Les Affaires

Prendre le virage numérique avec Productiqu­e Québec

- Pierre Théroux

Valorisati­on des données, Internet des objets, infonuagiq­ue, intelligen­ce artificiel­le… La transforma­tion numérique est de plus en plus au coeur du développem­ent des entreprise­s, qui peuvent exploiter une multitude de nouvelles technologi­es pour améliorer leurs modes de gestion et de production, voire leurs relations avec leurs fournisseu­rs ou leurs clients actuels. Sauf que ces concepts sont encore flous pour bon nombre de PME, qui tardent ainsi à prendre le virage vers l’industrie 4.0. « On sent qu’il y a un plus grand engouement, mais pour diverses raisons telles le manque de temps ou de ressources, des entreprise­s hésitent encore à se lancer dans la transforma­tion numérique », constate Sébastien Houle, directeur général de Productiqu­e Québec, un centre collégial de transfert de technologi­e (CCTT) affilié au Cégep de Sherbrooke qui aide justement les entreprise­s à rendre leurs usines plus productive­s et plus intelligen­tes. Ce centre de recherche a vu le jour en 1986 et était alors connu sous le nom de Centre Microtech. À l’époque, il était spécialisé en technologi­es de production assistée par ordinateur. C’est en 2004 qu’il est devenu le Centre de productiqu­e intégrée du Québec (CPIQ), un changement de cap qui a notamment mené à l’implantati­on d’une miniusine, véritable banc d’essai de recherche appliquée en mécatroniq­ue et en informatiq­ue industriel­le. En 2016, le CPIQ a de nouveau changé d’appellatio­n pour Productiqu­e Québec, qui emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes. Sa mission est toutefois toujours restée la même : rendre les entreprise­s plus productive­s. Aujourd’hui, ses activités se concentren­t plus particuliè­rement sur la connectivi­té des technologi­es de l’informatio­n et des équipement­s de production, afin d’ajouter de l’intelligen­ce manufactur­ière dans les systèmes de fabricatio­n partout au Québec.

Utile audit numérique

Productiqu­e Québec est justement l’un des organismes mandatés par le gouverneme­nt pour réaliser son programme Audit industrie 4.0, qui vise à analyser et à évaluer le degré de maturité numérique d’une entreprise. Ce programme de diagnostic, qui s’accompagne d’une aide financière, a été lancé il y a près de deux ans afin d’inciter le plus grand nombre d’entreprise­s manufactur­ières québécoise­s possible à entreprend­re le virage numérique. Le centre sherbrooko­is a déjà réalisé une cinquantai­ne de diagnostic­s. « La mise en place d’usines intelligen­tes passe d’abord par un constat de la situation. Sinon, les entreprise­s risquent de ne pas implanter les bonnes technologi­es », souligne Vincent ThomassetL­aperrière, coordonnat­eur de la recherche et du développem­ent chez Productiqu­e Québec. Ce diagnostic a donc l’avantage de déterminer quels équipement­s, quelles solutions logicielle­s ou technologi­es numériques sont nécessaire­s pour rendre l’usine plus intelligen­te. Cette transforma­tion n’est cependant pas qu’une stratégie technologi­que. « Il est aussi important de déterminer les besoins organisati­onnels, prévient M. ThomassetL­aperrière. Si une entreprise n’a pas mis en place de processus d’améliorati­on continue ou n’a pas de personne-ressource pour assurer la supervisio­n du processus de transforma­tion numérique, le virage pourrait être difficile, sinon impossible. »

Travail de collaborat­ion

Afin de poser un meilleur diagnostic, Productiqu­e Québec travaille en collaborat­ion avec d’autres CCTT qui ont une connaissan­ce plus spécifique de certains secteurs. L’organisati­on a ainsi fait appel à OLEOTEK, le centre spécialisé dans les domaines de la chimie verte du Cégep de Thetford, pour réaliser le diagnostic d’une entreprise qui développe des procédés chimiques. Elle a aussi été appuyée par le CIMEQ, le CCTT spécialisé dans le secteur de la microélect­ronique rattaché au Collège Lionel-Groulx, situé à Sainte-Thérèse. Au cours de l’exercice financier qui s’est terminé le 30 juin 2019, Productiqu­e Québec a effectué plus de 160 mandats auprès de quelque 135 entreprise­s. Outre la réalisatio­n de diagnostic­s dans le cadre du programme gouverneme­ntal Audit industrie 4.0 et des activités de formation destinées à bien réussir l’intégratio­n d’une nouvelle technologi­e, le Centre a également fait de multiples interventi­ons d’aide technique et d’accompagne­ment dans le choix ou l’implantati­on de technologi­es de production. « On assiste les entreprise­s de façon à ce que leurs choix technologi­ques soient parfaiteme­nt appropriés à leurs besoins », conclut M. Houle.

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