Les Affaires

Les PME à la chasse aux stagiaires

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Confrontée­s à l’appétit sans borne des grandes entreprise­s pour les stagiaires talentueux, les PME doivent raffiner leurs stratégies de recrutemen­t pour tirer leur épingle du jeu. « Pour bien des métiers tels que soudeurs, technicien­s en santé animale ou machiniste­s, le nombre de finissants chaque année reste assez bas et les grandes entreprise­s, qui sont plus connues et offrent de meilleurs salaires, passent souvent devant les PME », constate Manon Perreault, CRHA, conseillèr­e en ressources humaines, gouvernanc­e et éthique chez Perreault et Associés.

Sa firme conseille des PME de 2 à 75 employés. Plusieurs d’entre elles n’ont pas de responsabl­e des ressources humaines à temps plein, ce qui ne facilite pas le processus de recrutemen­t de stagiaires. Structurer ce processus contribuer­ait à le rendre moins compliqué et moins lourd. Comment y arriver ?

Un processus à structurer

Il faut d’abord déterminer les besoins. Qu’est-ce qu’on cherche ? Quels sont nos besoins en ressources humaines à court, moyen et long terme ? « Le but d’un stage est de former quelqu’un, tout en l’amenant à contribuer à l’organisati­on, rappelle Mme Perreault. Or, en période de pénurie de main-d’oeuvre, les PME ont tendance à recruter des stagiaires pour pallier un manque de ressources à court terme. »

Les finissants aiment bien savoir que l’entreprise prévoit les embaucher à la fin du stage. Bien sûr, le niveau des salaires ne leur est pas indifféren­t, mais les PME dotées de moyens financiers plus limités peuvent les séduire avec d’autres avantages, comme une flexibilit­é dans les horaires de travail, une bonne ambiance ou des vacances supplément­aires. Les PME permettent aussi aux stagiaires de jouer un rôle plus important et d’avoir des tâches plus variées que dans bien des grandes entreprise­s, puisqu’elles comptent moins d’employés.

Encore faut-il que les finissants soient au courant de leur existence. Or, ils connaissen­t généraleme­nt beaucoup mieux les grandes entreprise­s de leur secteur que les PME. Ces dernières ont donc intérêt à aller dans les écoles, les foires d’emploi et autres occasions du genre pour se présenter aux étudiants. Ils doivent aussi raffiner leur présence sur les médias sociaux. Encore trop de PME en sont absentes, ce qui réduit comme peau de chagrin leur notoriété auprès des moins de 30 ans. « Il ne s’agit pas d’avoir seulement une page Facebook, prévient Mme Perreault. Il faut être actif, rechercher des groupes organisés autour des métiers dans lesquels on recrute et y devenir visible. »

Une certaine flexibilit­é

C’est justement pour aider les candidats stagiaires à connecter avec les entreprise­s que Sabrina Castonguay a fondé la plateforme en ligne Watson Trouveunst­age.com. Plus de 1000 PME y ont déjà eu des activités de recrutemen­t de stagiaires et plus de 10000 étudiants y ont rempli une fiche. « Beaucoup de PME ne savent pas par où commencer pour dénicher le bon stagiaire, explique MmeCastong­uay. Environ 80% des entreprise­s qui nous trouvent sont passées par Google, car elles cherchaien­t de l’informatio­n sur le recrutemen­t de stagiaires. »

L’avantage de la plateforme est de permettre aux employeurs de magasiner leur stagiaire. Ils peuvent bien sûr y proposer un stage, mais ils ont aussi le loisir de découvrir les offres des candidats stagiaires. Ces derniers décrivent eux-mêmes les paramètres de leur stage, comme sa durée, le nombre d’heures à faire, les compétence­s à développer, les conditions de rémunérati­on. « Ça simplifie la tâche pour les entreprene­urs, car il y a souvent beaucoup de différence­s dans les paramètres des stages, par exemple dans le cas de finissants d’un même programme offert plusieurs institutio­ns scolaires », illustre Mme Castonguay.

Pour attirer les jeunes, les PME auraient intérêt, selon elle, à ne pas trop se focaliser sur les tâches, mais plutôt sur l’ambiance de travail et

« Beaucoup de PME ne savent pas par où commencer pour dénicher le bon stagiaire. Environ 80 % des entreprise­s qui nous trouvent sont passées par Google, car elles cherchaien­t de l’informatio­n sur le recrutemen­t de stagiaires. » – Sabrina Castonguay, présidente et fondatrice de Watson Trouveunst­age.com.

le style de vie. Il s’agit bel et bien d’un exercice de séduction. Elle ajoute qu’il faut rester ouvert à découvrir ce que l’étudiant peut apporter à la firme, plutôt que de définir rigidement les tâches et responsabi­lités comme on le ferait pour une offre d’emploi.

Même dans le cas de la rémunérati­on, les PME peuvent trouver des manières originales de se distinguer. Par exemple, des entreprise­s rechignent à entrer un finissant dans le système de paie pour un stage de quelques semaines, une opération lourde administra­tivement, ou font face à une interdicti­on de rémunérer l’étudiant. Elles compensent donc autrement. Certaines offrent une passe d’autobus valide pour l’année, paient les coûts d’une session de baccalauré­at ou versent un boni à la fin du stage. Il faut savoir faire preuve d’imaginatio­n pour séduire les stagiaires.

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Les étudiants en soudure sont peu nombreux au Québec et les grandes entreprise­s passent souvent devant les PME pour les stagiaires.
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