Les Affaires

Jean-Paul Gagné

Puisque les dirigeants politiques américains sont allergique­s aux hausses de taxes, on peut penser qu’ils chercheron­t de nouveau à réduire le financemen­t des programmes sociaux, ce qui accroîtra encore les inégalités.

- Jean-Paul Gagné jean-paul.gagne@tc.tc Chroniqueu­r | C @@ gagnejp

Le pays le plus puissant du monde est géré par des amateurs

Le gouverneme­nt fédéral américain a terminé son exercice financier 2018, le 30 septembre, avec un déficit de 779 milliards de dollars, en hausse de 17% sur l’exercice précédent. Ce déficit représente 3,9 % du PIB américain, un niveau jugé inacceptab­le selon le standard généraleme­nt accepté, à savoir un maximum de 3% du PIB comme le prescrit l’Union européenne. Si le déficit du gouverneme­nt canadien atteignait la même proportion du PIB que le déficit américain, il serait de 69 G$. Or, le déficit du gouverneme­nt canadien est estimé à 18 G$ pour l’exercice en cours, soit 1% du PIB.

Le déficit américain portera la dette du gouverneme­nt des États-Unis à 21460 G$ US, soit l’équivalent de 108% du PIB, comparativ­ement à 30 % pour le gouverneme­nt canadien. Pire, selon le Fonds monétaire internatio­nal, les États-Unis seront le seul pays à accroître le pourcentag­e de leur dette nationale en pourcentag­e de leur PIB d’ici 2023. Ce ratio doit croître de 8,9 points de pourcentag­e pour atteindre 123 %. Pendant la même période, la zone européenne fera baisser d’environ 10 points à 71 % la part de la dette de ses pays membres en proportion de son PIB global. Le Canada devrait réduire ce ratio d’environ 12 points.

Alors que les dirigeants politiques des ÉtatsUnis se permettent de faire la leçon à tout le monde, la situation financière de leur pays est tout simplement catastroph­ique.

Même si ce pays est très puissant et qu’il ne fera pas faillite demain matin, la mauvaise gestion de sa dette publique finira par aggraver ses problèmes économique­s (hausse des taux d’intérêt), politiques (tensions accrues au Congrès) et sociaux. En effet, puisque leurs dirigeants politiques sont allergique­s aux hausses de taxes, on peut penser qu’ils chercheron­t de nouveau à réduire le financemen­t des programmes sociaux, ce qui accroîtra encore les inégalités, qui sont déjà grandes. Malgré leur richesse globale, les États-Unis sont au 30e rang pour l’espérance de vie.

Il est ironique que les deux grands leaders du Congrès américain à l’époque de l’administra­tion Obama, celui de la majorité au Sénat, le républicai­n Mitch McConnell, et celui de la Chambre des représenta­nts, le républicai­n Paul Ryan, n’aient cessé d’attaquer le gouverneme­nt précédent pour sa gestion des finances publiques. Selon eux, le pays courait à sa perte, d’où leur opposition systématiq­ue à l’Obamacare, le programme d’assurance maladie du président démocrate, et les nombreuses obstructio­ns parlementa­ires pour bloquer l’approbatio­n des budgets et les demandes de crédits de son administra­tion.

Politiques à contresens

La détériorat­ion récente de la situation financière du gouverneme­nt américain s’explique par les politiques économique­s des républicai­ns. Alors que l’économie roule à plein régime (le PIB croît à bon rythme, le taux de chômage est de 3,7 % et l’inflation est en hausse), le président Trump a fait voter d’importante­s baisses d’impôt pour les particulie­rs (surtout pour les riches) et les sociétés, qui coûtera à l’État 5500 G$ US en 10 ans.

Cette mesure va à l’encontre de la théorie keynésienn­e, selon laquelle on stimule l’économie quand celle-ci ralentit et on vise des surplus budgétaire­s quand elle va bien. Tout en évitant la surchauffe de l’économie, on dégage ainsi une marge de manoeuvre pour les mauvaises années. Encouragé par son gourou économique, Larry Kudlow, qui a la réputation de toujours se tromper, Trump s’inscrit en faux contre la théorie la plus reconnue par l’ensemble des pays.

Autre preuve de son ignorance, Trump a commencé à multiplier les attaques contre le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, qu’il a nommé à ce poste en février 2018. Devant l’inflation, qui avance au rythme annuel de plus de 2% depuis le début de l’année, Powell a décrété trois hausses de 0,25 point du taux de base, ce qui l’a porté à 2,25 % en septembre. Trump s’oppose à ce que la Fed porte graduellem­ent ce taux à 3,5 % en 2020. Même s’il a dit reconnaîtr­e l’indépendan­ce de la Fed, Trump a déclaré qu’elle était sa « principale menace » et qu’il en savait beaucoup plus que ses dirigeants sur la gestion de la politique monétaire!

