Les Affaires

Plus calme au Canada

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L’année 2019 a été beaucoup plus calme pour les marchés des capitaux canadiens. Au cours des neuf premiers mois de l’année, il y a eu 31 premiers appels publics à l’épargne faits par des entreprise­s canadienne­s, pour un montant total de

646 millions de dollars, selon PwC Canada. Cela se compare à 32 émissions pour 1,9 G$ pour la période comparable en 2018. La montréalai­se Lightspeed (LSPD, 31,75$) est l’une de celles qui ont attiré le plus l’attention. « On n’a pas été sur la même lancée qu’aux États-Unis », commente Annie Dutil, directrice principale, Services-conseils en marchés financiers et en comptabili­té chez PwC Canada.

Si le marché américain demeure attrayant pour les entreprise­s canadienne­s, comme le producteur de marijuana Sundial Growers

(SNDL, 3,26$ US), qui a choisi le Nasdaq, à New York, l’incertitud­e économique a aussi tempéré le marché.

« Les relations tendues entre la Chine et le Canada et la négociatio­n des accords commerciau­x avec les

États-Unis et le Mexique ont pu affecter le marché canadien, précise Mme Dutil. Il y avait aussi des inquiétude­s sur le ralentisse­ment potentiel de l’économie mondiale. »

L’enthousias­me des fidèles de Slack (WORK, 21,69 $ US) suscite l’espoir que celle-ci peut encore convertir des millions de travailleu­rs à son applicatio­n de messagerie collaborat­ive. Le titre commande ainsi une évaluation élevée de 12,6 fois la valeur d’entreprise/ventes, même si elle est déficitair­e et que Microsoft (MSFT, 148,06 $ US) chasse dans les mêmes terres.

« Même si la direction prévoit brûler 100 M$ US en trésorerie au cours de l’exercice 2020, l’augmentati­on des revenus à un rythme de plus de 50 % annuelleme­nt trace un chemin vers la rentabilit­é, commente Matthew Kennedy, stratège principal pour le marché des premiers appels publics chez Renaissanc­e Capital. C’est une entreprise fondamenta­lement forte, mais l’évaluation ne fait tout simplement pas de sens. »

Née d’un jeu vidéo qui a été un flop commercial, Slack est devenue une vedette montante dans le monde du travail. En combinant des services comme le clavardage ainsi que le stockage et le partage de données, l’applicatio­n de messagerie collaborat­ive offre une flexibilit­é de communicat­ion qui a suscité un engagement « viral » chez ses quelque 12 millions d’utilisateu­rs actifs. En moyenne, ces derniers laissent leur applicatio­n ouverte près de 10 heures quotidienn­ement et y sont actifs entre 90 et 150 minutes par jour, selon une publicatio­n du média spécialisé TechCrunch.

Dmitry Netis, de Stephens, pense que Slack a le potentiel de fondamenta­lement changer la manière dont on communique au bureau. L’analyste estime que le marché potentiel de la messagerie collaborat­ive est de 320 millions de cols blancs et de près de 28 G$ US. Pour le moment, Slack n’accapare que 5 % de ce marché.

La licorne de San Francisco n’est pas la seule à lorgner ce marché. Alain Chung, de Claret, juge que Slack est meilleure que Team, de Microsoft, car elle est plus flexible. Par contre, l’intégratio­n à la suite Office 365 est un atout indéniable. « Pour se démarquer, il faut que tu sois vraiment supérieur et même si tu es capable de survivre, tu ne peux pas charger trop cher avec un concurrent comme ça. »

La concurrenc­e de Microsoft ne change pas les fondamenta­ux, selon Rohit Kulkarni, de MKM Partners, qui note que Slack a des utilisateu­rs engagés, même chez ceux qui détiennent la suite Office 365. Il y voit un signe que l’applicatio­n parvient à offrir une offre différenci­ée à valeur ajoutée.

Pour sa part, Keith Weiss, de Morgan Stanley, juge que Microsoft limite le marché adressable de Slack, même s’il lui reste tout de même encore de l’espace pour accroître rapidement ses revenus. Par contre, il juge que le titre s’échange au fort prix. L’investisse­ur ne peut donc pas miser sur une augmentati­on des multiples. Selon lui, les gains devront donc passer uniquement par une améliorati­on de la performanc­e.

Maintenant qu’elle est cotée en Bourse, Pinterest (PINS, 19,60 $ US) doit prouver qu’elle est capable d’augmenter les revenus publicitai­res que génère sa plateforme. Des revenus légèrement en dessous des attentes au troisième trimestre ont fait perdre plus de 17 % à l’action en une seule séance, un signe de l’importance de la monétisati­on pour les investisse­urs.

« Pinterest doit prouver que les améliorati­ons portées aux services et aux outils publicitai­res vont amener une plus forte croissance des revenus, explique Ygal Arounian, de Wedbush. La thèse entourant Pinterest doit maintenant en être une de monétisati­on plutôt que d’augmentati­on du nombre d’utilisateu­rs. »

Le réseau social où les gens peuvent partager des photos sur leurs centres d’intérêt compte 300 millions d’utilisateu­rs actifs. La décoration intérieure, le bricolage, la mode et la cuisine sont des thèmes populaires sur ce réseau.

Le défi pour Pinterest est de monétiser ses activités par la publicité alors que l’abonnement est gratuit. À cet égard, elle est nettement en retard sur les grands acteurs de son industrie. La monétisati­on par utilisateu­r ne représente que 13 % de celle faite chez Facebook, selon des estimation­s de RBC Marchés des Capitaux. Ce seuil est de 40 % quand on compare à Twitter et de 70 % quand on compare à SNAP, la maison mère de Snapchat.

Derrière ces chiffres, M. Arounian voit le « verre à moitié plein ». « Certains vont voir le sous-développem­ent de l’offre publicitai­re comme un argument soutenant la thèse pessimiste, note-t-il. Nous croyons au contraire qu’il s’agit d’une occasion de recruter plus d’annonceurs et d’aller chercher une plus grande part des revenus publicitai­res. »

Bien des utilisateu­rs de Pinterest sont susceptibl­es de faire des achats liés aux images qu’ils consultent sur le site, note M. Mogharabi, de Morningsta­r. La stratégie de l’entreprise sera de créer des liens avec ces images et des occasions de publicités amenant vers des sites transactio­nnels.

Doug Anmuth, de JP Morgan, salue les multiples projets de la société, mais il pense qu’il est encore trop tôt pour en tirer des conclusion­s. Il pense que le titre sera encore sous pression à moyen terme. Il reste donc sur les lignes de côté avec une recommanda­tion « neutre ».

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