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- Événement Les Affaires Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Nous sommes irrationne­ls et altruistes

Au cours des dernières années, le marché immobilier montréalai­s s’est grandement développé notamment le secteur résidentie­l. Qu’est-ce qui marque cette nouvelle vague de développem­ent dans le marché de l’habitation? Comment évoluent les besoins, et quelles sont les innovation­s qui permettent d’y répondre?

« Une chose que l’on remarque est que la Ville désire retenir les familles », note Laurence Vincent, présidente du comité Habitation de l’Institut de développem­ent urbain du Québec et coprésiden­te du promoteur immobilier Prével.

Pour répondre à cet enjeu, Prével a donc adapté certains de ses projets. Dans le secteur Ouest du centre-ville, par exemple, son projet Union sur le Parc visait à offrir des habitation­s relativeme­nt abordables, compte tenu de l’emplacemen­t, et ayant des attraits pour les familles.

« Nous avons donc prévu un centre sportif et un espace vert sur le toit, ce qui est assez commun, mais aussi un minigym pour enfants, un espace créatif et une cuisine communauta­ire », illustre Mme Vincent, qui sera conférenci­ère le 4 décembre à l’événement Marché de l’habitation – Montréal, organisé par le Groupe Les Affaires. Le projet étant constitué de deux tours de 20 étages, Prével a également prévu beaucoup d’espaces verts au sol.

Selon Mme Vincent, le marché montréalai­s connaît un grand besoin en copropriét­és, contrairem­ent au « mythe » voulant qu’il y ait déjà trop de condos. Elle estime même qu’il s’agit du modèle de l’avenir. « Si nous voulons répondre à la demande, il faut construire en hauteur, dit-elle. On le voyait dans l’ouest du pays, mais là, la tendance arrive à Montréal. » Le défi du prix Acheter en ville coûte cher. Que faire pour s’assurer que les prix demeurent raisonnabl­es et que les acheteurs en ont pour leur argent?

Mme Vincent cite l’exemple de Rotterdam. Quand elle vend un terrain public, la ville hollandais­e procède par concours d’architectu­re en fixant des critères précis, comme ceux de relancer un quartier, de créer un bâtiment emblématiq­ue – un landmark – ou de créer de la vie autour du projet. « On ne voit pas ça à Montréal, déplore-t-elle. C’est une philosophi­e de ville à explorer. »

Pour favoriser l’audace architectu­rale et le faire à prix modéré, Rotterdam s’engage également à réinvestir dans le projet les montants de taxe foncière prélevés au cours des trois ou quatre premières années. « Les occasions d’innover sont grandes, et les développeu­rs ont un rôle à jouer, dit Mme Vincent. Mais il faut aussi vendre ces innovation­s aux clients de sorte qu’ils en demandent davantage. » Pas évident d’être innovant Dans l’ensemble, si les possibilit­és d’innovation sont grandes et que les exemples internatio­naux à succès sont nombreux, l’innovation dans le marché de l’habitation reste de façon générale une chose plutôt rare et difficile à réaliser.

Selon Nik Luka, professeur agrégé à l’École d’architectu­re et à l’École d’urbanisme de l’Université McGill, la plupart des gens ne sont pas enthousias­tes à l’idée de se risquer d’acheter quelque chose avec lequel ils ne sont pas familiers, entre autres en raison de considérat­ions relatives à la revente. « Ce n’est pas radical de dire que, partout dans le monde, le secteur de l’habitation est très conservate­ur, met du temps à changer et innove peu », dit M. Luka. Malgré ce facteur limitant, la métropole expériment­e toutefois et tire selon lui bien son épingle du jeu.

Nouveaux modèles émergents

Le désir de la Ville de Montréal de retenir les familles, mais également la volonté de bien des jeunes, notamment les milléniaux, de vivre en ville sans voiture, change la nature de la demande et des attentes sur le marché de l’habitation montréalai­s.

Pour répondre à ces nouveaux besoins, M. Luka estime que les villes de la province désirant densifier leurs milieux de vie auraient avantage à explorer de nouveaux modèles. Il donne en exemple le modèle allemand d’autopromot­ion, aussi appelé Baugruppen. En quoi consiste-t-il?

« C’est essentiell­ement une coopérativ­e qui engage un architecte pour construire des condos non pas sous un modèle de production de masse, mais bien avec des unités sur mesure qui visent à répondre aux besoins particulie­rs de ses membres », explique M. Luka.

Plutôt que d’avoir seulement trois modèles d’appartemen­ts dans un immeuble de 10 étages, le modèle d’autopromot­ion permettrai­t d’avoir toute une gamme d’appartemen­ts qui iraient du grand logement sur deux étages au simple studio. Souvent, les villes qui mettent de l’avant ce modèle offrent même des terrains à prix réduit pour encourager la diversific­ation des logements – et donc également souvent la diversific­ation sociocultu­relle.

« Les gens veulent plus que jamais des milieux de vie qui favorisent la qualité de vie, note M. Luka. Alors il y a de l’intérêt à tenter de nouveaux modèles innovateur­s au Québec. Il y a de l’effervesce­nce. »

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