité des installations du fabricant de produits plastiques. Il dit être plus confiant dans ses prévisions de croissance, qui sont supérieures à celles de l’industrie, bien que la hausse du prix des intrants vient modérer quelque peu son degré de confiance. RBC Marchés des Capitaux renouvelle une recommandation « surperformance ». La cible est maintenue à 15 $.