DOSSIER: L'ARCHITECTURE COMME VECTEUR DE SUCCÈS ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
Jolie seulement, l’architecture de qualité ? Pas exactement, répondent les architectes, qui attribuent à cette notion non seulement la création d’une valeur culturelle, mais aussi économique et sociale. Pour eux, une conception adéquate peut réduire l’absentéisme au bureau, améliorer l’attrait touristique d’une région, différencier un projet immobilier ou soutenir le développement durable.
Pour qu’un projet architectural ait de la valeur, le rapport qualité-prix doit être avantageux, estime Jacques White, le directeur de l’École d’architecture de l’Université Laval. « Sauf que dans le cadre de nos projets d’architecture, en Amérique du Nord, nous avons une vision à court terme, dit-il. Nous pensons d’abord au prix, rarement à la qualité. Nous demandons combien ça coûte, mais nous réfléchissons rarement à ce que ça vaut. »
Les dimensions environnementale, sociale, culturelle, expérientielle et esthétique d’un projet, par exemple, sont encore, selon lui, trop souvent évacuées des débats. Et les projets en souffrent. Car selon M. White, le succès d’un projet à moyen et à long terme – le succès économique, notamment – est lié à la qualité, donc à la valeur.
Le succès de la Cité du Multimédia, par exemple, est lié au désir de l’architecte et du gestionnaire de projet, Clément Demers, d’opter pour la qua- lité, un attribut qu’ils croyaient essentiel pour faire d’un projet un bon investissement, raconte M. White. « M. Demers répétait à qui voulait l’entendre qu’au Québec, on est "trop pauvre pour construire cheap." »
Des preuves...
Les architectes ont-ils des preuves pour soutenir l’idée que de payer un peu plus rapporte beaucoup plus ?
M. White admet que les architectes et autres chercheurs n’en sont qu’à l’âge de pierre de leurs capacités à quantifier la valeur ajoutée des projets d’architecture de qualité. « Mais nous avons quelques indices », dit-il. Le directeur explique que différentes études postoccupationnelles qui visent à mesurer la satisfaction des usagers d’immeubles ont ainsi révélé, dans le cas de bâtiments logeant des entreprises, que la conception peut mener, par exemple, à une augmentation de la productivité, une hausse du nombre de demandes d’emploi, une baisse d’absentéisme, une réduction du stress et une augmentation du nombre d’interactions entre les personnes.
L’étude intitulée « Community Wellbeing : A Framework for the Design Professions » publiée en juillet dernier par le Conference Board du Canada recensait un projet de recherche ayant montré que les entreprises qui certifiaient leurs bureaux LEED voyaient leurs employés s’absenter moins souvent et travailler 39 heures de plus par année. La raison ? Une réduction des réactions allergiques et du stress : les bâtiments certifiés LEED ont souvent une meilleure exposition à la lumière du jour et une meilleure qualité de l’air.
Les lieux publics profitent aussi d’une meilleure architecture, affirme M. White. « Les musées et bibliothèques, par exemple, lorsqu’on les rénove et surtout que l’on fait appel aux