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Bio-K Plus à la conquête de nouveaux marchés PME exportatri­ces

- Série 4 de 4 Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc Exportatio­n

En 2018, Bio-K Plus a lancé ses produits en Allemagne, environ trois ans après être entré en Chine. L’entreprise lavalloise exporte aussi une bonne partie de ses produits aux États-Unis depuis 1998. Elle compte d’ailleurs un bureau à Los Angeles.

Sa croissance chez notre voisin du sud s’est faite organiquem­ent, en développan­t sa propre structure et en embauchant ses propres employés. La PME y compte désormais plusieurs représenta­nts.

Elle a opté pour une stratégie différente en Chine et en Allemagne, où elle s’est appuyée sur des partenaire­s locaux. « Ces entreprise­s partagent nos valeurs et leur portefeuil­le de produits correspond au nôtre, indique la PDG Isabèle Chevalier. Elles connaissen­t très bien leur marché et cela permet d’y entrer plus efficaceme­nt et plus rapidement. »

Elle confirme que ce sera dorénavant la recette utilisée par Bio-K Plus pour percer de nouveaux marchés internatio­naux. D’autant que la démarche plus organique utilisée aux États-Unis avait été reproduite il y a quelques années en France, sans grand succès. Bio-K s’était finalement retirée de ce marché. À l’inverse, la collaborat­ion avec des partenaire­s en Allemagne et en Chine serait jusqu’à maintenant synonyme de succès, quoique l’entreprise privée reste avare de détails chiffrés à ce sujet.

Le défi du transport

Bio-K Plus produit des probiotiqu­es à partir de lait fermenté, sous forme d’aliments frais ou de capsules. Or, exporter des aliments frais vers les États-Unis, la Chine ou l’Allemagne à partir du Québec présente un défi de transport. « Nos produits frais doivent toujours rester réfrigérés à une températur­e comprise entre quatre et six degrés Celsius et ils ont une durée de vie de 90 jours », explique Mme Chevalier. Chaque palette de produits est équipée de capteurs permettant de mesurer l’évolution de la températur­e tout au long de la livraison. Un lot qui aurait dépassé les seuils minimal ou maximal de températur­e serait donc vite repéré.

Les transporte­urs réfrigérés répondant aux exigences de Bio-K Plus ne sont pas légion. Cela fait augmenter les coûts du transport par rapport à d’autres produits. C’est encore plus vrai pour l’Allemagne, puisqu’il est hors de question d’y acheminer les produits par bateau. En raison de leur durée de vie relativeme­nt courte, il faut les faire voyager par avion, un mode de transport plus rapide, mais plus coûteux. Quant à la Chine, le partenaire chinois a pris la responsabi­lité du transport dans l’entente signée avec Bio-K Plus.

Ancré au Québec

Tout de même, ne serait-il pas plus pratique de rapprocher la production des marchés internatio­naux ? Pas pour l’instant, répond Mme Chevalier. L’entreprise continue de fabriquer tous ses produits à son usine de Laval, où travaillen­t une centaine de personnes sur les quelque 160 employés à temps plein de Bio-K Plus. La PDG juge important de produire au Québec afin d’encourager l’économie locale. Elle admet toutefois que si les volumes d’exportatio­n deviennent très importants et que les marchés se multiplien­t, cette démarche pourrait évoluer.

Produire au Québec comporte aussi certains avantages. Payer la production en dollars canadiens et vendre les produits en dollars américains ou en euros, par exemple, est très profitable. Quant au marché chinois, le fait d’y exporter des produits fabriqués ici plutôt que d’y délocalise­r la production aide à protéger la propriété intellectu­elle. Le label « fabriqué au Canada » représente­rait aussi un gage de qualité pour les consommate­urs chinois.

Pour faire face à l’augmentati­on de la production causée par le développem­ent de nouveaux marchés, Bio-K Plus embauche régulièrem­ent, mais procède surtout à de l’automatisa­tion. La capacité de production augmente donc plus rapidement que le nombre d’employés. L’entreprise reste à l’affût de nouveaux partenaria­ts à l’internatio­nal et entend exporter de plus en plus au cours des prochaines années.

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D.B. – Comment l’avez-vous appréhendé? S. R.

– Nous avons exploré la fabricatio­n à partir d’un seul matériau. Nous étions fiers de notre prototype, à un détail près... il ne glissait pas! Notre nouveau matériau avait perdu les propriétés mécaniques requises pour une planche à neige. Nous nous sommes remis à l’ouvrage. Notre planche actuelle est toujours composée d’un seul matériau. Toutefois, ce dernier affiche des propriétés différente­s à la base, au centre et sur le dessus de la planche. Cela procure l’effet glisse au sol et la flexibilit­é en surface. On peut comparer notre planche à un gâteau: le centre est plus mou que la base.

D.B. – Plusieurs articles connaissen­t une seconde vie. Des boîtes de jus deviennent des bancs, par exemple. Vous voulez que vos planches ne servent qu’à fabriquer d’autres planches. Expliquez-nous. S. R.

– Pour nous, l’ultime circularit­é consiste à ramener un produit à son état de matière première pour en fabriquer un autre semblable. Et ce, aussi longtemps que possible. Pour l’instant, nous en sommes à 25%. Le quart du matériau que nous employons pour fabriquer nos planches est composé de matériau recyclé. Nous poursuivon­s notre R-D pour augmenter cette proportion.

D.B. – La plupart des planchiste­s louent leur planche au lieu de l’acheter. En Europe, la location occupe 60% du marché. En Chine, c’est 74%, et aux États-Unis, 75%. On gaspille donc moins de gaspillage que pour un produit à propriétai­re unique... S. R.

– Pas vraiment. Chaque année, les locateurs renouvelle­nt 40% de leurs planches. Les planches usagées vont parfois dans un magasin d’articles usagés, parfois au rebut. En fait, les planches à neige louées sont renouvelée­s plus souvent que si elles avaient un propriétai­re unique.

D.B. – Il ne faut pas améliorer les processus de production, dites-vous, il faut les imaginer de nouveau à partir de zéro. Expliquez-nous. S. R.

– Prenons la planche à neige. Qu’est-ce qui manque au processus de création? L’utilisateu­r. La planche à neige est un produit de passion; on devrait laisser son propriétai­re la personnali­ser. Notre applicatio­n permet de dessiner sa propre planche. On choisit le fond et la forme. Le dessin est sauvegardé dans le nuage, pour être modifié au fil de temps par le planchiste. Lorsque le client est satisfait de son modèle, il nous envoie sa commande. Notre intention est que les équipement­s reçoivent directemen­t la commande et l’exécutent par eux-mêmes. Lorsqu’il souhaite remplacer sa planche, il nous la retourne. Nous lui offrons un crédit pour son prochain achat, puisqu’il nous fournit de la matière première en nous rendant la planche.

D.B. – Vous êtes situé à La Plata, en Argentine. Comment une entreprise d’économie circulaire peut-elle croître sans contredire sa mission de développem­ent durable? S. R.

– On ne peut pas livrer partout à partir de La Plata. Notre empreinte environnem­entale serait trop importante. Nous devons produire sur tous les marchés: Asie, Europe et États-Unis. Nous cherchons des partenaire­s de production dans ces régions.

D.B. – Comment peut-on se procurer vos planches? S. R.

– Nous menons un projet pilote avec un centre de ski en Argentine, ainsi qu’avec un petit nombre d’utilisateu­rs bêta. Plusieurs planches ont été retournées et réduites en poudre pour en fabriquer de nouvelles. Notre début officiel est prévu pour l’hiver sud-américain 2019, soit l’été nord-américain.

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