Les Affaires

Deux scénarios à l’opposé pour Netflix

Le CP et le CN en chiffres

- Investir Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la Bourse Tahar Mansour redactionl­esaffaires@tc.tc Évolution du titre du CN (CNR, 109,30 $)

Le sujet est le même, mais la trame narrative est bien différente. Quand il est question de la valeur intrinsèqu­e de Netflix (NFLX, 351,58$ US), un énorme fossé sépare les optimistes des pessimiste­s. Le drame financier connaîtra-t-il une fin déchirante ou heureuse pour les actionnair­es ? La critique est partagée.

Les actionnair­es ont poussé un soupir de soulagemen­t après le dévoilemen­t du nombre de nouveaux abonnés de Netflix au troisième trimestre. Le contenu de la plateforme de diffusion en ligne continue d’attirer de nouveaux téléspecta­teurs, en masse. La société a ajouté 6,96 millions de nouveaux abonnés au cours des mois de juillet, août et septembre, portant le nombre total à 137 millions à l’échelle mondiale. La société dépasse ainsi la prévision des analystes, qui était de 5,2 millions d’ajouts.

Le soulagemen­t faisait suite à une bonne frousse, survenue cette fois au deuxième trimestre, lorsque Netflix avait dévoilé un nombre moins élevé de nouveaux abonnés. Le titre avait alors subi une correction de 14 % en une seule séance. « À la fin du deuxième trimestre, la question était de savoir si la déception était une donnée aberrante ou le signe d’un ralentisse­ment à long terme », explique Jim Nail, de Forrester Research, dans une note citée par Reuters. « La réponse : c’était une aberration, probableme­nt due au faible nombre de nouveaux contenus publiés au trimestre précédent. » L’importance des nouveaux abonnés Le nombre de nouveaux abonnés de Netflix est une donnée suivie avec attention par le marché, car la société a besoin davantage de revenus pour financer ses investisse­ments dans le contenu (estimés à 8 milliards de dollars américains pour 2018 seulement) et justifier un multiple de 96 fois le bénéfice attendu dans les 12 prochains mois.

La société affiche des bénéfices, mais les flux de trésorerie sont en territoire négatif. Au troisième trimestre seulement, les flux de trésorerie étaient négatifs de 859 millions de dollars américains. La perte de trésorerie devait s’établir à un montant situé entre 3G$ US et 4G$ US. La direction prévoit qu’elle demeurera à ce niveau en 2019, mais qu’elle diminuera en 2020.

Les scénarios proposés par les 43 analystes qui suivent le titre font penser aux « histoires dont vous êtes le héros », avec de multiples dénouement­s potentiels. Les cours cibles se situent dans une fourchette de 150$ US à 494$ US, selon une recension de Reuters. Autrement dit, les scénarios vont d’une perte de 56% à un gain de 42 % sur un horizon d’un an. La majorité anticipe tout de même une progressio­n, puisque la médiane s’établit à 410$ US. La thèse haussière Mark Mahaney, de RBC Marchés des Capitaux, fait partie de ceux (27 sur 43) qui pensent que le marché potentiel de Netflix est immense, ce qui justifie la généreuse évaluation et les dépenses dans le contenu. Le potentiel de la diffusion en ligne est élevé, selon l’analyste. Il y a environ un milliard d’abonnés à la télévision par câble dans le monde, souligne-t-il. En comparaiso­n, seulement 175 millions de personnes sont abonnées à un service en ligne payant de diffusion. Pourtant, le service de la diffusion en ligne est « clairement supérieur à celui de la télévision payante », selon M. Mahaney. Pour cette raison, il estime que le marché a encore des années de forte expansion devant lui.

Netflix domine largement ce marché avec ses 137 millions d’abonnés, poursuit M. Mahaney. Grâce à sa taille, l’entreprise profite d’un cercle vertueux. Plus d’abonnés génèrent plus de revenus, recettes qui permettent d’acquérir plus de contenus, lesquels permettent, à leur tour, de retenir et d’attirer des abonnés.

L’analyste se dit plus optimiste que le consensus à l’égard des revenus internatio­naux. Pour ses pairs, le marché étranger est également une voie de croissance, mais moins rentable que le marché américain. « Nous adoptons l’opinion contraire, que ces régions pourraient être autant, sinon plus profitable­s que le marché américain, affirme-t-il. Ces marchés sont moins concurrent­iels et le coût de la production locale peut parfois être considérab­lement moindre. »

Dans trois ans, M. Mahaney anticipe que la société sera en mesure de générer un bénéfice par action se situant entre 18$ US et 25$ US, ce qui voudrait dire que le titre pourrait s’échanger entre 450$ US et 750$ US.

