Les Affaires

La vente du Carrefour de l’Estrie s’invite dans le top 5

- Claudine Hébert claudine.hebert@tc.tc

À l’ère d’Amazon, les centres d’achat ne constituen­t pas la « saveur du mois » auprès des grands investisse­urs immobilier­s, concède d’emblée Vincent Chiara, président du Groupe Mach. Pourtant, son entreprise a versé 236 millions de dollars au printemps dernier afin de se porter acquéreur du Carrefour de l’Estrie, à Sherbrooke.

Le changement de propriétai­re de cette place commercial­e, qui était la propriété à parts égales d’Ivanhoé Cambridge et de l’Office d’investisse­ment du fonds du régime de pensions du Canada (OIRPC), représente la quatrième plus importante transactio­n immobilièr­e commercial­e de notre classement 2019

Les Affaires- JLR Solutions foncières. C’est également la seule du top 10 qui a eu lieu à l’extérieur de l’île de Montréal.

Pourquoi le Groupe Mach a-t-il choisi d’aller contre la tendance ? « Le commerce de détail, plus précisémen­t les centres commerciau­x fermés, a un avenir en région », croit M. Chiara. Le bâtiment d’une superficie de 1,2 million de pieds carrés est unique dans le grand Sherbrooke et ses environs. Il abrite entre autres les bannières L’entrepôt Rona, Simons, Super C, Best Buy et Sports Experts. « Situé en bordure de l’autoroute 410, le Carrefour de l’Estrie a été fréquenté par plus sept millions de visiteurs en 2018. Il évolue dans un marché captif de plus de 400 000 consommate­urs », indique l’investisse­ur. M. Chiara se dit d’ailleurs très satisfait du coût de la transactio­n. Juste avant l’achat, la valeur du Carrefour de l’Estrie était estimée à plus de 335 M $, selon l’évaluation municipale.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul centre commercial dont le Groupe Mach s’est porté acquéreur au cours de la dernière année. L’entreprise montréalai­se est également devenue propriétai­re du Faubourg de l’Île, à Pincourt – qui a récemment perdu la bannière Walmart – et du Cornwall Square Mall, à Cornwall, en Ontario. Les centres d’achat fermés correspond­ent désormais à plus de 25 % du portefeuil­le immobilier du Groupe

Mach, qui cumule plus de 30 millions de pieds carrés.

Un investisse­ur qui aime le goût du risque

Pour plusieurs experts, notamment Sylvain Leclair, du Groupe Altus, l’investisse­ment du Groupe Mach est audacieux. « Il s’inscrit néanmoins dans la nouvelle tendance de ces investisse­urs qui prennent le pari de vouloir reposition­ner les centres commerciau­x à l’ère du commerce en ligne », souligne M. Leclair. « Les gestionnai­res de centres commerciau­x nord-américains ont fortement été touchés avec les faillites de Sears, de K-Mart et de JC Penney. Plus particuliè­rement ceux qui avaient ces trois bannières sous leur toit, concède le président du Groupe Mach. Le Carrefour de l’Estrie avait d’ailleurs une bannière Sears, mais nous avons déjà des plans pour combler cette perte. »

Son entreprise souhaite en effet transforme­r le Carrefour de l’Estrie en un nouveau quartier multiusage à la fois résidentie­l et commercial, le tout bonifié par des activités de divertisse­ment. « Les centres commerciau­x traditionn­els doivent s’adapter aux nouvelles réalités ; ils doivent devenir des milieux de vie où ça bouge à toute heure du jour », soutient M. Chiara.

L’investisse­ur compte justement injecter plusieurs dizaines de millions de dollars dans le reposition­nement du Carrefour de l’Estrie. Il maintient qu’il y a encore plus de 700 000 pieds carrés d’espace vacants pour de futurs développem­ents.

« C’est une très bonne nouvelle pour l’urbanisme commercial de Sherbrooke », commente Charles-Olivier Mercier, directeur général de Commerce Sherbrooke.

Cette transactio­n, ajoute-t-il, a un large potentiel de développem­ent, de diversific­ation et de densificat­ion sur l’un des plus grands terrains commerciau­x de la ville.

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