Deux scénarios à l’opposé pour Netflix
Le CP et le CN en chiffres
Le sujet est le même, mais la trame narrative est bien différente. Quand il est question de la valeur intrinsèque de Netflix (NFLX, 351,58$ US), un énorme fossé sépare les optimistes des pessimistes. Le drame financier connaîtra-t-il une fin déchirante ou heureuse pour les actionnaires ? La critique est partagée.
Les actionnaires ont poussé un soupir de soulagement après le dévoilement du nombre de nouveaux abonnés de Netflix au troisième trimestre. Le contenu de la plateforme de diffusion en ligne continue d’attirer de nouveaux téléspectateurs, en masse. La société a ajouté 6,96 millions de nouveaux abonnés au cours des mois de juillet, août et septembre, portant le nombre total à 137 millions à l’échelle mondiale. La société dépasse ainsi la prévision des analystes, qui était de 5,2 millions d’ajouts.
Le soulagement faisait suite à une bonne frousse, survenue cette fois au deuxième trimestre, lorsque Netflix avait dévoilé un nombre moins élevé de nouveaux abonnés. Le titre avait alors subi une correction de 14 % en une seule séance. « À la fin du deuxième trimestre, la question était de savoir si la déception était une donnée aberrante ou le signe d’un ralentissement à long terme », explique Jim Nail, de Forrester Research, dans une note citée par Reuters. « La réponse : c’était une aberration, probablement due au faible nombre de nouveaux contenus publiés au trimestre précédent. » L’importance des nouveaux abonnés Le nombre de nouveaux abonnés de Netflix est une donnée suivie avec attention par le marché, car la société a besoin davantage de revenus pour financer ses investissements dans le contenu (estimés à 8 milliards de dollars américains pour 2018 seulement) et justifier un multiple de 96 fois le bénéfice attendu dans les 12 prochains mois.
La société affiche des bénéfices, mais les flux de trésorerie sont en territoire négatif. Au troisième trimestre seulement, les flux de trésorerie étaient négatifs de 859 millions de dollars américains. La perte de trésorerie devait s’établir à un montant situé entre 3G$ US et 4G$ US. La direction prévoit qu’elle demeurera à ce niveau en 2019, mais qu’elle diminuera en 2020.
Les scénarios proposés par les 43 analystes qui suivent le titre font penser aux « histoires dont vous êtes le héros », avec de multiples dénouements potentiels. Les cours cibles se situent dans une fourchette de 150$ US à 494$ US, selon une recension de Reuters. Autrement dit, les scénarios vont d’une perte de 56% à un gain de 42 % sur un horizon d’un an. La majorité anticipe tout de même une progression, puisque la médiane s’établit à 410$ US. La thèse haussière Mark Mahaney, de RBC Marchés des Capitaux, fait partie de ceux (27 sur 43) qui pensent que le marché potentiel de Netflix est immense, ce qui justifie la généreuse évaluation et les dépenses dans le contenu. Le potentiel de la diffusion en ligne est élevé, selon l’analyste. Il y a environ un milliard d’abonnés à la télévision par câble dans le monde, souligne-t-il. En comparaison, seulement 175 millions de personnes sont abonnées à un service en ligne payant de diffusion. Pourtant, le service de la diffusion en ligne est « clairement supérieur à celui de la télévision payante », selon M. Mahaney. Pour cette raison, il estime que le marché a encore des années de forte expansion devant lui.
Netflix domine largement ce marché avec ses 137 millions d’abonnés, poursuit M. Mahaney. Grâce à sa taille, l’entreprise profite d’un cercle vertueux. Plus d’abonnés génèrent plus de revenus, recettes qui permettent d’acquérir plus de contenus, lesquels permettent, à leur tour, de retenir et d’attirer des abonnés.
L’analyste se dit plus optimiste que le consensus à l’égard des revenus internationaux. Pour ses pairs, le marché étranger est également une voie de croissance, mais moins rentable que le marché américain. « Nous adoptons l’opinion contraire, que ces régions pourraient être autant, sinon plus profitables que le marché américain, affirme-t-il. Ces marchés sont moins concurrentiels et le coût de la production locale peut parfois être considérablement moindre. »
Dans trois ans, M. Mahaney anticipe que la société sera en mesure de générer un bénéfice par action se situant entre 18$ US et 25$ US, ce qui voudrait dire que le titre pourrait s’échanger entre 450$ US et 750$ US.