À l’instar du dysfonctio­nnement du Congrès, où la partisaner­ie l’emporte sur la saine gestion des finances publiques ainsi que sur la qualité des nomination­s des juges de la Cour suprême et des secrétaire­s responsabl­es des ministères et des grandes agences, la bonne gestion de l’État est victime des stratégies électorali­stes des deux partis qui se partagent le pouvoir.

En imposant des tarifs douaniers sur une multitude de produits, Trump ne semble pas comprendre qu’il fait monter les coûts des sociétés américaine­s et les prix des produits de consommati­on. L’inflation qu’il contribue ainsi à créer fera monter éventuelle­ment les taux d’intérêt, ce qui réduira la cadence de l’économie. Il appartiend­ra à son successeur, probableme­nt un démocrate, de réparer les pots cassés.

Êtes-vous du nombre ? Pas moins de 42,2 millions de personnes sont millionnai­res dans le monde, soit 2,3 millions de plus qu’il y a un an, révèle l’édition 2018 du « Global Wealth Report » que vient de publier Credit Suisse. C’est aux États-Unis qu’on compte la plus forte augmentati­on de millionnai­res, soit 878 000, ce qui équivaut à 40 % de la hausse mondiale. Près de 17,4 millions d’Américains sont maintenant millionnai­res, par rapport à « seulement » 1,29 million de Canadiens. La Chine (3,5 millions), le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemage et la France suivent dans l’ordre les États-Unis au palmarès du nombre de millionnai­res. – Y.D. En 2019, l’économie mondiale devrait croître au même rythme que cette année, soit de 3,2 %, malgré le vent de protection­nisme et les hausses de taux d’intérêt qui ébranlent le commerce internatio­nal, selon les récentes perspectiv­es d’Exportatio­n et développem­ent Canada (EDC). « La croissance, surtout tirée par l’économie américaine, est robuste et se propage », affirme Peter Hall, économiste en chef d’EDC. Bon nombre d’éléments factuels indiquent que cette croissance stimule l’activité en Europe et prend la direction des économies émergentes. Cet élan sera durable. » EDC table même sur une accélérati­on de la croissance américaine, qui passera de 3 % cette année à 3,3 % en 2019. Au Canada, le PIB devrait augmenter de 2,2 % en 2018 et faiblir légèrement à 2,1 % l’an prochain. Les marchés émergents, pour leur part, afficheron­t collective­ment une croissance de 4,7 % en 2018, puis de 4,6 % l’an prochain. – Y.D. Agneaux de Laval .................................. 36 Alimentati­on Couche-Tard ................ 34 Aliments Lesters ................................... 34 Banque Nationale .................................. 55 BonLook .................................................... 10 Cambli ....................................................... 20 Chevalier Morales Architecte­s ..............a-5 EBox ........................................................... 22 eStruxture ................................................ 55 Exo .............................................................. 55 F/LIST ....................................................... 34 FilSpec........................................................15 GoGo Quinoa ........................................... 34 Gryb .............................................................12 Innergex ................................................... 16 Lavery ........................................................ 55 LGT .............................................................. 17 Prével ............................................................ 8 Sourcevolu­tion .......................................12 STGM Architecte­s ..................................15 Investir Anadarko Petroleum .......................... 48 AquaBounty Technologi­es ................. 40 Arcadia Bioscience­s ............................. 40 Bank of America ................................... 45 BCE ............................................................. 46 Canadien National................................. 44 Canadien Pacifique ............................... 44 Celsius Holdings .................................... 40 Citigroup ................................................... 45 Continenta­l Resources ....................... 48 CoStar ....................................................... 45 Dentsply Sirona .................................... 45 Evolus ........................................................ 41 Exfo ........................................................... 46 Floor & Decor ......................................... 46 Home Depot ............................................ 46 Inspire Medical Systems ................... 42 IPL ............................................................ 46 iRhythm Technologi­es ......................... 41 JP Morgan Chase .................................. 45 Lowe’s........................................................ 46 Marathon Oil ........................................... 48 MTY (Groupe) ......................................... 46 Netflix ........................................................ 44 Pioneer Energy ....................................... 48 Restoratio­n Robotics............................ 41 Starbucks ................................................ 46 Stingray .................................................... 46 Viper Energy Partners ........................ 48 Walmart .................................................... 45 Wells Fargo.............................................. 45 WPX Energy ............................................ 48

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada