Les Affaires

BenLook, Gryb ou encore Innergex progressen­t rapidement dans le classement. Decouvrez leurs recettes de croissance.

- Martin Jolicoeur martin.jolicoeur@tc.tc @JolicoeurN­ews 2014

éjà championne de la croissance, la montréalai­se BonLook n’a pas fini de grandir. La jeune entreprise poursuit son développem­ent de plus belle avec l’ambition de doubler son nombre de succursale­s d’ici deux ans, en étendant sa présence partout au Canada.

Celle qui aspirait, à ses débuts, à ne vendre que sur le Web, procédait, le mois dernier, à l’ouverture de sa première boutique physique en Colombie-Britanniqu­e, en banlieue de Vancouver, la 27e de son réseau dans trois provinces.

Cette première pour BonLook, hors des frontières du Québec et de l’Ontario, s’inscrit dans un plan stratégiqu­e qui vise à élargir son réseau à une cinquantai­ne de boutiques – si tout va bien – d’ici deux ans. « Vancouver, Calgary, Edmonton et Winnipeg sont tous des marchés que nous comptons développer dans les prochaines années, à une vitesse d’une nouvelle boutique par mois en moyenne, explique Sophie Boulanger, PDG et cofondatri­ce. Nous voulons aussi ouvrir de trois à quatre boutiques dans les Maritimes », ajoute-telle, prenant soin de ne nommer aucune ville.

La lunetterie qu’elle a fondée en 2011 avec son frère, Louis-Félix Boulanger, compte aujourd’hui plus de 300 employés au pays, la majorité au Québec. Ses lunettes sont dessinées à Montréal et fabriquées en Chine, avant de se voir proposées aux consommate­urs par l’intermédia­ire de sa plateforme web transactio­nnelle et de son réseau de boutiques.

La direction de l’entreprise, dont les bureaux se trouvent dans l’ancien quartier ouvrier de Saint-Henri, à Montréal, voit grand. En faisant fabriquer des produits exclusifs qu’elle vend dans son propre réseau de distributi­on, l’entreprise réduit au minimum les frais liés aux intermédia­ires et à la compétitio­n entre détaillant­s de marques connues ( Gucci, Ralph Lauren, Tom Ford, Hugo Boss, etc.) vendues partout ailleurs.

Ce modèle, qui s’apparente, à une autre échelle, à celui qu’a réussi à bâtir la montréalai­se Aldo dans la chaussure, permet à BonLook d’enregistre­r, à ce jour, des ventes annuelles d’un peu moins de 20millions de dollars, un chiffre qu’elle entend bien voir encore doubler d’ici la fin de 2020.

De l’ambition et des capitaux

« On grossit au maximum de notre capacité actuelleme­nt, explique Mme Boulanger en entrevue avec Les Affaires.

« Notre objectif est de parvenir à bâtir un réseau canadien qui soit profitable. On voit super grand. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas devenir un jour le Aldo des lunettes. On a la motivation et on a les capitaux… ».

Cette poussée de croissance est devenue possible grâce à l’introducti­on dans le capital de BonLook, en 2016, de Partenaire­s Walter Capital, une société de placements privés du Québec contrôlée par la famille Somers. À titre d’actionnair­e majoritair­e, Walter Capital soutient financière­ment la jeune entreprise dans son développem­ent, pendant qu’elle continue d’être dirigée par sa cofondatri­ce, diplômée en gestion de l’Université McGill.

À l’époque, après des mois de tests, notamment de boutiques éphémères dans les centres commerciau­x, les deux jeunes Boulanger réalisaien­t que l’ouverture de boutiques leur permettrai­t de surpasser l’irritant majeur que constituai­t pour nombre de clients l’achat de lunettes sans en avoir fait l’essai physique au préalable.

BonLook venait de décider d’ouvrir ses deux premières boutiques permanente­s, à CF Fairview Pointe-Claire et au Carrefour Laval, deux centres parmi les plus performant­s de la région de Montréal. Chaque ouverture de boutique requiert des investisse­ments de 150000$ à 300000$.

« Nous avions envie de bâtir une grande entreprise, explique Mme Boulanger. L’industrie était fragmentée, en pleine phase de consolidat­ion. En même temps, on sentait qu’il y avait un appétit pour les nouveaux modèles d’affaires comme le nôtre. Le timing était bon. On a jugé le moment assez propice pour ne pas le laisser passer. »

Finalement, avec le recul, celle par qui tout a commencé ne regrette pas cette décision. « Ça a été un coup de foudre profession­nel, dit-elle. Notre associatio­n nous a donné les moyens de nos ambitions. Et comme Walter Capital est un partenaire patient, nous avons aussi le temps de les réaliser. »

Un modèle en évolution

Tout en maintenant une forte présence numérique, BonLook se concentre pour le moment à étendre sa présence physique dans le reste du Canada. Typiquemen­t, l’entreprise loue de petits espaces (environ 800 pieds carrés) dans les allées centrales des centres commerciau­x. Les lunetterie­s traditionn­elles louent généraleme­nt de bien plus grands espaces, le plus souvent dans des bouts d’allées, moins chers, parce que moins achalandés.

Ces dernières peuvent difficilem­ent louer plus petit en raison d’un modèle traditionn­el qui comprend des examens de la vue et quantités de lunettes sur place. Sans espace réservé aux stocks et aux examens, BonLook peut se permettre de louer de plus petits espaces que la concurrenc­e, mais qu’elle consacre essentiell­ement à la vente et dans des lieux offrant un meilleur achalandag­e.

Cette incursion encore récente de BonLook dans les centres commerciau­x a ouvert la porte à une clientèle plus âgée, qu’elle n’avait pas pensé atteindre à ses débuts sur le Web. Autre changement : l’homme est devenu une part importante de sa clientèle. À vue de nez, la cofondatri­ce estime qu’il représente aujourd’hui 30 % de ses ventes.

Quel pourcentag­e des ventes est maintenant attribuabl­e aux boutiques plutôt qu’au Web ? La cofondatri­ce de BonLook soutient ne pas le savoir et hésite à adhérer à l’hypothèse selon laquelle un canal de distributi­on puisse en cannibalis­er un autre.

« Ce que l’on observe est que la grande majorité de la clientèle utilise les deux canaux. Les gens nous visitent en ligne, passent ensuite dans une boutique pour confirmer leur choix, avant d’acheter sur place ou de retourner à la maison pour passer leur commande en ligne, explique Mme Boulanger. Tout cela se fait si naturellem­ent que j’oserais maintenant dire que chaque canal se nourrit de l’autre. »

Quoi qu’il en soit, d’ici mai prochain, l’entreprise montréalai­se prévoit avoir un total de 33 boutiques. Et si tout se passe comme prévu, elle en comptera une cinquantai­ne d’ici la fin de 2020. D’un océan à l’autre.

La prochaine étape mènera-t-elle BonLook aux États-Unis ? L’entreprise a déjà exprimé son intérêt pour ce marché, d’où provient déjà une part de ses ventes en ligne.

Peut-être, répond la dirigeante. Mais pas nécessaire­ment, suggère-t-elle aussitôt. Le mystère est sauf.

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