La thèse baissière
Le plus pessimiste des analystes, Michael Pachter, de Wedbush, croit que la perspective d’un Netflix régnant en roi et maître sur le marché de la diffusion en ligne relève de la science-fiction. Son royaume sera attaqué par de nouveaux concurrents. De plus, Netflix perdra des contenus aux mains de ceux-ci.
On sait déjà que la concurrence s’intensifiera dans le marché américain. Walt Disney (DIS, 117,82$ US) doit lancer son service en 2019. Des rumeurs selon lesquelles Warner Bros. développe également son offre circulent. L’analyste n’en fait pas mention, mais Apple et Walmart travaillent aussi sur leur projet.
Dans cette guerre, d’anciens alliés deviendront des rivaux, prévient M. Pachter. Disney a déjà annoncé qu’elle ne renouvellera pas ses permis de diffusion accordés à Netflix aux États-Unis. Des concurrents pourraient suivre. L’analyste anticipe que Warner Bros. et Universal pourraient faire de même.
Même si la société a lancé plusieurs séries « exclusives » récemment, elle est plus dépendante des fournisseurs externes qu’il n’y paraît, ajoute-t-il. En fait, elle n’est pas propriétaire de tout son contenu « exclusif ». La série à succès Orange is the New Black, par exemple, a été développé pour Netflix, mais c’est Lionsgate qui détient les droits. À part de rares succès comme Stranger Things, l’analyste constate que le contenu dont Netflix détient les droits n’est pas le plus populaire. « Il est illusoire de croire que la société peut produire suffisamment de contenus intéressants pour remplacer celui des grands studios », affirme M. Pachter.
L’analyste est aussi « intrigué » par l’enthousiasme de ses pairs à l’égard des activités de Netflix en Inde. Il souligne que ses services sont plus coûteux que le câble et la téléphonie en Inde. « Il est fascinant de voir ceux qui croient que les ménages indiens vont dépenser plus sur Netflix que ce qu’ils paient pour le câble. Si Netflix peut attirer les ménages plus aisés, il sera difficile de pénétrer plus de 5% du marché.» L’industrie nord-américaine du rail a une longue histoire, aussi bien au Canada qu’aux États-Unis. Rappelez-vous La conquête de l’Ouest, de MGM, avec Henry Fonda, ou encore le « Go west young man », de Horace Greely dans son éditorial de 1865. Ou même le chemin de fer transcanadien, qui était une des conditions sine qua non pour la signature de la constitution canadienne de 1867 par la Colombie-Britannique.
Au pays, la première compagnie de chemin de fer a été le Canadien Pacifique (CP, 267,53$), qui s’est diversifiée au fil du temps et s’est restructurée en 2001. Le Canadien National (CNR, 109,30$), quant à lui, est né vers 1921 par l’entremise d’une nationalisation fédérale de cinq petits transporteurs ferroviaires.
Le CP relie essentiellement les différentes régions du Canada d’est en ouest. L’entreprise transporte toutes sortes de marchandises (bois, pétrole, minerais, etc.) et exploite un transport intermodal sur un réseau de 20000 kilomètres. Elle emploie 12830 personnes et génère un revenu total de 6,72milliards de dollars, ce qui équivaut à une productivité moyenne de 523772$ par employé.
Pour sa part, le CN exploite un réseau de 32000 kilomètres et compte 25654 employés. Ses revenus s’élèvent à 13,3G$, ce qui représente une productivité moyenne de 518437$ par employé. Le CN opère au Canada, aux États-Unis, et étend son réseau jusqu’au Golfe du Mexique.
Les deux entreprises sont rentables et leurs chiffres se ressemblent, comme le montre notre tableau.
Un rendement intéressant
Notons d’abord que le transport par chemin de fer existera toujours. Le transport du pétrole, du bois, du charbon, des voitures par d’autres moyens peut avoir un coût prohibitif. Deuxièmement, le transport ferroviaire se modernise et est de plus en plus réglementé et scruté par les autorités, en raison du caractère potentiellement catastrophique des accidents.
À mon avis, les deux titres se valent et peuvent avoir un rendement intéressant dans un portefeuille équilibré. En raison de sa relative petite taille, le CP pourrait être la cible d’une prise de contrôle. Il faudrait cependant que le gouvernement fédéral l’autorise. N’oublions pas que c’est une entreprise qui relie toutes les provinces du pays.