Les Affaires

À PROPOS DE WALMART ET DES GRANDES BANQUES

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc C @@ beauchamp_dom

Plus nous avançons dans le cycle économique et que les taux remontent à la normale, plus les orientatio­ns des entreprise­s prennent de l’importance quant à la trajectoir­e des marchés.

Des colosses américains – les six grandes banques et Walmart (WMT, 96,56$ US) – ont rendu des comptes récemment. Voici les éléments à retenir.

Walmart investit encore plus pour durer

Lors de sa rencontre annuelle avec les analystes, qui cherchent notamment à voir comment progresse son combat contre Amazon (AMZN, 1831,73$ US), Walmart a fait valoir le virage entrepris dans sa culture d’entreprise, laquelle préconise les investisse­ments en technologi­e et même le droit à l’erreur.

Le détaillant traditionn­el a mis en relief l’usage des robots Bossanova, Fast, Emma et Alphabot (tant en magasin qu’en entrepôt), la collecte en magasin de produits commandés en ligne (bientôt dans 3000 magasins) ainsi que le service de livraison qui sera offert à 60% de la population américaine l’an prochain.

Si tous les analystes saluent le nouvel effort de Walmart pour se mettre à niveau à l’ère du cybercomme­rce, certains se demandent si ses investisse­ments rapportero­nt les dividendes espérés. Scot Ciccarelli, de RBC Marchés des Capitaux, soupèse l’avantage concurrent­iel que recherche le titan en innovant et ce qu’il en coûte : deux ans de déclin du bénéfice avant impôts.

En plus, le salaire des employés et les frais de transport augmentent au moment où la guerre de prix avec l’épicier Aldi se corse.

Ce cocktail défavorabl­e nuira au levier de rentabilit­é habituel que Walmart obtient grâce aux économies d’échelle, craint M. Ciccarelli.

En un mot, au multiple de 20,2 fois le bénéfice attendu en 2019, la marge de sécurité est mince si ses investisse­ments perpétuels grugent continuell­ement sa rentabilit­é, dit M. Ciccarelli, qui fixe son cours cible à 101$ US.

Seth Sigman, de Credit Suisse, juge lui aussi le titre bien évalué en fonction d’un bénéfice par action qui augmentera d’à peine 4,42$ US à 4,78$ US entre 2018 et 2020. Son cours cible est établi à 103$ US.

Bien qu’elle conserve une cible de 100$ US, Karen Short, de Barclays, estime que Walmart a des « années-lumière » d’avance sur les épi- ciers traditionn­els. « Les investisse­urs portent trop d’attention au duel contre Amazon. Walmart est très bien positionné­e par rapport aux autres épiciers pour continuer à gagner des parts de marché dans les aliments frais, ce qui stimule les ventes de marchandis­es générales », dit-elle. Mme Short aime aussi le fait que le géant du détail finance entièremen­t sa transforma­tion sans émettre d’actions.

Les mégabanque­s américaine­s encore boudées

De leur côté, les grandes banques américaine­s ont fait bonne figure au troisième trimestre, affichant un bond de 31 % des bénéfices en moyenne, soit 7 % de plus que prévu. Seules Wells Fargo (WFC, 54,46$ US) et Citigroup (C, 69,84$ US) ont raté la cible des analystes, par 5 % et 3 %, respective­ment.

Les titres ont peu réagi aux solides résultats, parce que les investisse­urs redoutent un ralentisse­ment de la croissance des prêts, perçoivent peu d’effet de la hausse des taux sur leurs marges d’intérêts, et doutent que les bénéfices aient été aussi solides sans la baisse d’impôt, explique Scott Chan, de Canaccord Genuity.

Justement, le scepticism­e des investisse­urs confère un certain potentiel à ces titres, croit l’analyste. S’ajoute à cela un fort mouvement de hausse des dividendes et de rachats d’actions. La croissance des prêts ralentit, mais les marges des banques devraient profiter des hausses du taux directeur de septembre et de décembre, lesquelles deviennent plus rapides que la hausse des intérêts versés sur les dépôts.

« Les provisions pour prêts douteux sont aussi stables grâce à la bonne tenue de l’économie » ajoute-t-il. L’augmentati­on des ratios des capitaux propres des banques complète le portrait.

James Fotheringh­am, de BMO Marchés des capitaux, relève tous ses cours cibles sur les grandes banques parce que leurs titres sont bon marché, dans une conjonctur­e qui leur est pourtant favorable. « L’emploi est bénéfique à l’emprunt, la remontée des taux est bénéfique aux marges, et l’assoupliss­ement réglementa­ire l’est pour les capitaux propres », dit-il.

Dans l’ordre, il préfère Citigroup, Bank of America (BAC, 28,90$ US), Wells Fargo et JPMorgan Chase (JPM, 109,83$ US) en fonction du potentiel d’appréciati­on de chacun des titres. Ce potentiel dépend de leur évaluation par rapport à leur moyenne historique. Les gains espérés varient de 17% à 33%.

Gerard Cassidy, de RBC Marchés des Capitaux, réitère sa recommanda­tion d’achat et son cours cible de 85$ US pour Citigroup. La banque a promis d’améliorer son ratio d’efficacité de 5 % d’ici 2020, un facteur clé pour fouetter sa rentabilit­é. Citigroup veut aussi faire passer le rendement de l’actif tangible de 9,5% à 13,5% d’ici 2020.

La banque prévoit qu’elle aura retourné 60 milliards de dollars américains à ses actionnair­es entre 2017 et 2019 sous forme de dividendes et de rachats d’actions.

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