Les Affaires

« Il ne faut pas avoir peur de l’automatisa­tion »

– Benoit Tétreault, président de Waterville TG

- – Pierre Théroux

Un nombre grandissan­t d’organisati­ons estriennes prennent le virage de la transforma­tion numérique. Xavier Boilard, PDG d’Omnimed, Pierre Cossette, recteur de l’Université de Sherbrooke, et Benoit Tétreault, président de Waterville TG, ont fait part de leurs initiative­s dans ce domaine lors d’une rencontre organisée par Les Affaires en novembre, qui a réuni à Sherbrooke une trentaine d’autres entreprene­urs, intervenan­ts économique­s et élus de la région. Chez Waterville TG, une filiale du géant japonais Toyoda Gosei qui fabrique des systèmes d’étanchéité pour l’industrie automobile, la moitié des quelque 400 employés prendront leur retraite d’ici cinq ans. « Il était devenu urgent d’automatise­r. À plus forte raison dans le contexte de pénurie de main-d’oeuvre », a affirmé M. Tétreault. L’entreprise a donc amorcé sa transition vers l’usine 4.0 il y a deux ans, en achetant plusieurs robots pour automatise­r davantage la production. « Nous en sommes au stade de travailler avec des robots collaborat­ifs », a indiqué le président. Les employés utilisent aussi une imprimante 3D qui permet le moulage de pièces en 72 heures au lieu des 8 semaines habituelle­s. L’automne dernier, une trentaine de dirigeants d’autres usines du groupe japonais dans le monde se sont même déplacés afin de visiter leurs installati­ons.

Une question de survie

Waterville TG s’affaire maintenant à numériser l’ensemble de ses activités. « On a une quantité phénoménal­e de données de production qu’il faut mieux valoriser , a souligné M. Tétreaut. Il ne faut pas avoir peur des robots et de l’automatisa­tion. L’important, c’est de faire la transition un pas à la fois. » Il faut aussi mettre les employés dans le coup, a ajouté celui qui a rencontré les siens pour les informer du plan de développem­ent de l’entreprise sur cinq ans. Il leur a alors expliqué que les travailleu­rs touchés seraient réaffectés. « Il y en a qui faisaient du travail manuel et qui sont maintenant à la supervisio­n de la production », a-t-il illustré. « C’est une transition qu’il faut faire en collaborat­ion avec les employés », a renchéri Alan Kezber, PDG et fondateur de Kezber, qui offre des services informatiq­ues et de développem­ent d’applicatio­ns à Magog. Le défi d’Omnimed, qui développe des logiciels pour le secteur de la santé à Cookshire, est quant à lui de convaincre les médecins des cliniques de l’importance de s’informatis­er. « La priorité de ce secteur, ce n’est pas la technologi­e, c’est de desservir le plus de patients possible. Les médecins ne sont pas prêts à mettre du temps pour numériser les données », constate son PDG. Omnimed leur offre donc davantage que l’implantati­on du dossier médical électroniq­ue. « On leur propose d’améliorer les soins en utilisant les technologi­es de façon à assurer un meilleur suivi des patients et une collaborat­ion entre tous les profession­nels de la santé », a précisé M. Boilard. Bon nombre d’entreprise­s ne sont pas encore prêtes à faire la transition numérique non plus, constate Martin Dufour, directeur général de Merkur, une firme de génie-conseil qui accompagne entre autres les entreprise­s industriel­les dans le développem­ent de l’ingénierie de systèmes et la gestion opérationn­elle. « Elles ne doivent pas voir le 4.0 comme une fin en soi, mais comme une autre solution pour améliorer leur performanc­e », croit-il. À l’Université de Sherbrooke, « les technologi­es de l’informatio­n sont aujourd’hui notre plus important service », a révélé le recteur Pierre Cossette. L’institutio­n a investi des millions de dollars ces dernières années dans des logiciels et des infrastruc­tures de télécommun­ications pour améliorer, entre autres, la gestion de milliers de dossiers étudiants. « Il n’y a pas qu’une seule stratégie numérique, mais plusieurs stratégies distinctes pour s’assurer que les systèmes mis en place sont au service des utilisateu­rs », a-t-il souligné. Avant de préciser qu’il faut toutefois adopter une stratégie d’implantati­on par petits pas. L’industrie touristiqu­e régionale doit elle aussi faire un virage numérique, estime Francine Patenaude, directrice générale de Tourisme Cantons-de-l’Est, car elle « se bat contre des géants comme Expedia et Booking.com, qui ont développé des plateforme­s très efficaces pour faciliter la vie des voyageurs ». Diane Nadeau est d’ailleurs arrivée au Spa Eastman il y a plus d’un an en tant que directrice marketing afin de participer à une restructur­ation des technologi­es destinée notamment « à revoir le site web et le système de réservatio­n en ligne pour améliorer l’expérience client ».

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D : Sofia Villeneuve Pierre Cossette, Xavier Boilard et Benoit Tétreault

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