Les Affaires

Croissance modérée ne veut pas dire récession

- Mathieu D’Anjou redactionl­esaffaires@tc.tc

Les derniers mois de 2018 ont été marqués par une poussée d’inquiétude à l’échelle internatio­nale, qui a entraîné une chute spectacula­ire des places boursières. Alors que le cycle de croissance américain fêtera bientôt son dixième anniversai­re, certains commentate­urs n’hésitent pas à dire qu’une récession est imminente. Est-ce que ces craintes sont fondées?

Au commenceme­nt de 2018, les perspectiv­es pour l’économie mondiale semblaient particuliè­rement favorables. Une accélérati­on généralisé­e de la croissance économique avait été observée en 2017 et le niveau élevé des indices de confiance ainsi qu’une importante réforme fiscale américaine laissaient entrevoir que la croissance resterait robuste pour encore plusieurs trimestres. La performanc­e économique de la planète a effectivem­ent été solide en 2018, le PIB mondial progressan­t à un rythme similaire à celui de 2017 selon nos dernières estimation­s. Toutefois, cette bonne performanc­e s’est surtout appuyée sur une accélérati­on de la croissance aux États-Unis, alors que la plupart des autres économies avancées ont ralenti l’an dernier. Les manoeuvres protection­nistes de l’administra­tion américaine et certains développem­ents politiques préoccupan­ts ont assombri les perspectiv­es de croissance, en particulie­r du côté de la Chine et de l’Europe. Les craintes d’un resserreme­nt trop rapide des politiques monétaires ont également contribué à une forte dégradatio­n de l’humeur des investisse­urs au cours des derniers mois de 2018.

Les perspectiv­es demeurent solides pour l’économie américaine

En ce début de 2019, il y a donc de bonnes raisons d’être plus préoccupé de la situation économique internatio­nale. Il faudra en particulie­r surveiller la situation en Europe, alors que même la puissante économie allemande montre des signes de faiblesse. Il faut cependant comprendre qu’il est tout à fait normal d’observer une croissance économique relativeme­nt faible en Europe et au Japon puisque le potentiel de croissance de ces régions est limité par le vieillisse­ment important de leur population.

Les perspectiv­es demeurent toutefois plus favorables en Amérique du Nord. La chute des marchés boursiers et la fermeture partielle du gouverneme­nt américain ont entraîné une baisse des indices de confiance des ménages au tournant de l’année, mais le rebond important des indices boursiers depuis le commenceme­nt de 2019 ne laisse pas entrevoir que la tendance baissière se poursuivra. L’excellente performanc­e du marché du travail américain est aussi encouragea­nte pour la suite des choses. Le récent recul des taux obligatair­es, alors que la Réserve fédérale promet maintenant d’être patiente avant de modifier à nouveau sa politique monétaire, devrait aussi favoriser la consommati­on et l’investisse­ment. On devrait tout de même observer une modération de la croissance américaine cette année puisque les effets des baisses d’impôts seront moins importants qu’en 2018. Il y a tout de même lieu de croire que la progressio­n de l’économie américaine demeurera relativeme­nt vigoureuse à moins qu’un important choc négatif ne survienne. Les craintes d’une récession imminente aux États-Unis nous semblent ainsi grandement exagérées et il faut noter que les quatre variables qui pourraient signaler un renverseme­nt du cycle économique américain continuent toutes de progresser.

L’économie canadienne est actuelleme­nt désavantag­ée par les difficulté­s des producteur­s de pétrole de l’Ouest canadien, mais la situation du marché du travail et des ménages demeure aussi favorable de ce côté de la frontière. Une demande américaine robuste et une pause dans l’augmentati­on des taux d’intérêt sont également encouragea­ntes pour la suite des choses au Canada.

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