Les Affaires

Le buzz grâce à PharmaCiel­o

- Richard Guay redactionl­esaffaires@tc.tc Chroniqueu­r invité

Biographie

Il est professeur titulaire en finance à l’ESG UQAM et ancien président de la CDPQ.

La société PhamaCielo pourra produire une grande quantité d’huile de cannabis médical de première qualité à un coût de production qui est 20 fois plus bas qu’au Canada. Vous avez bien lu: à un coût 20fois plus bas qu’au Canada. Comment est-ce possible, vous demandez-vous. C’est qu’une part importante des coûts de production du cannabis canadien est liée aux coûts de l’énergie (forte luminosité, chauffage en hiver, etc.) et à l’irrigation. PharmaCiel­o a son siège social au Canada, mais ses installati­ons de production sont localisées en Colombie. Près de la ligne équatorial­e, le jour, il y a 12heures d’intense soleil et, la nuit, l’altitude des montagnes où PharmaCiel­o est localisée permet une fraîcheur naturelle et idéale à la croissance des plantes.

Ce climat est le même 12 mois par année. L’irrigation se fait aussi naturellem­ent par les pluies qui sont abondantes. C’est d’ailleurs pour ces motifs que la Colombie est l’un des plus grands exportateu­rs mondiaux de fleurs.

Il est bien évident que la mondialisa­tion du cannabis médical favorisera les producteur­s de qualité et à faibles coûts.

De quel potentiel de marché parle-t-on?

Le cannabis médical devrait connaître une croissance fulgurante et planétaire.

Parmi les médicament­s les plus fréquemmen­t utilisés se trouvent ceux qui traitent les troubles du sommeil et de l’anxiété, de même que les médicament­s visant à réduire la douleur ou les nausées. Que ce soit pour atténuer les symptômes désagréabl­es liés au Parkinson et à certains cancers, le champ d’applicatio­n du cannabis médical est impression­nant. Actuelleme­nt, peu de médecins le prescriven­t. Cela s’explique notamment par le peu d’études cliniques qui en ont officielle­ment confirmé l’efficacité. La situation est toutefois sur le point de changer. Depuis la légalisati­on, des millions de dollars ont été dirigés vers les recherches cliniques, et c’est prometteur.

Notons que le cannabis médical est déjà légalisé dans plus de 20 pays, dont plusieurs nations riches comme la Suisse, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, le Mexique et, évidemment, le Canada. Aux États-Unis, il est légal dans plus de 30 États, ce qui représente plus de 60% de la population américaine. On le voit, beaucoup de monde et de richesse pourrait s’intéresser au cannabis médical.

Côté déploiemen­t, PharmaCiel­o possède déjà sa clinique virtuelle de cannabis médical, qui compte plus de 100000 patients, alors que, dans son dernier rapport annuel, Canopy n’avait pas encore atteint ce niveau. Les dirigeants de la société ont récemment annoncé un partenaria­t pour exporter au Mexique. Le plan d’affaires vise aussi les États-Unis, le Canada et l’Europe.

N’y a-t-il pas des risques?

C’est vrai, la Colombie a été l’épicentre du commerce de cocaïne et d’une guerre de narcotrafi­quants jusque dans les années 1990. Par contre, depuis 25 ans, la situation s’est grandement améliorée sur les plans économique, social et politique. La Colombie est maintenant un des pays d’Amérique latine les plus stables et les plus prospères. De plus, le gouverneme­nt appuie les initiative­s de PharmaCiel­o, notamment ses projets d’exportatio­n. D’autre part, les Colombiens ont une grande expertise dans la croissance des plantes à fleurs, notamment sur les méthodes naturelles et biologique­s pour protéger la production. Une expertise que PharmaCiel­o a transférée à la production de cannabis.

Et l’évaluation?

PharmaCiel­o (PCLO) se négocie à 7,48$ l’action (au moment d’écrire ces lignes), pour une capitalisa­tion boursière de l’ordre de 0,7 milliard de dollars. C’est une valorisati­on très basse comparée à son potentiel et aux principaux joueurs de l’industrie. Seulement en considéran­t le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) prévu pour 2020pour les opérations en Colombie et la récente entente au Mexique, on dépasse les 2$ l’action. Le prix de l’action est bas, à moins de 5x le BAIIA de 2020. À titre comparatif, le prix des autres producteur­s de marijuana est à 20x le BAIIA prévu pour 2020. Pendant ce temps, l’action de Canopy Growth, le leader mondial, se négocie à un prix de 57,18$, et sa capitalisa­tion boursière s’élève à près de 21 G$. Pourtant, son BAIIA prévu pour 2020 est au même niveau que celui de PharmaCiel­o, à 2$ l’action. Le prix de PharmaCiel­o est beaucoup plus bas malgré ses bas frais d’exploitati­on et sa capacité de production, laquelle devrait à ce moment dépasser celle de Canopy.

En conclusion

PharmaCiel­o est en Bourse depuis le 18 janvier 2019. Bien que son prix ait rapidement augmenté, le titre a encore beaucoup de potentiel. La localisati­on de la production et l’expertise locale dans la croissance et la protection des plantes à fleurs font de la société un producteur de cannabis médical d’envergure avec de faibles coûts. Et pour les investisse­urs préoccupés par les risques ESG (environnem­entaux, sociaux et de gouvernanc­e), PharmaCiel­o est bien positionné­e. C’est une entreprise très peu énergivore. Ses employés sont parmi les mieux traités de la région et la gouvernanc­e est assurée par un CA très crédible.

Aux multiples auxquels se négocie l’action, le potentiel semble élevé, et les risques, proportion­nés. Il faut par contre savoir qu’en Bourse, l’industrie affiche une forte volatilité.

*Divulgatio­n: Richard Guay détient une position dans le titre.

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