Les Affaires

CAQ : COMPRENDRE SES OBJECTIFS, EN ATTENDANT LES MOYENS

- Mia Homsy redactionl­esaffaires@tc.tc Macroécono­mie redactionl­esaffaires@tc.tc

Que signifie l’élection d’un gouverneme­nt de la CAQ pour l’économie du Québec? Quelles priorités seront mises de l’avant? Y aura-t-il un changement de cap majeur? Si on se fie aux énoncés économique­s mis de l’avant pendant la campagne, plusieurs indicateur­s et objectifs semblent bien ciblés et pertinents. Les moyens pour y arriver demeurent toutefois à définir.

Pour comprendre ce qui guidera les actions et décisions économique­s de la CAQ, il faut d’abord se pencher sur les indicateur­s économique­s sur lesquels François Legault veut agir. En voici une brève analyse.

Objectif 1: augmenter le nombre d’emplois offrant des salaires de 25$ à 30$ de l’heure. Déjà, 53% des salaires québécois se situent entre 12 et 25,99$ en comparaiso­n à 49% pour les salaires ontariens dans cette tranche. L’écart en faveur de l’Ontario est plutôt pour les salaires de plus de 40$ de l’heure. Les salaires horaires médians et moyens sont relativeme­nt similaires au Québec et en Ontario. L’écart s’accroît quand on regarde la rémunérati­on hebdomadai­re, parce que les Ontariens travaillen­t une heure de plus en moyenne par semaine que les Québécois.

Objectif 2: accroître le revenu disponible des Québécois et rattraper l’Ontario. Le revenu disponible au Québec est le plus faible des provinces canadienne­s. Cependant, lorsque l’on tient compte du coût de la vie plus faible au Québec, l’écart avec l’Ontario est grandement réduit, passant de 16 à 4 points de pourcentag­e.

Objectif3: améliorer la productivi­té de l’économie et réduire l’écart avec l’Ontario. La productivi­té globale en Ontario est supérieure de 11 points de pourcentag­e à celle du Québec. Cet écart tient surtout à la plus faible productivi­té dans le secteur des services et à la structure industriel­le, qui explique près du tiers de l’écart.

Objectif 4: accroître la part québécoise des investisse­ments non résidentie­ls des entreprise­s. La proportion des investisse­ments non résidentie­ls des entreprise­s du Québec par habitant est inférieure de 14 points de pourcentag­e au résultat ontarien. Toutefois, en proportion du PIB, le résultat est similaire.

Ces indicateur­s ont un point en commun: ils donnent une estimation de notre richesse individuel­le et collective et donc de notre capacité à nous procurer des biens et des services. Il faut toutefois être conscient qu’ils ne donnent qu’une partie d’un portrait global complexe, lequel dépend d’une multitude de facteurs économique­s, sociaux, culturels, démographi­ques et historique­s.

Comment atteindre ces objectifs?

Les objectifs économique­s de la CAQ sont clairs et ambitieux. Il faut maintenant attendre de voir quels moyens seront retenus pour les atteindre.

Alors que le vieillisse­ment de la population commence à peine à bouleverse­r le marché du travail et que la pénurie de main-d’oeuvre est déjà le principal frein à la croissance des entreprise­s, les enjeux économique­s appellent à un changement de cap du gouverneme­nt. Il faudra dorénavant miser sur la productivi­té et la formation plutôt que sur la création d’emplois.

L’enjeu de la main-d’oeuvre (disponibil­ité, adéquation et formation) est majeur et incontourn­able. Il est temps de le reconnaîtr­e et d’agir. L’autre défi consiste à changer la culture gouverneme­ntale, qui vise uniquement la création d’emplois, pour introduire la notion de création de valeur ajoutée et de productivi­té.

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