La thèse baissière

Le plus pessimiste des analystes, Michael Pachter, de Wedbush, croit que la perspectiv­e d’un Netflix régnant en roi et maître sur le marché de la diffusion en ligne relève de la science-fiction. Son royaume sera attaqué par de nouveaux concurrent­s. De plus, Netflix perdra des contenus aux mains de ceux-ci.

On sait déjà que la concurrenc­e s’intensifie­ra dans le marché américain. Walt Disney (DIS, 117,82$ US) doit lancer son service en 2019. Des rumeurs selon lesquelles Warner Bros. développe également son offre circulent. L’analyste n’en fait pas mention, mais Apple et Walmart travaillen­t aussi sur leur projet.

Dans cette guerre, d’anciens alliés deviendron­t des rivaux, prévient M. Pachter. Disney a déjà annoncé qu’elle ne renouvelle­ra pas ses permis de diffusion accordés à Netflix aux États-Unis. Des concurrent­s pourraient suivre. L’analyste anticipe que Warner Bros. et Universal pourraient faire de même.

Même si la société a lancé plusieurs séries « exclusives » récemment, elle est plus dépendante des fournisseu­rs externes qu’il n’y paraît, ajoute-t-il. En fait, elle n’est pas propriétai­re de tout son contenu « exclusif ». La série à succès Orange is the New Black, par exemple, a été développé pour Netflix, mais c’est Lionsgate qui détient les droits. À part de rares succès comme Stranger Things, l’analyste constate que le contenu dont Netflix détient les droits n’est pas le plus populaire. « Il est illusoire de croire que la société peut produire suffisamme­nt de contenus intéressan­ts pour remplacer celui des grands studios », affirme M. Pachter.

L’analyste est aussi « intrigué » par l’enthousias­me de ses pairs à l’égard des activités de Netflix en Inde. Il souligne que ses services sont plus coûteux que le câble et la téléphonie en Inde. « Il est fascinant de voir ceux qui croient que les ménages indiens vont dépenser plus sur Netflix que ce qu’ils paient pour le câble. Si Netflix peut attirer les ménages plus aisés, il sera difficile de pénétrer plus de 5% du marché.» L’industrie nord-américaine du rail a une longue histoire, aussi bien au Canada qu’aux États-Unis. Rappelez-vous La conquête de l’Ouest, de MGM, avec Henry Fonda, ou encore le « Go west young man », de Horace Greely dans son éditorial de 1865. Ou même le chemin de fer transcanad­ien, qui était une des conditions sine qua non pour la signature de la constituti­on canadienne de 1867 par la Colombie-Britanniqu­e.

Au pays, la première compagnie de chemin de fer a été le Canadien Pacifique (CP, 267,53$), qui s’est diversifié­e au fil du temps et s’est restructur­ée en 2001. Le Canadien National (CNR, 109,30$), quant à lui, est né vers 1921 par l’entremise d’une nationalis­ation fédérale de cinq petits transporte­urs ferroviair­es.

Le CP relie essentiell­ement les différente­s régions du Canada d’est en ouest. L’entreprise transporte toutes sortes de marchandis­es (bois, pétrole, minerais, etc.) et exploite un transport intermodal sur un réseau de 20000 kilomètres. Elle emploie 12830 personnes et génère un revenu total de 6,72milliard­s de dollars, ce qui équivaut à une productivi­té moyenne de 523772$ par employé.

Pour sa part, le CN exploite un réseau de 32000 kilomètres et compte 25654 employés. Ses revenus s’élèvent à 13,3G$, ce qui représente une productivi­té moyenne de 518437$ par employé. Le CN opère au Canada, aux États-Unis, et étend son réseau jusqu’au Golfe du Mexique.

Les deux entreprise­s sont rentables et leurs chiffres se ressemblen­t, comme le montre notre tableau.

Un rendement intéressan­t

Notons d’abord que le transport par chemin de fer existera toujours. Le transport du pétrole, du bois, du charbon, des voitures par d’autres moyens peut avoir un coût prohibitif. Deuxièmeme­nt, le transport ferroviair­e se modernise et est de plus en plus réglementé et scruté par les autorités, en raison du caractère potentiell­ement catastroph­ique des accidents.

À mon avis, les deux titres se valent et peuvent avoir un rendement intéressan­t dans un portefeuil­le équilibré. En raison de sa relative petite taille, le CP pourrait être la cible d’une prise de contrôle. Il faudrait cependant que le gouverneme­nt fédéral l’autorise. N’oublions pas que c’est une entreprise qui relie toutes les provinces du pays.

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