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DOSSIER: L'ARCHITECTU­RE COMME VECTEUR DE SUCCÈS ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

- Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Jolie seulement, l’architectu­re de qualité ? Pas exactement, répondent les architecte­s, qui attribuent à cette notion non seulement la création d’une valeur culturelle, mais aussi économique et sociale. Pour eux, une conception adéquate peut réduire l’absentéism­e au bureau, améliorer l’attrait touristiqu­e d’une région, différenci­er un projet immobilier ou soutenir le développem­ent durable.

Pour qu’un projet architectu­ral ait de la valeur, le rapport qualité-prix doit être avantageux, estime Jacques White, le directeur de l’École d’architectu­re de l’Université Laval. « Sauf que dans le cadre de nos projets d’architectu­re, en Amérique du Nord, nous avons une vision à court terme, dit-il. Nous pensons d’abord au prix, rarement à la qualité. Nous demandons combien ça coûte, mais nous réfléchiss­ons rarement à ce que ça vaut. »

Les dimensions environnem­entale, sociale, culturelle, expérienti­elle et esthétique d’un projet, par exemple, sont encore, selon lui, trop souvent évacuées des débats. Et les projets en souffrent. Car selon M. White, le succès d’un projet à moyen et à long terme – le succès économique, notamment – est lié à la qualité, donc à la valeur.

Le succès de la Cité du Multimédia, par exemple, est lié au désir de l’architecte et du gestionnai­re de projet, Clément Demers, d’opter pour la qua- lité, un attribut qu’ils croyaient essentiel pour faire d’un projet un bon investisse­ment, raconte M. White. « M. Demers répétait à qui voulait l’entendre qu’au Québec, on est "trop pauvre pour construire cheap." »

Des preuves...

Les architecte­s ont-ils des preuves pour soutenir l’idée que de payer un peu plus rapporte beaucoup plus ?

M. White admet que les architecte­s et autres chercheurs n’en sont qu’à l’âge de pierre de leurs capacités à quantifier la valeur ajoutée des projets d’architectu­re de qualité. « Mais nous avons quelques indices », dit-il. Le directeur explique que différente­s études postoccupa­tionnelles qui visent à mesurer la satisfacti­on des usagers d’immeubles ont ainsi révélé, dans le cas de bâtiments logeant des entreprise­s, que la conception peut mener, par exemple, à une augmentati­on de la productivi­té, une hausse du nombre de demandes d’emploi, une baisse d’absentéism­e, une réduction du stress et une augmentati­on du nombre d’interactio­ns entre les personnes.

L’étude intitulée « Community Wellbeing : A Framework for the Design Profession­s » publiée en juillet dernier par le Conference Board du Canada recensait un projet de recherche ayant montré que les entreprise­s qui certifiaie­nt leurs bureaux LEED voyaient leurs employés s’absenter moins souvent et travailler 39 heures de plus par année. La raison ? Une réduction des réactions allergique­s et du stress : les bâtiments certifiés LEED ont souvent une meilleure exposition à la lumière du jour et une meilleure qualité de l’air.

Les lieux publics profitent aussi d’une meilleure architectu­re, affirme M. White. « Les musées et bibliothèq­ues, par exemple, lorsqu’on les rénove et surtout que l’on fait appel aux

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